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Pneus : Internet, une aubaine pour tous ?

Publié le 22 mars 2012
Par Frédéric Richard
3 min de lecture
L’arrivée d’Internet a bouleversé les règles du commerce, dans tous les domaines. En ce qui concerne la vente de pneus, ce canal est devenu source de toutes les discussions, tant il apporte aux clients finaux, tout en remettant en question le modèle économique des grossistes traditionnels.
L’arrivée d’Internet a bouleversé les règles du commerce, dans tous les domaines. En ce qui concerne la vente de pneus, ce canal est devenu source de toutes les discussions, tant il apporte aux clients finaux, tout en remettant en question le modèle économique des grossistes traditionnels.

Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs s’accorde à reconnaître qu’il se vend annuellement environ 3 millions de pneumatiques sur Internet, soit 10 % du marché global TC4. Et ce chiffre devrait continuer de progresser. Autant d’enveloppes qui échappent aux réseaux physiques et négociants traditionnels, même s’ils tentent, au coup par coup, de limiter la casse en montant et équilibrant les enveloppes pour les particuliers.

La véritable révolution d’Internet dans le pneumatique, c’est bien l’information au consommateur. Désormais, sur une page, l’utilisateur constate que certaines marques présentent des niveaux de qualité que le client ne soupçonnait pas, avec des niveaux de prix inférieurs, et disponibles de suite. C’est d’ailleurs l’un des critères qui a fait le succès de la vente en ligne.

“Chez les revendeurs ou négociants traditionnels, l’explosion des références de ces dernières années fait qu’il leur est matériellement impossible de stocker l’ensemble de la demande. Un handicap de plus en plus gênant pour le consommateur final, qui apprécie particulièrement la réactivité du web”, constate Eric Fouchier, directeur général d’Imagine Car. Lucide, il constate néanmoins que “la pertinence du modèle Internet amène l’ensemble de la profession à se poser des questions quant aux leviers pour améliorer sa compétitivité”.

Si les grossistes traditionnels semblent si décalés face au développement des ventes sur Internet, tandis que leur activité stagne, et que leurs marges chutent, c’est pour une première raison simple.

Certains sites de vente de pneumatiques en ligne sont les vitrines de grands grossistes européens, avec d’énormes capacités d’achats, qui présentent donc les meilleures conditions avec les fabricants, et utilisent ensuite le canal Internet pour mettre en vente leur stock. Et ce modèle de grosses structures n’a été dupliqué que relativement récemment chez les professionnels français. Du coup, les Districash et autres Imagine Car accusent un retard certain quant à leur présence sur le web, en B to C.

Un mal pour un bien en B to B

Pour Olivier Rialland, P-dg d’Inovaxo, le développement d’Internet peut néanmoins apporter beaucoup aux professionnels négociants. “Aujourd’hui, le web est une réalité de confort pour tous les pros du pneu. 80 % des commandes aux manufacturiers passent par Internet.”

Sans oublier l’arrivée des plateformes spécifiques, il y a environ cinq ans… C’est en réponse à la pression tarifaire des sites de vente en ligne que ces outils destinés aux professionnels sont nés. Ils permettent justement aux points de vente de se positionner de façon beaucoup plus cohérente face à leurs clients en recherche du meilleur tarif, et qui se sont déjà renseignés sur Internet.
Jean Claude Krois, fondateur de 07ZR et transfuge de Michelin, nous explique le concept. “L’intérêt des plateformes consiste à proposer aux professionnels la possibilité de commander chez les plus grands fournisseurs grossistes européens, sans être référencés chez eux. Le tout grâce à un site Internet, qui affiche en temps réel leurs offres et leurs tarifs.”

Les 07ZR, Tykomp, Tyre24…, font ainsi le bonheur des négociants et MRA, qui disposent maintenant d’armes face aux prix Internet. En revanche, le modèle économique fait souffrir certains grossistes français, pourtant présents sur ces places de marché. Car la confrontation des offres belges ou allemandes avec les tarifs français tourne souvent au désavantage de nos grossistes… Un décalage que peine à expliquer Jean Claude Krois. “Je ne comprends pas comment un grossiste allemand ou hollandais peut être moins cher qu’un Français, alors que ses coûts logistiques sont bien plus élevés”. Eric Fouchier apporte un élément de réponse: “Je ne peux pas me positionner au niveau d’un grossiste allemand sur une plateforme Internet B to B car moi, j’ai déjà des clients négociants sur le terrain, qui m’achètent des volumes, et qui ne comprendraient pas que je propose les mêmes prix à des garages m’achetant trois pneus par mois sur 07ZR ! Voilà pourquoi nous ne sommes pas forcément compétitifs au final, même si notre logistique et nos stocks sont affûtés”.

Difficile d’évaluer au final ce qu’apportent ou coûtent les plateformes B To B à la filière, puisqu’elles permettent également aux clients négociants de découvrir les tarifs de grossistes chez qui ils ne sont peut-être jamais allés ! “Nous offrons de la visibilité, qui débouche sur du business. Nous sommes aussi apporteurs d’affaires”, estime finalement Jean Claude Krois. Côté B to C, c’est Bruno Mazzacurati, directeur général de Dipropneu, qui avance une conclusion: “Demain, les négociants devront, eux aussi,  avoir des sites de vente en ligne. Ce sera une nécessité pour vivre et concurrencer les offres des sites existants”.

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