Perspectives du marché automobile et de l’entretien-réparation
Les ventes de voitures neuves chutent. Les automobilistes prolongent l’usage de leur voiture. Mais globalement ils roulent moins et annoncent même pour certains, pouvoir se passer totalement de leur véhicule. Certes, possible pour les citadins, qui ont accès à des transports en commun, mais pour tous les autres, et ils sont nombreux, l’argument paraît plus discutable.
Les constructeurs automobiles aimeraient bien vendre plus de véhicules et leurs efforts pour cela sont remarquables, tout particulièrement sur les rabais, ristournes, reprises, primes à la casse maison, etc. mais le consommateur n’a pas l’air d’accrocher. Il est vrai que les pouvoirs publics et les médias, qui relaient et amplifient les messages, expliquent que l’automobile est la source de bien des maux et nuisances : elle tue, par pollution, des dizaines de milliers de personnes, elle génère une perte de temps et de productivité colossale avec les encombrements, on ne sait plus où les garer et, au passage précisent qu’on ferait bien mieux de s’en passer. Il faudrait alors être masochiste ou totalement obligé pour se lancer dans l’acquisition d’un nouveau véhicule. Beaucoup de jeunes ont, d’ailleurs, déjà choisi entre le permis de conduire et la voiture et d’autres biens plus attractifs qui leur permettent, sans bouger, d’être en contact avec des dizaines, centaines, voire des milliers de personnes.
Les pro-automobiles ne jurent plus que par la voiture électrique ou hybride. C’est mieux pour la pollution en ville mais cela ne règle pas les autres problèmes : le trafic, le stationnement, le temps perdu et cela en crée de nouveaux avec la question, toujours pas réglée, de l’autonomie et de la recharge.
En plus, les Français ne sont ni stupides ni désinformés et cela pénalise nos constructeurs nationaux, il n’y a qu’à voir leur tendance de pénétration par rapport à la tendance du marché. Pourquoi devraient-ils faire prioritairement le choix d’une marque française alors qu’ils savent pertinemment qu’ils ont 3 chances sur 4, sinon 4 sur 5 d’acheter un véhicule “made in ailleurs” qui n’aura pas ou guère contribué à l’emploi et dégradé la balance commerciale.
En matière d’entretien réparation c’est aussi une certaine confusion. Le pouvoir d’achat des automobilistes baisse mais les coûts d’entretien réparation progressent, depuis bien des années, plus vite que l’inflation… Comment faire sinon retarder certains travaux lorsque cela est possible sans risques sécuritaires, encore que… ou trouver des solutions moins chères. Heureusement d’ailleurs que les acteurs de la rechange indépendante qui sont très proches de ces automobilistes à “budget tendu” restent créatifs et efficients pour leur apporter des solutions sans dégrader la qualité de la prestation. C’est d’ailleurs remarquable de voir que les professionnels ne tombent pas dans la facilité des pièces low cost / low quality d’origine exotique comme cela existe et se développe dans d’autres pays.
Alors où va-t-on et qu’en tirer pour le futur de nos entreprises ? Nous ne maîtrisons pas le marché du véhicule neuf et laissons le soin aux constructeurs et aux pouvoirs publics d’imaginer de nouveaux business models, et surtout de retrouver une cohérence dans leurs propos et leurs initiatives pour éclairer le client et lui redonner confiance.
Pour ce qui concerne notre marché de l’entretien réparation, nous allons continuer à jouer la proximité, l’écoute, les solutions les plus adaptées et déployer de nouveaux services au bénéfice de la qualité de l’air et de la préservation de la valeur d’usage du véhicule. Et nous allons laisser les autres acteurs poursuivre leur démarche arithmétique de hausse régulière et décalée des réalités économiques avec toujours le fol espoir de décourager le possesseur d’un véhicule ancien de continuer de l’entretenir et le réparer pour acheter un nouveau véhicule. Ceci, alors même que les études montrent que plus l’entretien est cher, moins les consommateurs achètent de voitures et que selon l’Observatoire des Mobilités et des Arbitrages automobiles du BIPE, 80 % des Européens annoncent qu’ils utiliseraient davantage leur voiture si elle leur coûtait moins cher.
Tout cela n’est pas réjouissant me direz-vous mais il faudra bien faire avec… ou plutôt sans. Alors ne tirons pas de plans sur la comète mais faisons encore mieux notre travail chaque jour pour satisfaire et garder nos clients.