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E-commerce

Avec le coronavirus, les pure players contraints de revoir leur modèle

Publié le 27 mars 2020
Par Romain Baly
2 min de lecture
Les spécialistes de la vente en ligne de pièces automobiles et de pneus n'échappent pas à la crise sanitaire. Le manque de clients, la fermeture des points relais et les problèmes de livraison les obligent à trouver de nouvelles solutions.
Preuve des difficultés du moment, Allopneus doit par exemple composer avec la fermeture de ses partenaires de montage. A date, seulement 20 % d'entre eux sont encore ouverts.

Si certains pensaient le commerce en ligne plus à l'abri des turpitudes du moment, l'exemple d'Amazon cherchant des recrues pour absorber une croissance soudaine faisant foi, tous les spécialistes en conviennent : le ralentissement économique est général et aucune activité n'y échappe. Dans l'automobile, l'ensemble de la chaîne "aval", de la distribution au recyclage, accuse sur la première semaine de confinement une perte sèche d'activité allant de 60 à 100 %, selon les estimations du CNPA (Comité national des professions de l'automobile). Les acteurs auto du web font état, quant à eux, d'une chute de leur chiffre d'affaires pouvant atteindre 50 voire même 70 % !

"On souffre pas mal", confirme Yann Gyssels, fondateur de Yakarouler, tandis que Mathieu Blaise, directeur général d'Allopneus.com juge cette période "très difficile". Les e-commerçants ont eux-aussi logiquement eu recours au télétravail pour les fonctions support et administratives ainsi qu'au chômage partiel pour compenser la chute des commandes mais leurs entrepôt tournent toujours. "On s'est réorganisé et on a pris des mesures sanitaires pour protéger nos équipes", précise David Boccalini, directeur du développement commercial de Mister Auto.

Livraisons directement chez le client

"C'est fondamental de maintenir une activité, c'est notre rôle vis-à-vis de nos clients", considère Mathieu Blaise. Président de PHE, la maison mère d'Oscaro, Stéphane Antiglio développe cette position : "Oscaro a une forte pénétration dans les territoires très ruraux, tout simplement parce que beaucoup d’agriculteurs réparent eux-mêmes leurs véhicules. Il y a un donc encore un besoin de pièces, Oscaro est au service de cette mobilité". Une ambition louable qui se bute toutefois à d'autres problématiques. Si les stocks de ces grosses machines les mettent à l'abri, pour un temps, d'une rupture de pièces, la logistique peine en revanche à suivre.

"On est un peu coincé entre le marteau et l'enclume"

"Trois de mes quatre prestataires de livraison ont stoppé leur activité", se désole Yann Gyssels. "C'est compliqué pour tout le monde, ils font leur maximum…", tempère le directeur général d'Allopneus. Ce dernier est de son côté confronté à la fermeture massive, la FNA parle de deux tiers des artisans du secteur, de ses ateliers de montage. A date, la plateforme ne recense plus que 20 % de partenaires encore ouverts. Pour les pure players "piéçard", c'est davantage la fermeture généralisée des points relais qui pose problème. "On a dû réagir vite, souligne David Boccalini. Aujourd'hui, nos livraisons se font directement chez les particuliers pour compenser ce soucis".

Les pros y trouvent leur compte

Même chose du côté d'Oscaro chez qui les livraisons se font désormais exclusivement à domicile via Colissimo et Chronopost alors que les frais sont offerts à partir de 39 euros d'achat. En marge du particulier, le professionnel se montre plus que jamais attentif à ce service minimum alors que, sur le terrain, les réparateurs voient leurs stocks fondre à vue d'œil. "C'est vrai que ces derniers jours, beaucoup de professionnels ont fait appellent à nous, confirme le représentant de Mister Auto. Combien de temps cela durera, difficile de le savoir, mais en attendant nous sommes une vraie alternative pour eux".

Dans la tempête, toutes ces entreprises tentent de tenir bon même si les incertitudes sont nombreuses. Les aides promises par le Gouvernement ont été plutôt bien accueillies mais elles soulèvent elles-aussi leur lot d'interrogations. "On est un peu coincé entre le marteau et l'enclume", résume Yann Gyssels. "On fait partie de ces entreprises dites essentielles qui peuvent ouvrir mais en même temps l'activité ne suit pas. Malheureusement, nous ne sommes pas prioritaire pour bénéficier des aides et on peine aussi à avoir les bonnes informations…", conclut le dirigeant.

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