Fin des vacances, retour du bon sens… pourquoi pas ?
Tout d’abord, il y a eu le “feuilleton de l’été”, et qui va se prolonger à la rentrée : l’interdiction faite à Mercedes par la France, et elle seule, de commercialiser ses nouveaux modèles considérés comme ne répondant pas au nouveau règlement Européen en matière de gaz de climatisation.
Pourtant les ventes de voitures neuves en France sont au plus bas. Les distributeurs sont à la peine et réduisent leurs effectifs faute de clients. Renault dont l’activité industrielle en France n’a jamais été aussi basse, est censé fournir des moteurs à Mercedes pour équiper, entre autres, les modèles interdits de vente. Les pouvoirs publics auraient bien besoin de TVA, de taxes d’immatriculation, etc. Quel est donc l’intérêt de se “tirer une balle dans le pied” avec ce genre de position que nos voisins, à commencer par les Allemands, toujours très pragmatiques, se sont empressés de ne pas prendre. Et l’on peut douter que les achats ratés chez Mercedes se soient reportés sur nos marques nationales alors que BMW – AUDI – VW… sont eux aussi bien présents sur notre marché. Une approche plus pragmatique de ce dossier aurait certainement été préférable.
Autre sujet qui a circulé discrètement et qui pourtant est loin d’être anecdotique : la production automobile en France n’a jamais été aussi faible, la production en France des deux grands constructeurs tricolores ayant reculé de 20,8 % au premier semestre 2013 par rapport à la même période de l’année précédente, sachant que la production française de l’année 2012 était déjà en recul de 16,4 % par rapport à 2011. Que sont donc devenus ces fameux courriers d’engagements des constructeurs de préserver la production et l’emploi en France, et brandis à l’Assemblée Nationale par le Ministre en septembre 2011, pour justifier de maintenir leur monopole sur les pièces de carrosserie ? La démonstration est faite depuis déjà plusieurs années que c’est exactement l’inverse qui se produit et force est de constater qu’il n’y a que les politiques pour croire dans les promesses de nos chers (très chers même pour les contribuables et les automobilistes français) constructeurs nationaux.
A cette allure, il ne nous reste plus qu’à attendre encore un peu et l’argument de l’emploi industriel en France des constructeurs sera devenu tellement marginal que le bon sens l’emportera là aussi et le monopole sur les pièces de carrosserie pourra disparaître, sans réserve, rétablissant la capacité concurrentielle des acteurs de l’Après Vente français vis-à-vis de leurs voisins frontaliers.
Autre sujet qui a “rebondi” cet été : le coût excessif de l’entretien / réparation auto en France. Il est vrai que, déjà avant les congés, reportages télévisés et articles de presse n’avaient pas manqué, chiffres à l’appui, de dénoncer cette situation très pénalisante pour le pouvoir d’achat des automobilistes français et l’activité des professionnels frontaliers face à la concurrence de leurs voisins étrangers.
Il est vrai que le sujet est complètement d’actualité avec la future “loi de consommation Hamon” débattu au Parlement et au Sénat. Sujet qui mérite une vraie place dans ce projet de loi vu le poids qu’il représente dans le budget des ménages et dans le manque de concurrence tel que largement dénoncé et démontré par l’ADLC (Autorité de la Concurrence) dans son rapport. Rapport qui va bientôt fêter 1 an d’existence et qui n’a malheureusement pas été pour le moment beaucoup suivi par nos ministres.
Sur ce dossier du coût de l’entretien / réparation tout semblait avoir été dit. Pas tout à fait puisque de nouvelles pistes ont été développées dans les médias papier et radio : la solution serait Internet… Mais oui… bien sûr !
Cependant, à la lecture des articles sur les grands acteurs globaux du web, on a un peu de mal à être convaincu des bienfaits du système et pas seulement pour les consommateurs : destruction de valeur, d’emplois, résultats économiques intrinsèques peu convaincants, évasion fiscale…
Le web de l’automobile n’en est pas là heureusement encore qu’Internet ne soit pas non plus la panacée. C’est comme le cholestérol : il y a du bon et du mauvais.
Alors, oui, utilisons nous-mêmes Internet pour développer de nouveaux services et enrichir ceux existants dans les métiers traditionnels. Utilisons Internet pour nous ouvrir à une nouvelle clientèle qui évolue vite en s’éloignant des standards habituels. Utilisons aussi Internet pour casser le sacro-saint référentiel du “prix tarif constructeur” qui a conduit le marché français aux prix les plus élevés d’Europe.
Mais pas n’importe comment. Internet ne peut s’affranchir des règles du commerce et de la concurrence imposées aux autres acteurs. Internet doit être créateur de valeur pour la société, et d’emplois nets (déduction faite de ceux détruits par ailleurs). Internet ne doit pas favoriser l’évasion fiscale par exemple en faisant la promotion du “do-it assisté” autrement appelé “travail au noir” ! Les groupes traditionnels viennent eux aussi à Internet. C’est bon pour ce canal de distribution afin qu’il se structure et adopte de bonnes pratiques. Nos adhérents ont maintenant la balle au pied pour investir le web.
C’est maintenant la rentrée avec son chapelet de nouvelles charges pour lesquelles nous avons été insidieusement préparés tout au long de l’été par nos gouvernants qui, eux, n’étaient pas complètement en vacances.
Il nous faut du courage pour affronter cela mais avec 38 millions de véhicules qui continuent de vieillir et des clients réparateurs qui, en définitive, comme le faisait remarquer Bernard Jullien, Maître de Conférence à l’Université de Bordeaux et conseiller scientifique de la Chaire de Management des Réseaux du Groupe Essca, les gagnants du “terrain-terroir” et se révèlent plus adaptables qu’attendu, la filière indépendante a encore de quoi faire. De retour de congés, nous pouvons formuler le souhait que ce bon sens, qui anime entre autres nos professionnels sur le terrain, préside enfin à la résolution de ces sujets de l’été.
Bonne rentrée à tous.