WorldSkills 2024 : l'excellence dès le plus jeune âge
Comme chaque année, septembre 2024 a marqué le retour de douze millions d'élèves français dans les salles de classe du primaire et du secondaire. En prime, un évènement majeur attendait plus de 60 000 d'entre eux : les WorldSkills International 2024. Ces élèves venus de divers lycées ont, en effet, eu la chance d'assister à la troisième olympiade de l'été. La dernière édition en France de cette finale mondiale remontait à 1995… Bienvenue dans l'une des seules disciplines olympiques du monde exclusivement consacrée aux jeunes ! Du 10 au 14 septembre, plus de 1 400 talents de moins de 23 ans, issus de 85 pays et régions, ont pris possession de l'Eurexpo de Lyon. Chaque compétiteur a dû braver les épreuves régionales et nationales avant d'arriver si haut dans la compétition, avec l'espoir de repartir avec une médaille d'or. De la composition florale à la soudure, de la charpenterie au traitement de l'eau, 59 métiers étaient représentés. De quoi mettre en lumière des filières souvent peu médiatisées.
Préparer, de la première à la dernière seconde
Il y a près de deux ans, une première équipe entamait sa préparation pour ces WorldSkills, celle de l'organisation de l'évènement. Samuel Guinard, workshop sector manager, fait partie du comité du championnat. Médaillé de bronze en carrosserie lors de l'édition nationale de 1998, il est revenu dans la compétition en tant que jury régional et formateur de l'équipe de France en 2015. Passionné par son métier, il a transmis pendant toutes ces années son savoir-faire et son expertise de la carrosserie et de la peinture. "Ça va faire un an et demi que j'ai laissé tomber l'équipe de France pour me consacrer entièrement aux WorldSkills 2024", explique-t-il. L'organisation d'un tel évènement se prépare longuement à l'avance. "La première étape était de former les équipes. Dans le comité d'organisation, nous sommes une centaine de personnes ; avec les bénévoles, les workshop managers, le jury et les assistants, nous dépassons les 400 personnes."
S'ensuivent alors toutes les questions techniques. "Il a fallu déterminer les besoins énergétiques, l'agencement des installations… mais aussi les besoins en matériel pour la compétition, en fonction de chaque métier", précise Samuel Guinard. Après avoir signé des partenariats et trouvé des sponsors pour fournir les matériels nécessaires aux candidats, la dernière ligne droite débute en mai, cinq mois avant la compétition.
Pour Samuel Guinard, la préparation de l'évènement se poursuit jusqu'au dernier jour de la compétition, puisque chaque problème, que ce soit technique ou matériel, doit être réglé à l'instant. "La pression ne retombera que la semaine prochaine", souffle-t-il.
S'équiper pour évoluer
Du côté des fournitures, les sponsors sont au rendez-vous et Glasurit accompagne tous les candidats en carrosserie-peinture. Un partenariat auquel la marque de peinture du groupe BASF est particulièrement attachée, comme l'explique Véronique Barbier, responsable marketing France et supply chain de BASF : "Cela fait plusieurs années que nous sommes partenaires des jeunes peintres. C'est important pour Glasurit de promouvoir cette profession qui subit encore trop de pénuries de main-d'œuvre. Accompagner ces talents, c'est montrer que ce métier peut être attractif pour la jeunesse." Le fabricant fournit aux compétiteurs en peinture automobile sa gamme Ligne 100, avant-gardiste en termes d'écologie et d'émissions de COV. "Les nouvelles générations sont plus sensibles à ce genre de problématiques. Il est donc primordial d'utiliser des produits plus respectueux de l'environnement, mais aussi de mettre les utilisateurs dans les meilleures conditions de travail et de préserver leur santé", insiste la responsable. Le type de peinture mis à disposition par Glasurit permet notamment d'être appliqué en mouillé sur mouillé, ce qui nécessite une certaine technique. Cette gamme n'étant pas commercialisée dans tous les pays, les équipes techniques ont accompagné chaque compétiteur dans sa formation avant les WorldSkills pour plus d'équité.
Parmi les autres sponsors, le groupe 3M s'est également engagé aux côtés des compétiteurs des métiers de l'automobile. L'équipementier fournit casques, visières et masques de protection ainsi que des abrasifs. "Nous offrons des outils pour qu'ils soient au meilleur de leurs capacités", résume Florent Gumery, référent automobile et carrosserie de 3M. Il supervise une équipe d'experts "dédiés à plein temps à l'évènement" qui accompagne les jeunes depuis le début de leur préparation jusqu'à la finale internationale. Dans le cadre du programme Science au service de la communauté, Véronique Delpla-Dabon, responsable de la RSE, explique que les équipes de 3M ont dispensé des formations aux jeunes. Ainsi, les compétiteurs français ont reçu une semaine de formation à l'importance des équipements de protection individuelle.
Concourir pour montrer l'exemple
Dans les métiers des transports, le peintre Victor Berthelier avait raflé une médaille d'or lors de la dernière édition. Une lourde pression repose donc sur le candidat français en peinture automobile, Ronan Le Tutour. Arrivé en seconde position lors de la finale française il y a deux ans, il a su se démarquer durant l'épreuve de sélection qui a suivi. Son entraîneur, Nicolas Gelot, acquiesce : "Nous avons récupéré les trois premiers de la finale nationale pour les entraîner au niveau mondial, mais une épreuve de sélection a permis de définir le titulaire de l'équipe de France en additionnant les points de la finale avec ceux de cette épreuve." Nicolas Gelot, qui a participé à la finale 2007 des WorldSkills avant de se tourner vers l'entraînement de l'équipe tricolore, et le jury de la compétition internationale en 2016, n'a pas eu le droit d'adresser la parole à son poulain durant ces quatre jours. "Ronan a eu beaucoup de pression sur les épaules, mais il a suivi cinq semaines d'entraînement technique avec l'équipe métier et deux semaines et demie de préparation physique et mentale avec l'équipe de France de médecine." Peu de répit pour le Breton de 21 ans qui a dû traverser huit épreuves, allant du redressage au polylustrage, avec plusieurs niveaux de difficulté et face à 22 concurrents. "Je suis super fort", fanfaronne le jeune talent. "L'épreuve de quatre heures a demandé beaucoup de concentration et de rigueur."
Tout a commencé pour lui lors d'un stage de 3e dans un garage, où le métier de carrossier ne le laisse pas indifférent. "Cela m'a fait mal au cœur d'imaginer des clients déçus de voir leur voiture abîmée après un accident." Quant à son implication dans la compétition, le jeune carrossier l'explique par "un besoin de montrer que dans chaque métier se cachent des détails et une technique incroyables", ajoutant : "Les filières professionnelles ne mènent pas à des métiers plus simples que les autres, mais au contraire très gratifiants." Des convictions qui ont mené le compétiteur breton à la deuxième marche du podium, avec une belle médaille d'argent à la clé.
À l'issue du concours, le palmarès de la France est d'ailleurs impressionnant avec 37 médailles, dont six en or, quatre en argent, trois en bronze et 24 médailles d'excellence. L'Hexagone se hisse au rang de première nation européenne, démontrant la force et l'avenir prometteur de ses jeunes professionnels.