Le choix emploi versus pouvoir d’achat du gouvernement est-il pertinent ?
Bien évidemment, cette réflexion n’est pas impertinente car, sans emploi, il n’y a pas non plus de pouvoir d’achat !
Encore faut-il savoir faire le distinguo entre pouvoir d’achat pour acheter plus de produits manufacturés avec le risque de promouvoir les importations des pays low cost, et pouvoir d’achat pour acheter des services produits en France et qui, donc, génèrent emploi, valeur taxes et économies sur les indemnités de chômage.
Et à y regarder de plus près, l’argument priorité à l’emploi pour justifier de continuer de préserver le monopole des constructeurs sur les pièces visibles de carrosserie, se révèle être un parfait non-sens ou, dit autrement, une belle façon de se tirer une balle dans le pied… !
L’actualité des réseaux du commerce et des services de l’automobile n’est pas réjouissante :
- Le CNPA évoque jusqu’à 7 300 suppressions d’emplois en 2012 sans compter ceux à venir en 2013. Cela représente déjà quelques usines de production de nos constructeurs, pour ce qu’il en reste…
- TNS Sofres fait état dans une récente étude que 30 % des Français reportent l’entretien de leur véhicule, faute de budget. Budget de maintenance des véhicules qui ne cesse de progresser sensiblement plus vite que l’inflation.
- L’activité dans les carrosseries continue de chuter à un rythme soutenu, plus soutenu que la baisse des accidents.
Autrement dit, la tendance est et restera très mal orientée et les entreprises de services vont continuer de réduire leurs dépenses sur les postes les plus immédiatement accessibles : le personnel et l’équipement.
C’est là où une inversion de tendance par le pouvoir d’achat est nécessaire et utile pour l’emploi et les finances publiques.
C’est là encore, comme l’avait aussi mis en évidence l’ADLC dans son rapport, que l’ouverture de la concurrence sur les pièces de carrosserie est de nature à relancer l’activité de réparation collision chez les carrossiers et dans les garages et redonner vie à des emplois industriels chez des équipementiers qui sont prêts à alimenter un marché libre donc rentable et capable de justifier leur démarche.
Deux remarques encore de nature à alimenter la réflexion de nos gouvernants :
1. Dans le domaine de la réparation collision moto, des constructeurs (japonais) ont décidé de baisser drastiquement le prix des fourches et des cadres, pièces pourtant captives s’il en est, pour relancer l’activité de réparation plutôt que d’envoyer à la casse des machines jugées pour l’assureur comme économiquement irréparables… Faut-il que l’exemple pour le marché français nous vienne des Japonais ! ?
2. Une partie de la relance d’Heuliez pourrait venir de Volkswagen pour la fabrication de pièces de rechange de carrosseries. Là encore, il faut que l’idée nous vienne de l’étranger alors qu’un marché libéré en France pourrait ouvrir des opportunités à des fabricants français. Et, on ne pourra pas dire que c’est un problème de compétitivité industrielle face à nos collègues allemands !
La vérité est plutôt que nous manquons de courage : le courage d’affronter la concurrence contre la couardise de vouloir rester à l’abri des monopoles ; Le courage de prendre des décisions, même évidentes, et ne pas repousser ces décisions à d’autres époques qui ne seront pas plus faciles car justement nous ne les aurons pas prises en temps utile et que les autres auront progressé profitant de notre immobilisme.
Et surtout soyons cohérents dans les décisions pour ne pas empiler les handicaps et ressasser les erreurs du passé :
- Certains réclament des aides pour relancer les ventes de voiture. Ballon d’oxygène pour certaines entreprises mais qui, par expérience, coûterait cher aux finances publiques et provoquerait une nouvelle dégradation de la balance commerciale, quand on sait qu’environ 1 voiture sur 4 seulement est effectivement produite en France.
- Alors que les Français reculent les travaux d’entretien sur leur voiture, par défaut de budget pour le faire, une taxe sur les fluides frigorigènes est à l’étude y compris pour la recharge d’entretien des véhicules équipés d’origine de la climatisation avec, excusez du peu, un surcoût pour l’automobiliste allant jusqu’à 40 euros par recharge. Et sous le prétexte totalement erroné : “il ne faut recharger la climatisation qu’une seule fois au cours de la vie du véhicule”.
Ce n’est pas ce genre de disposition qui va relancer l’activité dans les ateliers et merci pour ceux qui ont investi dans l’équipement, la formation et la certification de leurs sites.
Avec tout cela, non seulement notre industrie automobile fout le camp mais c’est maintenant au tour des services d’alimenter le chômage.
Ce qui créera assurément plus d’emploi chez Pôle Emploi !