Les Reconstructeurs turcs en France
La Feda avait organisé deux visites d’entreprise : les Ets Chambon à Nemours dirigée par Vincent Chambon et la société RPDC à Beuvry dirigé par Pierre Beurrier, deux entreprises ayant obtenu le label Feda Moteur, et une rencontre à la Feda animée par Michel Vilatte. Nous avons interviewé Emre Can Çiçin sur la reconstruction moteur en Turquie et sur les enseignements de cette visite.
Pouvez-vous nous présenter l’activité de reconstruction Moteur en Turquie ?
La Reconstruction des moteurs est un grand marché en Turquie qui compte un parc d’environ 16 millions de véhicules. 500 000 blocs-cylindres et 900 000 culasses sont reconstruites chaque année d’après nos estimations. Il y a plus de 700 ateliers de reconstruction complète de moteurs et de blocs-cylindres et 800 ateliers culasse. Près de 10 000 salariés travaillent dans ce secteur dont un nombre très limité de diplômés de l’université. C’est donc essentiellement une main-d’œuvre artisanale qui est employée.
Pouvez-vous indiquer une ou deux caractéristiques principales de votre marché ?
D’abord, malgré l’Europe, l’échange standard des moteurs n’est pas facile en raison de la législation. Il en coûte aussi du temps (environ une semaine) et de l’argent (environ 25 % plus cher que la reconstruction). Aussi, les automobilistes préfèrent l’option de la reconstruction. Cela se traduit au final par des opérations de reconstruction qui se font localement. Vous pouvez trouver un reconstructeur de moteur ou au moins un atelier culasse dans la plupart de nos villes. En raison de cela, les entreprises OES ne peuvent pas entrer sur ce marché (puisque les automobilistes ne choisissent pas l’échange standard), de sorte que le marché est à 99 % entre les mains des ateliers indépendants. Deuxièmement, vous ne pouvez pas importer en Turquie des pièces usées ou des pièces reconstruites. Cela a un effet protectionniste pour nos activités de reconstruction. Enfin, compte tenu des particularités de notre marché, le reconstructeur de moteurs n’a pas d’autres activités, par exemple, il ne vend pas de pièces moteur. Ce sont essentiellement de petites entreprises indépendantes (de 2 à 5 employés) réparties sur l’ensemble de notre territoire.
Quelle impression avez-vous eu du marché français de la Reconstruction Moteur ?
Nous avons trouvé des ateliers français avec des techniciens hautement qualifiés, un parc de machines et d’équipements de grande qualité, mais selon nous avec une sous-activité. Ce que nous avons compris, c’est que votre activité concerne principalement la reconstruction des moteurs pour les véhicules utilitaires et pour les véhicules anciens et que le cœur de l’activité Moteur avait disparu au profit malheureusement des acteurs de l’OEM. Avec des ateliers d’un tel niveau de qualité, les reconstructeurs français doivent s’unir pour augmenter leurs parts de marché.
Les deux sociétés que nous avons visitées ont une très forte vision commerciale de leur marché et de bons arguments marketing. Avec l’éventail des produits et des services qu’elles proposent, elles peuvent répondre à presque toutes les demandes de leurs clients et surtout nous avons noté leur implication dans la réparation des systèmes d’injection qui est une étape cruciale pour le développement de leurs affaires.
La Feda a rédigé un référentiel pour l’activité de la reconstruction moteur, avec un label puis créé un label de qualité pour les ateliers, que pensez-vous de cette initiative ?
C’est très bien, mais que cela arrive un peu tardivement. Nous avons créé un label similaire en Turquie, qui a permis l’augmentation de nos ventes. Dans le monde d’aujourd’hui, les clients veulent une garantie nationale et un haut niveau de service. La Feda a tous les atouts de son côté, les reconstructeurs de moteur, les fournisseurs de pièces de rechange et les garages indépendants. A mesure que le nombre d’ateliers labellisés augmentera, l’effort marketing sur le label sera plus facile. Cela répondra certainement aux attentes de la clientèle, ce qui signifie que la part de marché des ateliers labellisés augmentera. Si vous considérez que 90 % du marché des moteurs est en “échange standard”, grâce à la connaissance et à la promotion du label, il y a un énorme marché que les ateliers labellisés pourront atteindre. Tous les membres de la Feda qui ont un atelier moteur ou un atelier culasse devraient soutenir ce label et l’adopter sans se poser de questions.
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ZOOM - L’organisation professionnelle GMY
GMY a été créé en 2006. Il compte 48 membres et 7 employés travaillent au siège.
La mission de GMY est de faire appliquer les techniques et les procédures de l’équipement d’origine (OE) qui permettent à ses membres de reconstruire les moteurs dans les règles de l’art.