Réparateurs : la pièce, toujours source principale de marge
Est-ce qu'un réparateur gagne encore sa vie avec la réparation automobile ? Comment réagit-il face aux différents enjeux du secteur que sont la complexification des véhicules, ou encore la concurrence des réseaux constructeurs et du web ? Deux réparateurs, Didier Allaire, co-associé du garage de la Juine à Lardy (91), et François Bonté, dirigeant de la carrosserie Bonté à Yvetot (76), se sont prêtés au jeu des questions-réponses dans le cadre d'une table-ronde organisée par l'Association des Journalistes Techniques et Economiques (AJTE).
Le libre choix du réparateur?
Les deux professionnels de la réparation échangent chaque jour sur le sujet, rappelant régulièrement à leurs clients que l'assureur ne peut leur imposer un réseau de réparation. "Si l'assureur leur indique l'inverse, je demande toujours à mes clients qu'ils réclament à leur assureur un écrit et je me charge de tirer l'affaire au clair", s'emporte François Bonté, propriétaire d'une carrosserie qui réalise 1,8 millions d'euros de CA. Didier Allaire passe également beaucoup de temps à discuter avec ses clients du libre choix, et plus globalement, il prend le temps de détailler toutes les opérations qui sont réalisées à l'atelier. L'objectif consiste à renforcer la confiance entre l'automobiliste et le garage et ainsi à travailler la fidélisation.
MRA, toujours une activité viable et rentable?
Du côté de la carrosserie, François Bonté dénonce certains agréments. Il en a conservé trois, qui restent attractifs financièrement. Et, pour développer son chiffre, l'entrepreneur a récemment engagé un commercial afin de démarcher les flottes locales. Et les remises jadis concédées aux assureurs se voient directement concédées aux clients.
En réparation mécanique, Didier Allaire est à la tête d'un garage qui se porte très bien, annonçant une vingtaine d'entrées par jour. En revanche, le dirigeant applique une politique de tarifs fluctuants selon les saisons. En période creuse, les marges se réduisent afin de remplir l'atelier, tandis qu'en période de rush, avant l'été par exemple, le bénéfice devient plus important. La variation peut atteindre 15 à 20 %, selon les mois de l'année.
La fidélisation passe également par l'ajout de services : véhicule de courtoisie, stockage des pneus hiver, ou encore vente de VN ou de VO. "Nous ne laissons rien de côté. Tout est fait pour que le client reste au sein de notre entreprise," assure Didier Allaire.
Malgré tout, la pièce reste la principale source de marge pour les réparateurs. Le Garage de la Juine affiche un T1 à 59,5 euros et la carrosserie Bonté à 48 euros. "Nous nous calons sur les tarifs des constructeurs en local, et je procède toujours à une révalorisation annuelle de mes taux, explique François Bonte. Malgré tout, nous gagnons plus sur la pièce que sur la main d'oeuvre car parfois le barême constructeur annonce deux heures de recherche de panne et nous en avons passé le double. Il est difficile de facturer aux clients ce temps supplémentaires. Et dans le cas de la carrosserie, nous restons tributaire de l'assureur et cette année la Maif a dit : O % d'augmentation!"