La lente érosion du marché VI
C’est en présence du CCFA, de la FFC, du président du COFIT et des principaux constructeurs de poids lourds, de Bus et de Cars, que la CSIAM a voulu présenter les chiffres du marché, comme pour montrer l’unité indéfectible de la filière du véhicule industriel.
Après le rebond constaté du marché fin 2013, dopé artificiellement par des ventes soutenues en Euro V, avant l’arrivée prévue d’Euro VI pour les transporteurs, l’année 2014 s’était montrée plutôt morose. Et, d’une manière générale, Thierry Archambault, président délégué de la CSIAM, et Jean-Marc Diss, directeur général de Mercedes Benz Trucks France et président de la Branche VI de la CSIAM, ont tenu à ouvrir les débats en rappelant un âpre constat. Ainsi, avant la période de crise, jusqu’en 2008, les ventes cumulées de tous les secteurs VI de plus de 5 tonnes émargeaient à environ 53 000 unités. Puis, en 2009, le marché s’effondre à 35 000 véhicules. Certes, les ventes sont remontées depuis, mais se stabilisent désormais aux alentours de 42 000 unités annuelles. “Nous ne sommes donc plus dans un contexte de crise ni même d’après crise, mais plutôt dans un nouvel état de marché”, souligne Thierry Archambault. Une nuance fondamentale, qui permet de comprendre (un peu) pourquoi l’effet de rebond n’a pas suffi à faire revenir le marché à ses plus belles heures.
Sur le premier quadrimestre 2015, le niveau atteint par le marché des VI de plus de 5 tonnes à fin avril 2015 (13 510 immatriculations) est en baisse de 2 % par rapport à celui de fin avril 2014 (13 799 immatriculations).
Dans le détail, les tracteurs progressent de 9,3 %, tandis que le marché des porteurs s’effondre de près de 15 %. Une bonne nouvelle toutefois, avec l’insolente réussite du marché des Bus et Cars, qui enregistre une hausse de 9,6 % à 1 938 immatriculations, principalement tirées à la hausse par le secteur des autocars et des châssis à carrosser. Les constructeurs de Bus et Cars prévoient d’ailleurs un marché 2015 au même niveau que celui de l’année passée, voire même en augmentation, sous l’effet notamment de l’entrée en vigueur, pour l’ensemble des cars scolaires à partir de la rentrée, de l’obligation de n’utiliser que des véhicules équipés de ceintures de sécurité.
Message aux pouvoirs publics
Face à ces résultats mitigés, la CSIAM, mais également la FFC, le CNPA, les constructeurs, bref, l’ensemble de la filière, a souhaité passer un message aux pouvoirs publics, leur demandant de “cesser la surenchère”. En ligne de mire, les normes anti-pollution qui évoluent trop souvent, et se révèlent financièrement insupportables à la fois pour les clients, mais également pour les constructeurs. “Le développement des technologies Euro VI a demandé 100 milliards d’euros d’investissements, tous constructeurs confondus. Ces technologies sont particulièrement efficaces aujourd’hui, à tel point qu’un poids lourd Diesel moderne se révèle moins polluant que la majorité des voitures !”, souligne Jean-Marc Diss. Ainsi, il est demandé aux politiques de laisser Euro VI se déployer de façon plus large, avant d’imposer d’autres normes très onéreuses en développement, et difficiles à absorber en périodes de ventes en berne.
Sensibiliser le public
Alors, pour sensibiliser le grand public et, par ricochets peut-être, le gouvernement, la CSIAM et la FFC reconduisent leur opération “Sticker”. Il s’agit d’apposer un autocollant à l’arrière de tous les véhicules Euro VI, qui explique combien ces nouveaux poids lourds sont respectueux de l’environnement. L’opération avait été lancée lors du salon Solutrans 2011, mais n’avait pas rencontré le succès. Pour une raison simple, selon Thierry Archambault. “A l’époque, nous avions demandé aux constructeurs de se charger de la pose des stickers, mais reconnaissons que cela n’a pas bien fonctionné”. Du coup, cette fois, c’est aux carrossiers que la CSIAM a demandé de se charger de l’opération, avec l’espoir qu’elle soit mieux suivie. De plus, sur Solutrans, cette année, chaque carrossier exposant disposera d’un corner pour expliquer et promotionner l’opération. “Il s’agit de montrer à tous que le véhicule industriel est bien le laboratoire technologique de l’automobile”, martèle Patrick Cholton, président de la FFC.