AM Distribution : le poids lourd algérien
“Nous avons grandi avec le marché”, commence Abderrezak Akroune, le directeur général d’AM Distribution, “et nous nous félicitons que celui-ci commence à se décanter et à privilégier la qualité, aux dépens du prix avant tout” poursuit-il avec un léger sourire qui en dit long. Car celui que tout le monde place sur la plus haute place du podium en matière de pièces pour le véhicule industriel, a commencé très petit, en s’adressant aux équipementiers première monte sans vergogne et sans intermédiaire, quand tout le monde se ruait sur les pièces import d’où qu’elles puissent venir. Il faut dire qu’Abderrezak Akroune a bien préparé son arrivée sur le commerce de la pièce, en prenant appui sur sa formation professionnelle de haut niveau. Avant de créer la structure en 93, en effet, Abderrezak Akroune a été diplômé de l’Ecole polytechnique d’Alger, puis a effectué son troisième cycle aux Arts et Métiers de Paris. Sa spécialité, la suralimentation, une piste pour comprendre comment il en est venu à monter sa deuxième entreprise consacrée à la vente et à la réparation de turbos VL et PL ! En sortant de l’école, il s’aperçoit que le marché est “assoiffé”, il n’y avait, auparavant, que la SNVI (entreprise d’Etat fabricant de PL, N.D.L.R.). “Pour une offre, il y avait 100 demandes, et le marché a explosé, explique-t-il, beaucoup d’intervenants se sont rués sur le prix le plus bas et sont allés chercher les pièces auprès d’exportateurs, dont ils ne vérifiaient pas toujours la qualité des produits, ni les effets sur la sécurité.” Pour se démarquer, il décide de refuser les intermédiaires et d’aller chez les équipementiers en disant “je suis algérien et je veux vendre vos pièces en Algérie”. Etonnés devant ce jeune qui affiche un discours différent, les grands groupes le suivent, des grands noms comme Perfect Circle, d’un côté, et du côté remorques, Fruehauf ou Trailor pour les essieux. Il continue à constituer son portefeuille en se rendant sur Equip Auto Paris (il sera aussi à la base d’Equip Auto Algeria) et sur Automechanika. La machine était lancée.
Sur les traces des constructeurs
Le marché se professionnalisant et les camions des constructeurs européens commençant à sillonner les routes du territoire national, Abderrezak Akroune, aidé par sa notoriété, s’attaque aux pièces des tracteurs avec beaucoup plus d’ambition encore, crée son département R&D qui dissèque les camions pour identifier les pièces et les inclure dans son catalogue. Il entre ainsi les pièces pour Man, Mercedes, Daf, Iveco, Renault Trucks, Volvo et bien sûr SNVI, qui viennent rejoindre Deutz, SMB, Fruehauf, Trailor, Lohr, ROR ou encore Rolfo. Pour informer ses 200 distributeurs référencés sur tout le territoire, il envoie des press lists en fonction des spécialités de chacun. En effet, pour un maximum d’efficacité, il a sélectionné ses distributeurs comme étant spécialistes soit des Man, soit de Renault Trucks, soit etc. et qui ne font que du PL. En clair, il joue la carte du Premium, tout en accordant une importance capitale à la fidélisation. Parallèlement, il mise à fond sur la communication, qu’il juge essentielle dans la réussite de son entreprise qui compte plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires… En dehors des distributeurs, il a pour clients les grosses flottes du pays. Un succès qui n’est pas du goût de tout le monde : “L’ennemi numéro 1 de Renault Trucks, c’est nous” s’amuse-t-il à préciser. Car le marché a faim…
L’après-vente en question
“Au début, on se moquait, on disait que j’étais fou et que je me la jouais avec les pièces des grands groupes, aujourd’hui, c’est le marché qui me donne raison” reconnaît Abderrezak Akroune. Après la période faste des demandes à tout va, le marché s’est professionnalisé et a écarté les mauvais joueurs car en Algérie, comme ailleurs, la règle du camion arrêté qui coûte cher est toujours vraie. Parallèlement, les constructeurs VI, dont l’unique objet de préoccupation consistait à vendre leurs camions, se sont rendus compte que le marché de l’après-vente se construisait sans eux. “Dès la sortie de garantie, je vendais déjà des embrayages et continue, d’ailleurs à livrer des concessionnaires qui ne font pas la marque dont le camion vient de rentrer dans leur atelier. Mais depuis quelque temps, les réseaux constructeurs réinvestissent dans leur après-vente. Ce qui nous pousse à davantage de service, mais nous avons une longueur d’avance. Nous travaillons encore beaucoup à la carte et si un client veut des pièces Iveco “Original”, nous lui livrons sans problème” continue Abderrezak Akroune.
Une logistique propre, une marque en propre
“Avec les grands équipementiers du secteur, on a grandi ensemble sur le territoire et cela a créé des relations fortes de partenariat. On a fait connaître beaucoup de marques comme Dayco ou DT Spare Parts et on est souvent suivi par des confrères !” reconnaît-il sans en prendre ombrage. Et le patron d’AM Distribution, de rappeler que “toutes les possibilités de collaboration sont envisageables, comme la distribution pure et simple des produits, la distribution exclusive, ou officielle (comme Valeo que d’autres ont également)”. Mais aussi la co-entreprise, ainsi qu’il en a déjà créé une avec Wabco, et Bergerat Monnoyeur, pour des opérations de maintenance. De là à dire qu’il est prêt à suivre les recommandations du gouvernement algérien pour monter des co-entreprises sur le secteur, il n’y a pas loin. Tout est à l’étude… En attendant, sa marque propre Blokfor (essentiellement des pièces de freinage et de remorques) fonctionne bien et intègre de nouveaux produits avec l’aide de ses fournisseurs référencés. Autre spécificité, AM Distribution dispose de son propre entrepôt de groupage à Marseille, dans lequel il rassemble toutes les pièces européennes, entrepôt qui sert aussi à l’expédition. Cette plate-forme est aussi reliée à celle de la zone industrielle d’Alger, dans laquelle ils disposent de leur propre département de transit et de dédouanement. Avec le siège, cela fait deux zones de distribution en Algérie. De quoi assurer la croissance !
Le turbo en pleine ébullition
En dehors du rapport avec son sujet de fin d’année, le turbo est devenu une vraie activité du groupe, puisqu’il représente aujourd’hui quelque 30 % du chiffre d’affaires (avec une progression de 25 % en 2013). Il est nécessaire de préciser que la loi algérienne refuse toute importation de pièces d’occasion, ce qui exclut tout retour de turbos en Europe pour rénovation : ils ne pourraient plus rentrer ! Abderrezak Akroune a donc créé la société Turbo Center qui dispose de la plupart des cartes, Turbolader et Schwitzer Borgwagner Turbo Systems, Holset Turbochargers et Garrett. Seul à avoir les trois cartes, Turbo Center est aussi spécifique dans son fonctionnement, car la société ne fait que du turbo. Vend du neuf et assure la rénovation. En fait, ils sont experts pour le compte des marques et ne remplacent que les turbos qui le nécessitent. Auparavant, les équipementiers étaient obligés de tout remplacer par du neuf sans autre possibilité de choix.
Et pour garantir un service optimal, Abderrezak Akroune a envoyé ses techniciens en Grande-Bretagne et en Allemagne, suivre les formations qualifiantes. Un statut qui lui apporte la confiance des plus grands groupes en PL mais aussi en VL, en marine, TP et moteurs stationnaires. Turbo Center fournit même les documentations techniques aux clients. Une affaire sérieuse en somme !