Trop chère l’assurance auto ?
Les conséquences en cas d’accident, surtout corporel, sont trop graves pour être ignorées par les automobilistes en question et pour que cette situation soit seulement le fait de négligence ou d’incivilité.
Selon le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires, ce serait 1 à 2 % des conducteurs qui seraient en défaut et cela concernerait pour plus de la moitié des cas la catégorie des moins de 35 ans, à relier sans doute à la situation économique de cette même catégorie.
Le slogan d’hier “l’assurance ne coûte cher qu’avant l’accident”, toujours d’actualité, ne fait donc plus beaucoup d’effet.
En parallèle avec ce triste constat, et toujours selon les médias “les vols de pièces détachées repartent de plus belle, en France”. Pièces carrément “prélevées” sur des véhicules en stationnement pour alimenter un marché noir qui ne concerne pas que des produits “de luxe” provenant de véhicules Premium, mais plus prosaïquement des pièces de carrosserie, pare-chocs, blocs optiques, rétroviseurs. Toutes ces fameuses “pièces visibles” qui sont, au fil du temps et des hausses de tarif confortables successives, devenues de vrais produits de luxe alors qu’il ne s’agit pourtant que des véhicules très “franco/français” et souvent d’un âge avancé (Twingo - Clio - 206-307…).
Une récente étude du GIPA met, par ailleurs, en évidence des chiffres là encore très instructifs : sur un total de 10,5 millions de chocs et accidents enregistrés en une année, 33 % seulement ont fait l’objet d’une déclaration à l’Assurance.
Evidement, il ne s’agit pas toujours de gros chocs et la franchise fait son effet. Pour 100 accidents/chocs dont 33 ont été déclarés à l’assurance, 27 ont fait l’objet d’une réparation (6 ne l’ont pas été). En parallèle, sur les 67 non déclarés à l’assurance, seuls 13 ont fait faire les réparations, donc à leurs frais. Ce qui veut dire encore que 54 ont laissé leur véhicule en l’état. Au total, ce sont donc 60 % des véhicules concernés par un choc ou un accident qui n’ont pas été réparés, et on arrive à cette conclusion que les professionnels n’ont été sollicités que dans 40 % des cas. Sur ces 40 cas 17 ont été payés par l’assurance et 23 ont été payés par l’automobiliste.
60 % des accidents/chocs non réparés : Quel marché potentiel à saisir pour les professionnels !
Que de valeur et d’emplois à créer avec ces 6 millions de chocs et d’accidents aujourd’hui non réparés !
Cela soulève en tout cas beaucoup d’interrogations : Pourquoi 60 % des chocs et accidents sont non déclarés ni réparés ? Pourquoi cette recrudescence de vol de pièces y compris de pièces carrosserie dites “visibles” ? Pourquoi ces conducteurs inconscients qui roulent sans assurance ? Quel est donc le lien entre toutes ces interrogations et surtout les réponses ?
Bien évidemment, la crise économique liée à la crise politique (ou l’inverse) et le pouvoir d’achat en baisse viennent en premier dans notre réflexion. Mais cela peut masquer une autre réalité : le prix excessif des pièces de chocs, tout particulièrement sur les véhicules populaires et qui avec l’âge, perdent de leur valeur initiale. D’un côté, nous avons ces véhicules détenus par des citoyens de plus en plus défavorisés et, de l’autre, des produits, qui, au contraire, voient leurs prix croître de manière indécente. “Merci le monopole dont bénéficient les constructeurs” (Sic). Et les modérations tarifaires observées ces derniers mois ne sont pas prêtes d’effacer une décennie de hausse des prix de ces pièces.
Alors, bien sûr, il n’est pas question d’excuser ces conducteurs inconscients qui roulent sans assurance, ni bien sûr les voleurs qui pillent les voitures, ni même ceux qui ne font pas réparer des dégâts préjudiciables à la sécurité (phares-feux-rétroviseurs-pare-chocs…), mais on doit aussi se poser la question : sont-ils seuls et totalement responsables ? Sans doute devant la loi mais qu’est-ce qui peut les pousser à de telles extrémités ?
Peut-être, indirectement, tous ceux qui profitent abusivement de ce monopole sur les pièces de carrosserie qui conduit à des réparations trop chères jusqu’à devenir inaccessibles pour certains consommateurs, ou/et les politiques qui laissent perdurer ce monopole à défaut de savoir prendre une juste décision, celle qu’ont prise depuis longtemps maintenant les gouvernements d’autres pays de l’Union européenne, au bénéfice de la concurrence et du pouvoir d’achat de leurs citoyens.
A défaut d’une décision prise par le haut, des réponses s’imposeront d’elles-mêmes par le bas, dans la débrouille bonne et mauvaise telle qu’évoquée précédemment, et peut-être… dans les urnes.