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Automechanika Istanbul, plate-forme de l’Orient

Publié le 19 août 2013
Par Hervé Daigueperce
3 min de lecture
Même si les événements récents témoignent de nouvelles aspirations, la Turquie reste ­porteuse de grandes opportunités d’affaires pour les Européens et surtout les Français.
Eric Zumbrunn, directeur général de la BU Aftermarket Services.

Bien qu’on ait tendance à évoquer les relations privilégiées entre la Turquie et l’Allemagne, les racines des ententes internationales placent la France comme l’un des partenaires privilégiés et attendus. Sur un salon comme celui-ci, cohabitent comme dans la ville et le pays, beaucoup de représentants de nations aux besoins très différents. C’est ainsi que nous avons rencontré Alex G. Mungiuri, vice-président de la région Afrique et Moyen-Orient pour la division Rechange automobile du groupe Schaeffler, et stambouliote, qui nous a donné quelques clés : “C’est un marché qui grandit et se développe très fort, dans lequel la Turquie est devenue comme un hub spécifique pour le Moyen-Orient, pour de nombreux pays des Balkans et aussi d’Afrique. Mais c’est aussi un pays où l’industrie automobile est forte et où l’on trouve beaucoup de fournisseurs qui font des produits de qualité. Ce qui est connu par nombre de fournisseurs européens qui les utilisent également”. Il n’en reste pas moins que la copie traverse aussi, les mailles du filet, comme un revers de la médaille d’une politique d’ouverture des frontières. En effet, précise Alex G. Mungiuri, “La Turquie cherche de nouveaux marchés en Moyen-Orient et en Afrique, -cela se voit dans les nouvelles destinations de Turquish Airlines- parce qu’ils sont conscients de la récession en Europe. Pour ce faire, ils ne bloquent pas les étrangers aux frontières, facilitent les entrées (sans visa) et lorgnent tous les très grands marchés qui l’entourent. En outre, la Turquie a plébiscité l’enseignement et transformé nombre de lycées en unités d’élites pour “produire des ingénieurs” (en langue française, souvent)”. Un constat que ne peut qu’approuver Eric Zumbrunn, directeur général de la BU Aftermarket Services qu’il vient de créer chez Federal-Mogul : “Il n’est pas nécessaire d’avoir des informations marché, ici, pour savoir combien le marché est changeant et en pleine croissance. Les Turcs ont tous, deux téléphones portables avec toutes les applications nécessaires, l’ordinateur est déjà passé au second plan ! En 2012, le pays a réalisé le 2e plus fort taux de croissance du monde après la Chine et a réussi à réduire son inflation à 8 % quand elle était à 20-25 % il y a seulement 10 ans”.

Changement de braquet

Face à une Europe s’affaiblissant et déjà très équipée, voire saturée en matières de véhicules, (et de pièces et équipements), les pays d’Irak, d’Iran, du Golf, tous les pays en “Stan” comme l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan (…) deviennent de véritables mines d’or, pour les acteurs turcs et ceux qui exposent en Turquie. Un importateur comme Klas Otomotiv ne recherche pas forcément à développer le marché turc : “Nous distribuons des pièces d’équipementiers de premier rang dans les pays alentours depuis 20 ans et nous venons d’ouvrir deux bureaux en Iran et en Irak ; Nous sommes ici pour rencontrer nos clients de ces pays, plus que les distributeurs turcs, que nous voyons régulièrement”. Il est vrai que les européens se montrent assez frileux – on les comprend – pour jouer aux représentants de commerce en Irak ou au Pakistan. Comme le souligne Alex G. Mungiuri, “Si l’on considère la Turquie comme la porte du Moyen-Orient, vous avez un pays, pour les investisseurs, beaucoup plus stable que les voisins, que n’importe quel pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Nous avons des lois, et des dirigeants qui ne sont pas “instables”, ce qui rassure les investisseurs, les sécurise”. Même si, depuis, l’occupation de la place Taksim a révélé des dysfonctionnements (le projet d’urbanisation ayant, cependant, été désavoué par la justice), “le pays est libre, rappelle Alex G. Mungiuri (interview effectuée avant les événements, N.D.L.R.) et quand bien même la religion a un poids important, les affaires demeurent une priorité pour la Turquie. Ce qui nous assure plus de sécurité qu’ailleurs.” Dont acte.

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