PLATEFORME – Exadis revendique son indépendance
De retour aux manettes du réseau de plateformes après sa reprise par Mobivia et Renault, Jean-Marie Tolle tord le cou à une idée reçue : non, Exadis n'est pas devenu l'organe logistique exclusif de ses actionnaires. Preuve de cela, après une période très compliquée, la société entend repartir de l'avant en séduisant de nouveaux clients, partout où la croissance se présentera.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Celle d'Exadis a été rythmée depuis 18 mois par les difficultés de son ancienne maison mère (le groupe Laurent), la perte de clients induite précisément par cette situation, et enfin par une crise sanitaire et économique d'une ampleur inédite. Entre ces épisodes, une éclaircie est intervenue avec la reprise du réseau, en septembre 2019, par un duo inattendu constitué des groupes Mobivia et Renault (soutenu par son groupement de concessionnaires, le GCR). Un rapprochement de deux mondes qui en a surpris plus d'un et qui a aussi coïncidé avec l'arrivée d'une nouvelle direction.
Telle une PME
Fin novembre, quasiment deux ans jour pour jour après son départ, Jean-Marie Tolle a repris les rênes d'une société alors en passe de boucler son exercice avec un chiffre d'affaires en recul de 10 %. Les premières missions du dirigeant ont été d'une part de rassurer clients et fournisseurs, de leur présenter ce nouveau projet, et enfin, sur le long cours, de remettre Exadis sur les rails en retrouvant du CA et de la rentabilité. L'épisode du confinement mis à part (à peine 10 % d'activité au plus fort du confinement), Jean-Marie Tolle estime être sur la bonne voie avec de la croissance jusqu'au 16 mars et une reprise très prononcée depuis le 11 mai (avec une croissance à deux chiffres attendue sur juin, par exemple).
Aujourd'hui, pour ce dernier et toute son équipe, les défis sont nombreux. Le retour au premier plan d'Exadis passera déjà par la conquête de nouveaux clients. Sur ce point, le directeur général entend réaffirmer un message : Exadis n'a pas été, n'est pas et ne sera pas l'outil logistique exclusif de ses prestigieux propriétaires. "Nous sommes absolument indépendants", affirme-t-il, expliquant avoir l'impression d'évoluer dans "une PME". Après le départ du groupe Laurent, certaines fonctions ont dû être réintégrées au sein de la société, renforçant de facto ce sentiment.
Efforts portés sur les stocks
Quant à la question de la gouvernance, un conseil d'administration a été mis en place, au sein duquel siège autant de représentants de Mobivia que de Renault, tandis que les prérogatives du directeur général ont été renforcées. Une indépendance qui permet au réseau d'aller toucher tous les canaux de distribution mais qui n'empêche pas les logiques de groupe. Un double cheminement en somme. Pour renforcer le poids et le rôle d'Exadis auprès de chacun d'eux, un important travail est réalisé avec les BU des actionnaires. Cela se traduit par une étude approfondie des stocks des huit plateformes permettant de répondre aux besoins de chacun, et par répercussion, d'améliorer leur portée locale.
Dans une certaine suite logique, il est probable que d'ici deux ans le maillage soit étoffé avec l'ouverture de nouveaux sites. Au moins deux sont espérés. Quant à la question du "traitement" réservé aux clients Mobivia et Renault, là-encore, aucune différence notable n'est affichée. Les livraisons des premiers sont traitées selon les standards maison, quant aux seconds, ils sont livrés de nuit, en sas, une logique de bon sens eu égard à leurs habitudes. Le tout étant de répondre à des standards de satisfaction et de qualité de service élevés. Conscient que ce qui est perdu ne sera sans doute pas compensé, Jean-Marie Tolle se montre toutefois optimiste, estimant qu'Exadis a désormais tous les atouts pour redevenir ambitieux.
Retrouvez la totalité de notre dossier consacré aux plateformes de distribution dans le J2R n°105 de juillet - août 2020.
