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E-commerce

Le coup de gueule de Thierry Talbot

Publié le 24 janvier 2013
Par Clotilde Chenevoy
2 min de lecture
Thierry Talbot a fait part, une nouvelle fois, de son désaccord profond avec les pratiques d'Oscaro, dans le cadre d'une conférence de presse de l'Autodistribution.
Thierry Talbot a fait part, une nouvelle fois, de son désaccord profond avec les pratiques d'Oscaro, dans le cadre d'une conférence de presse de l'Autodistribution.

En 2011, lorsqu'il avait reçu le prix du Distributeur de l'Année, dans le cadre des Trophées de la Rechange, Thierry Talbot avait déjà affirmé devant le parterre de fournisseurs, que les conditions de ventes de d'Oscaro n'étaient pas acceptables, et que, si les équipementiers lui assuraient ne pas avoir le choix dans les politiques tarifaires, ce dernier n'aurait peut-être également pas le choix pour désigner ses fournisseurs... Nous ne savons pas si la menace a été suivie d'effet, toujours est-il que le p-dg a, une nouvelle fois, partagé son mécontentement, cette fois-ci devant la presse.

Ainsi, Thierry Talbot considère que les campagnes de communication d'Oscaro, avec des messages publicitaires comme "tonton viendra m'aider à monter la pièce ce week-end", représentent une incitation au travail au noir. "Aujourd'hui, on ne peut plus rien faire sur une voiture sans connaissance et matériels, précise-t-il. Oscaro l'a bien compris et en fait même un argument, en précisant à ses clients qu'ils trouveront bien quelqu'un pour leur monter les pièces."

Un CIR incompris

Le chef d'entreprise s'est également insurgé devant la lecture des comptes du site d'e-commerce, obtenus par la Feda. "J'ai découvert avec beaucoup de surprise, que Oscaro sur 2010 et 2011 gagnait de l'argent, commente le p-dg. En examinant de plus près les comptes, j'ai constaté qu'une entreprise avec un résultat d'exploitation négatif pouvait gagner de l'argent. Et ce, grâce à un crédit d'impôt recherche, de 350 000 euros en 2010 et 400 000 en 2011. Et je ne comprends pas comment, dans un marché si concurrentiel,  on peut bénéficier de ce type d'aide." Et de conclure son intervention : "je ne remets pas en cause le principe du e-commerce, mais Oscaro affiche des  remises monstrueuses qu'aucune entreprise ne peut supporter."

D'après nos vérifications, Oscaro présente effectivement un résultat d'exploitation négatif, avec un cash-flow négatif, et a bien bénéficié d'un Crédit Impôt Recherche (CIR de 350 000 et 400 000 euros).

Pour rappel, le CIR "a pour but de baisser pour les entreprises le coût de leurs opérations de recherche-développement. Il soutient leur effort de recherche-développement afin d'accroître leur compétitivité." Et depuis le 1er janvier 2008, le CIR consiste en un crédit d’impôt de 30 % des dépenses de R&D jusqu’à 100 millions d'euros et 5% au-delà de ce montant.

Une société peut faire appel au CIR pour, notamment, les dotations aux amortissements des biens et de bâtiments affectés directement à des opérations de R&D, les dépenses de personnel concernant les chercheurs et techniciens, les dépenses de fonctionnement qui sont fixées forfaitairement à 75% des dotations aux amortissements et 50% des dépenses de personnel. Si on revient au cas spécifique d'Oscaro, on pourrait donc légitimement penser que les bureaux de R&D, les frais sur la recherche de logiciel et la main d'œuvre inhérente à cette activité ont été financés par le CIR.

Aux distributeurs d'occuper aussi la toile

Pour Yves Riou, délégué général de la Feda, qui a été mandaté par le syndicat pour analyser les comptes de plusieurs sites de vente en ligne de pièces, "nos adhérents souffrent avec le web, et nous voulions connaître les modèles économiques des sites pour comprendre leur fonctionnement. Nous ne cherchons pas à entretenir une situation conflictuelle. Les distributeurs-grossistes doivent faire preuve de pédagogie auprès de leurs clients. Certains ont décidé de s'aligner sur les prix du web, en livrant la pièce 48h après, même si celle-ci est disponible. Le prix classique inclut, lui, un service premium. Et puis, il ne s'agit pas d'être contre internet, on ne peut l'ignorer. Il faut d'ailleurs occuper le terrain."

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