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Distribution

Les plates-formes mettent le pied à l’étrier

Publié le 13 mars 2014
Par Clotilde Chenevoy
4 min de lecture
Si les distributeurs commandent des références de plaquettes et disques, majoritairement pour les faibles rotations, c’est particulièrement sur l’étrier que les plates-formes indépendantes apportent leur plus-value.
Si les distributeurs commandent des références de plaquettes et disques, majoritairement pour les faibles rotations, c’est particulièrement sur l’étrier que les plates-formes indépendantes apportent leur plus-value.

Le freinage représente toujours une famille clé pour les distributeurs-stockistes. Globalement, ils maintiennent leurs stocks de plaquettes et disques de frein. Après, comme pour toutes les références automobiles, le volume nécessaire pour travailler le 20-80 s’agrandit d’année en année. Cette explosion de pièces nécessite donc de gonfler les racks, immobilisant de la trésorerie ou obligeant les distributeurs à solliciter les plates-formes, même pour des produits de grande vente. “Il est impossible pour un grossiste de stocker l’intégralité des familles, financièrement comme physiquement. Nous leur apportons un stock conséquent, avec une largeur de marques”, précise Samuel Denos, directeur général d’ACR Group, spécialisé dans le freinage. Si on parle chiffres, pour réaliser 80 % des ventes de plaquettes VL et VUL, il faut 180 références, soit environ 250 unités en stock. Pour les disques, il s’agit de 100 références. “Mais 80 %, c’est un très mauvais taux de service, précise Samuel Denos. Pour travailler correctement le freinage, il faut compter 800 références de plaquettes et 600 références de disques. Toucher 80 % du parc est facile, 85 % compliqué et 90 % lourd. Il est incontournable, pour travailler correctement le freinage, de passer par une plate-forme.”

“Un distributeur qui a beaucoup de points de vente pourra se permettre de stocker en largeur du freinage, estime Laurent Ferré, dirigeant d’Adipa. Sans un certain volume, le grossiste peut s’interroger sur la rentabilité de son stock, et faire des arbitrages. Quand j’ai commencé chez Adipa, nous n’avions pas de A. Désormais, nos racks doivent en contenir pour répondre à nos clients, et en quantité importante puisque ces pièces tournent vite.” Même constat chez Idéa-Ouest : “Nous fournissons généralement des références C, D, E, et quelques A et B, précise Geoffrey Duhamel, dirigeant de la plate-forme, car les grossistes rajoutent à leurs commandes de « moutons à cinq pattes » des références à forte rotation pour compléter leur stock. De plus, les équipementiers offrent un taux de service de l’ordre de 90 à 95 %. Les distributeurs se tournent donc vers nous pour compléter la défaillance de certains de leurs fournisseurs.”

La crise économique explique également, pour Patrick Jouannin, P-dg de la Rial, le développement des demandes aux plates-formes. Il souligne que “les réparations dans le freinage s’opèrent davantage dans l’urgence qu’en prévention, obligeant un approvisionnement rapide en pièces. Et les plates-formes captent donc une partie de ces demandes”.

Difficile gestion de la consigne

Au-delà des ventes de plaquettes et de disques, les étriers deviennent une famille en forte croissance, les voitures disposant aussi depuis quelques années de ce système à l’arrière. Par conséquent, les volumes gonflent en rechange. Or, ce produit se révèle difficile à stocker car il repose sur un principe de consigne. Seuls les très gros faiseurs de freinage travailleront les étriers, qui supposent de la place pour stocker la vieille matière et de la trésorerie pour gérer la consigne. Idéa-Ouest, à Rennes, dispose actuellement de 500 références, un stock qui sera étoffé dans l’année pour atteindre 750 références. Chez Rial, en région lyonnaise, la famille était quelque peu mise de côté pour devenir aujourd’hui un produit important, avec des mises en stock dans l’année de gammes complètes.

Dans une moindre mesure, l’hydraulique représente aussi une famille intéressante pour les plates-formes. En effet, si la demande diminue, elle n’en reste pas moins existante. Or, “ce produit est de moins en moins stocké chez les distributeurs, explique Laurent Ferré. Ils ont donc besoin des plates-formes pour répondre à leurs clients”.

Pas de marque mais du Premium

Les plates-formes stockent massivement dans le freinage, mais elles limitent généralement leurs fournisseurs à deux Premium, souvent complétés par une seconde ligne. Du coup, un grossiste ne trouvera pas forcément sa marque. Ce n’est pas un problème, selon Samuel Denos, car “les clients se moquent de la marque si tant est que le produit soit du Premium. Ils travaillent souvent avec un ou deux distributeurs, et ils sont habitués à jongler entre les marques”. Même témoignage de Geoffrey Duhamel : “Les distributeurs veulent surtout le produit. Nous avons deux marques Premium et une deuxième ligne. Ils demandent en priorité du Premium, et si nous ne l’avons pas, ils passent en seconde ligne car ils doivent fournir un produit à leur client.”

Les produits premiers prix ne représentent qu’un intérêt limité pour les plates-formes, encore une fois pour des raisons de rentabilité. Par ailleurs, Patrick Jouannin souligne que “les équipementiers Premium ont fait des efforts sur le prix des anciennes références, diminuant l’attrait pour les MDD ou les premiers prix”.

A l’avenir, la tendance devrait rester similaire, avec une montée de l’étrier en relais de croissance. “Dans cinq ans, les gammes devraient encore prendre de l’ampleur, détaille Samuel Denos. Renault ou encore Peugeot multiplient les versions de leurs modèles, comme le Scénic long, court, 4x4, etc. Il deviendra de plus en plus difficile d’identifier la pièce. D’où l’intérêt de disposer d’une plate-forme technique pour aider nos clients. Par ailleurs, les techniciens peuvent également rappeler les changements de pièces annexes nécessaires sur certains modèles.”

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ACR Group racheté par l’Autodistribution

Le groupe Autodistribution a annoncé dans un communiqué de presse de janvier “être entré en négociations exclusives avec les actionnaires du groupe ACR en vue d’un rapprochement avec ce dernier”. L’Autodistribution ne souhaite pas donner plus de détails pour l’heure, attendant la validation des Autorités de la concurrence. Parallèlement, le groupement a lancé une opération financière pour lever 240 millions d’euros, somme qui servira notamment à prendre le contrôle d’ACR Group. En effet, le groupe rachète, d’une part, la participation de Next Stage et, d’autre part, celle des membres de la direction. La stratégie d’ACR Group reste inchangée, précise Samuel Denos, son directeur général, qui prédit un fonctionnement identique à celui de Cora. “Nous n’avons pas évoqué de changements dans la nature de stocks, assure-t-il. Nous ne voulons pas perdre notre identité et notre savoir-faire. Nos gammes seront renforcées, mais nous n’irons pas au-delà de nos compétences.”
 

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