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Distribution

“La pièce de réemploi, estampillée “GPA” est, par les process mis en œuvre, un gage de qualité”

Publié le 1 juillet 2011
Par Hervé Daigueperce
8 min de lecture
Evelyne Barberot, co-gérante de GPA, P-dg de D2Alliance, Présidente de Temot France, membre d’Autolia Group et de Caréco - Allier douceur et fermeté, élégance et naturel, sens de l’écoute et créativité, la performance s’avère suffisamment rare pour être saluée. Evelyne Barberot, dont le nombre de présidences en ferait rêver plus d’un, réussit tout cela en affichant une sérénité d’autant plus forte et volontaire, qu’elle s’appuie sur une motivation, sur un objectif sans compromis : faire reconnaître son métier. Ses métiers. De distributeur, dans toutes les acceptations du terme.
Evelyne Barberot, co-gérante de GPA, P-dg de D2Alliance, Présidente de Temot France, membre d’Autolia Group et de Caréco - Allier douceur et fermeté, élégance et naturel, sens de l’écoute et créativité, la performance s’avère suffisamment rare pour être saluée. Evelyne Barberot, dont le nombre de présidences en ferait rêver plus d’un, réussit tout cela en affichant une sérénité d’autant plus forte et volontaire, qu’elle s’appuie sur une motivation, sur un objectif sans compromis : faire reconnaître son métier. Ses métiers. De distributeur, dans toutes les acceptations du terme.

Avant d’évoquer vos autres responsabilités, vous êtes avant tout la co-gérante de GPA, ou Géant Pièces Auto”, pourriez-vous nous tracer la genèse de cette entreprise ?
GPA a été fondée par mon père, dans les années 60. Son métier, à l’origine, consistait à récupérer les huiles usagées et les chiffons. Il était tout seul, c’est pourquoi, ce n’est qu’en 70, qu’il rentre du véhicule accidenté, que les clients viennent démonter sur place pour en récupérer les pièces. Progressivement, il a professionnalisé l’activité, jusqu’à ce que nous l’épaulions.

Vous avez rejoint GPA, tout de suite après vos études, avez-vous éprouvé des regrets de ne pas avoir tenté autre chose ?
Ce n’est absolument pas dans mon caractère, même si j’avais d’autres idées en tête. Mais mon père a su me communiquer la passion du métier et du travail bien fait. Et c’est un métier qui évolue sans cesse, qui apporte beaucoup, dont les défis sont nombreux et protéiformes. Et puis, surtout, c’est un métier de passionnés et de gens vrais.

N’est-il pas trop difficile de trouver sa place dans une affaire familiale, surtout lorsque plusieurs membres de la famille y travaillent ?
Lorsque je suis arrivée, mon père avait besoin de quelqu’un à la gestion et à la comptabilité. J’avais donc une place attitrée. Comme chacun d’entre nous. Nous nous partageons des secteurs d’activité très segmentés que nous permet la multiplicité de nos métiers. Toutes les grandes décisions (management et investissements par exemple), se prennent toujours à trois. Ce qui nous soude, c’est l’esprit de famille que nos parents nous ont transmis. Nous sommes dix de la famille à travailler chez GPA avec l’arrivée de la nouvelle génération !

Comment se répartissent les activités de GPA ?
Notre cœur de métier s’articule autour de quatre temps forts : Collecter les véhicules, trier, recycler et valoriser. S’agrègent, autour de cela, des services complémentaires. Mais, notre vrai métier se concentre sur la pièce de réemploi (ou pièce d’occasion). Nous avons professionnalisé notre activité, de façon à ce que nous répondions à toutes les attentes des clients d’aujourd’hui. Nous avons longtemps souffert de l’image de “la casse” alors que notre métier n’a plus rien à voir avec ce que renvoie l’imaginaire collectif.

Comment en êtes-vous arrivé à commercialiser de la pièce neuve ?
Nous en avons toujours vendu, cependant, il nous a semblé important d’apporter une offre construite et efficace à nos clients. Lorsqu’un client nous achète un moteur d’occasion, il a besoin de pièces neuves pour remplacer la pompe à eau, la distribution, un filtre à huile etc. Tout ce qu’il est possible de lui vendre en pièce de réemploi, nous le faisons, mais si cela n’est pas possible, nous lui proposons du neuf. Que ce soit une pièce neuve ou une pièce d’occasion, nous lui trouverons une solution.

Cependant, la pièce de réemploi ne bénéficie pas d’une image qualitative, commet réussissez-vous à allier les deux univers ?
La pièce de réemploi est devenue un produit “vertueux”, s’appuyant sur les trois piliers du développement durable. Economique, elle permet l’entretien et la réparation à moindre coût. Sociale, elle prolonge la durée de vie de véhicules dont la possession favorise une vie professionnelle et sociale. Elle emploie une main d’œuvre locale et variée, et sa production n’est pas délocalisable. Ecologique enfin, car elle préserve les ressources et économise énergie et pollution ! N’oublions pas que le meilleur des recyclages est le réemploi.

En outre, la pièce de réemploi estampillée “GPA” est, par les process mis en œuvre, un gage de qualité. Tout d’abord, nous sommes certifiés ISO 14 001. C’est une démarche volontaire de progression continue sur de nombreux aspects environnementaux mais aussi organisationnels. Ensuite, nous assurons une traçabilité parfaite de notre production, de l’entrée du véhicule accidenté (notre matière première) à la pièce de réemploi (notre produit fini). Ainsi, clients au comptoir ou sur Internet consultent librement notre stock, les véhicules sur lesquels nous avons prélevé les pièces, et peuvent payer en ligne.

Avant cela, le véhicule et les pièces qui le composent ont été minutieusement identifiés. Ces dernières sont contrôlées, lavées, emballées, expédiés dans les mêmes conditions qu’une pièce neuve ! Et toutes sont garanties entre 12 et 18 mois… J’ajoute que nous préparons actuellement avec un transporteur un système de points relais afin de livrer la pièce de réemploi plus facilement pour les particuliers.

Est-ce que le regard du client envers votre activité a changé ? Vous parlez de “bien rangé”, de “structuré” et aussi de clients cherchant la bonne affaire, n’est-ce pas antinomique ?
La pièce de réemploi surfe sur la vague verte du développement durable, cela favorise une image plus qualitative de notre métier. Et en ce qui concerne GPA, l’entreprise s’est développée de manière spectaculaire aux yeux de nos clients : nous sommes désormais installés sur 14 hectares et les locaux équivalent en beauté et confort les belles concessions automobiles… Côté image et notoriété, nos clients ont bien compris qu’il devenait très difficile ou du moins très cher d’entretenir et réparer son véhicule en concession, ou plus généralement avec du “tout pièces neuves”, c’est en cela que GPA se pose en véritable alternative. Même service, même qualité intrinsèque du produit, mais avec 50 à 90 % d’économie à la clé !

Vous semblez dire que la pièce de réemploi a acquis ses lettres de noblesse ?
C’est mon souhait, en tous les cas. En 2009, un décret a reconnu la pièce d’occasion comme étant la pièce à favoriser. Ce qui a abouti à une reconnaissance de notre métier et aussi à une prescription des compagnies d’assurance, avec lesquelles nous avons des accords. Nous sommes d’ailleurs en ce moment en essai avec plusieurs mutuelles et compagnies. L’expert peut préconiser une pièce de réemploi et, si le client donne son accord, nous la fournissons au carrossier-réparateur.

Les concessionnaires voisins ne doivent pas apprécier ?
Certes, mais nous parlons souvent de véhicules de plus de six ans, d’abord, et surtout de ce qu’on appelle les éléments de peau, la carrosserie. Cela ne concerne pas tous les produits. Notre activité est véritablement complémentaire de celle des constructeurs. Et tout le monde y gagne : le réparateur qui conserve sa marge tout en réduisant son coût de sinistre, comme l’assuré qui voit sa prime ou sa franchise baisser. Autre avantage, cela permet de garder en circulation certains véhicules qui disparaissaient parce qu’ils étaient automatiquement classés économiquement irréparable lorsque l’on considérait seulement la solution pièce neuve.

Vous évoquiez la livraison des pièces de réemploi, est-ce qu’elle se fait de la même façon que les pièces neuves ?
Depuis que nous avons développé un service dédié aux professionnels, nous avons largement structuré ce maillon. Nous leur proposons de la pièce neuve comme de la pièce de réemploi et les livrons deux fois par jour. Comme n’importe quel grossiste. Nous vendons, au global, 35 % de pièces neuves pour 65 % de réemploi. Aujourd’hui, nous observons une croissance à deux chiffres de la vente de pièces neuves. Au total, nous réalisons un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, et nous partons sur une perspective de 11 millions en 2011.

Comment êtes-vous organisée en termes de vente ?
Il faut bien distinguer les différents services. GPA comprend 70 salariés dont des chauffeurs, des caristes, des démonteurs, et des techniciens d’une part. D’autre part, nous avons des commerciaux sur le terrain, au magasin ou à la VPC. Ce que j’appelle la VPC, ce sont 6 personnes en centre d’appels, pour traiter les commandes issues de notre site internet. Nous distinguons bien la partie véhicules (7 500 voitures par an, récupérées sur plusieurs départements, de Monaco à Strasbourg). 25 % de ces véhicules sont vendus en “l’état”, le reste est destiné au démontage. De plus, 4 000 tonnes de matières sont vendues chaque année.

Quels sont vos objectifs en termes de vente de pièces neuves ?
Nous ne souhaitons ni faire du premier prix, ni du bas de gamme. Nous travaillons avec des équipementiers de renom. Pour rassurer la clientèle, et redorer l’image de marque de notre métier, nous voulions des marques de qualité. Nous assurons le montage de ces pièces, dans notre atelier, quand cela est demandé par le client.

Comment le fait de monter des pièces neuves dans votre atelier est-il perçu par vos confrères et clients ?
Nous montions des pièces depuis longtemps, cela ne pose pas de problème. Nous formons notre personnel irrégulièrement et apportons les mêmes services. Notre stock a été multiplié par 3, notre métier s’orientant vers l’activité de grossiste. Malgré tout, la pièce neuve doit rester complémentaire à la pièce de réemploi et surtout pas concurrente. Aujourd’hui, sur 14 hectares, nous avons 3 800 m2 couverts, nous allons doubler cette surface d’ici peu.

Est-ce que vous montez les pièces de réemploi ?
Cela est impossible, il faudrait trop de monteurs. En revanche, nous avons des contrats de partenariats avec des garagistes chez qui nous envoyons les clients. Ils disposent, en contrepartie, de réductions sur les pièces de réemploi qu’ils nous achètent. On oublie trop souvent, également, que le bénéfice tarifaire tiré d’une pièce de réemploi permet au réparateur d’augmenter son heure de main d’œuvre, c’est essentiel aujourd’hui.

En parlant de garages, vous êtes présidente de Temot France donc vous avez accès au réseau de garages Autofit, est-ce dans vos projets ?
Autofit est un réseau existant avec des zones d’exclusivité. Je pense qu’il serait plus cohérent aujourd’hui de réfléchir à un réseau axé autour de la pièce de réemploi. Nous avons déjà un garage en test et nous verrons comment faire évoluer le concept et si nous devons créer une signalétique.

En dehors de la constitution d’un réseau de garages, envisagez-vous de créer d’autres points de vente GPA ?
Nous réfléchissons effectivement sur un projet de croissance externe. Nous avons un modèle économique qui est transposable en pièces de réemploi et en pièces neuves. Ceci est donc à l’étude.

En parallèle de votre déploiement physique, vous semblez aussi être très active sur le net, pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons un site de vente de pièces de réemploi en lignes, et un autre (depuis deux mois) dédié à la vente de pièces neuves mais qui n’a pas vocation à être national. C’est un autre comptoir ouvert 24 heures/24. En fait, ce sont les mêmes prix qu’en magasin. C’est simplement pour faciliter les commandes et améliorer notre service clientèle.

La concurrence Internet vous inquiète-t-elle ?
La vente de pièces en ligne va représenter une part plus importante à l’avenir dans le marché et nous devons nous adapter, pour pouvoir mettre en avant nos produits, que ce soit la pièce de réemploi ou la pièce neuve. Notre objectif est non seulement de proposer un prix compétitif mais également de construire une relation durable avec notre client.

S’adapter, se professionnaliser, c’est aussi se regrouper ?
Certainement, même si ce n’est pas toujours facile d’autant que nous sommes tous des indépendants. Mais cela nous a permis de faire évoluer le métier et de le faire reconnaître. Le projet GLOBAL PRE en est une illustration. Il a pour objectif de réunir des assureurs, des réparateurs et des déconstructeurs afin de mettre en place une base de données qui permettra un référencement commun de la pièce de réemploi. D2Alliance et Careco sont aussi dans cette dynamique, afin de faire progresser la profession.

L’adhésion à la Feda correspond aussi à ce désir de reconnaissance ?
Nous avons adhéré avec la même ambition, les mêmes objectifs, c’est-à-dire être reconnus, nous, déconstructeurs, recycleurs, en tant que distributeurs à part entière.

Le mot de la fin ?
Notre métier est encore trop méconnu et souffre d’une image négative. Malgré tout, les mentalités sont entrain d’évoluer et notre profession s’inscrit dans le développement durable. Je suis optimiste pour l’avenir et toujours aussi passionnée par mon métier de déconstructeur.

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BIO EXPRESS

Née à Valence (26), 3 enfants.

Née dans “la démolition”, puisque GPA (Géant Pièces Auto) est une entreprise familiale, créée par son père, dans les années 60. Obtient un BTS d’action commerciale, en 84. Rejoint en 1985, l’entreprise familiale, “par choix et aussi parce que mes parents me l’ont demandé”.

Travaille aux côtés de ses deux frères et s’occupe essentiellement de la gestion et de la comptabilité, une formation accélérée ! “Mes parents habitant sur place, je suis donc née dans les voitures accidentées, c’était mon terrain de jeu.”

Prend en charge et développe l’activité “Pièces neuves”, rejointe par son mari. Bataillent ensemble contre l’image de “casseurs” qu’on leur renvoie et le refus de leur vendre de la pièce neuve.

En 97, rencontre des confrères et s’allie avec eux pour acheter de la pièce neuve en France. Crée, en 98, Alliance Auto, avec René Sellier de S.E.V.P. Auto, et Didier Richaud, de Pièces Auto Coram. Prend la direction d’Alliance Auto au décès de son mari.

En 2002, rencontre Thierry Bouvier, président du groupement d’achats D2A et organise avec lui la fusion des deux groupes, une centrale de référencement, qui prend le nom de D2Alliance et comprend aujourd’hui 135 entreprises.

2003 : D2Alliance devient la centrale de référencement de Caréco, un groupe de démolisseurs qui vient de naître et dont l’objectif consiste à mutualiser leurs moyens pour bénéficier d’une meilleure représentativité auprès des pouvoirs publics et du grand public. Caréco compte aujourd’hui 173 entreprises. Beaucoup d’actionnaires de Caréco entrent dans le capital de D2Alliance. Et certains de D2Alliance entrent chez Caréco.

En avril 2010, D2Alliance entre comme actionnaire dans Temot France adhérent d’Autolia Group. Evelyne Barberot prend la présidence de Temot France en plus de celle de D2Alliance. “Nous faisons désormais partie des acteurs alors qu’avant, nous étions sur le terrain, mais sans être reconnus.” Adhère à la Feda en 2010.
 

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