Chéreau enchaîne le froid

“On ne fait que du frigo, et je crois qu’on ne le fait pas trop mal” disait en substance, Alain Guermeur, le président du groupe Chéreau en évoquant la création de la société en 1950, et surtout leur premier véhicule frigorifique en 1953. De l’expérience dans le domaine, il n’en manque pas dans cette entreprise de 727 collaborateurs, réalisant un chiffre d’affaires de 144 millions d’euros et 2 700 véhicules produits par an. Et ce savoir-faire, il veille sur lui comme sur la prunelle de ses yeux, en investissant quelque 2,7 millions d’euros en Recherche et Développement et en multipliant par 2 ou par 3, l’effort légal de formation, d’autant plus nécessaire que le groupe a recruté quelque 250 personnes depuis 2010. Qui a dit qu’on ne pouvait pas produire en France ? D’autant que la force de Chéreau puise sa source dans l’adaptabilité du produit aux demandes du client : 1 080 configurations de véhicules différents sortent des usines chaque année.

L’autre atout du groupe français consiste à respecter à la lettre (comme l’administration française l’exige) la norme ATP* qui régit le transport d’un pays à l’autre. C’est la France qui, en premier, a adopté à l’intérieur du pays, en 1945, cette norme pour le moins sévère. Hélas, nombre de pays n’en ont cure ou jouent avec celle-ci. Comme on le verra dans les différents reportages du compte-rendu d’Hanovre, cette différence de “traitement” nuit en termes de compétitivité aux entreprises françaises (cela coûte plus cher) mais, en contrepartie, leur assure une image forte de qualité et de respect de la chaîne du froid, un sujet rendu très sensible ces derniers temps. Voilà pourquoi, la dernière innovation du spécialiste du frigorifique, la SmartOpen-C a fait sensation sur le salon !

Un rideau coulissant qui prend de la hauteur

Ce que nous a présenté, Alain Guermeur, le président du groupe, s’apparente plutôt à un concentré d’innovations, à un bouquet de réponses technologiques qu’à une simple nouveauté. Le rideau coulissant SmartOpen-C élimine, en effet, les inconvénients liés à ce système d’ouverture et remplace les portes de manière indiscutable. Le plus grand avantage qu’il revêt, consiste à sortir de la remorque le rideau en le faisant coulisser dans un coffre situé sur la caisse. Plus de saletés à l’intérieur, de la place retrouvée dans la remorque et une chaîne du froid vraiment préservée… entre autres bienfaits. En clair, comme l’explique de façon très imagée, Alain Guermeur, “Pourquoi toutes les tuyauteries seraient à l’intérieur alors qu’on peut les mettre à l’extérieur, une idée qu’illustre parfaitement Beaubourg”. Dans le cadre de la distribution, notamment urbaine, les portes embêtent tout le monde, le chauffeur comme les passants, et surtout laissent entrer l’air chaud beaucoup trop longtemps : il faut une minute pour changer l’air d’une semi, or beaucoup de chauffeurs laissent les portes ouvertes bien plus longtemps, souvent par obligation ! Parallèlement, le rideau coulissant classique présente d’autres inconvénients comme la place prise à l’intérieur de la caisse, les inévitables saletés qui remontent à l’intérieur, l’absence de compatibilité ou encore la fragilité sans parler d’isolation moins performante. Ce nouveau rideau monte automatiquement dans son logement, très vite, en moins de 10 secondes (soit 10 % d’économie de carburant), ne vole donc plus de place à l’intérieur, et les 33 palettes redeviennent donc la norme de chargement, sans être gênées par quoi que ce soit ! De la même façon, le système est idéal pour les chargements et déchargements à quai : on ouvre que lorsqu’on est prêt à intervenir. Les commandes sont placées à l’extérieur et aussi à l’intérieur : pas de risque de se retrouver enfermé ! En revanche, le rideau se verrouille automatiquement au bout d’une minute garantissant au chauffeur une sécurité supplémentaire. Et SmartOpen-C bénéficie aussi d’un système anti-pincement. Côté maintenance, le rideau et l’ensemble des éléments sont accessibles facilement, il suffit de faire coulisser le panneau.

Notons également qu’on peut (doit !) lui adjoindre une autre innovation de Chéreau, le AirSchutter-C, soit un “flux laminaire d’air froid qui va isoler la cargaison en milieu extérieur”. Cette barrière virtuelle ne se déclenche, en outre, qu’en fonction du besoin. La chaîne du froid s’avère désormais vraiment préservée.

* L’Accord sur le Transport des denrées Périssables (ATP) est relatif aux transports internationaux et aux engins à utiliser pour ces transports. L’ATP est un accord des Nations Unies signé par 48 pays et fixe les exigences de moyens nécessaires pour le transport sous température dirigée.