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Distribution

La ballade de Nexus

Publié le 26 juin 2014
Par Hervé Daigueperce
4 min de lecture
Nexus à Bruxelles, Nexus à Istanbul, Nexus à Dubaï, les adhérents s’exhibent avec une assurance tranquille sur les grands salons de la profession. Premier tour d’horizon.
Bart Van Gael, président de BCC et de Nexus Belgique.

Bien que les grands groupements traditionnels nationaux et internationaux semblent afficher une indifférence correcte vis-à-vis de la naissance de Nexus International, les mouvements de ce nouveau venu interpellent. D’autant que, dans le même temps, les ambitions de LKQ en Europe ont de quoi inquiéter les poids lourds du secteur. Indiscutablement, et pour ne parler que de la France, les lignes ne font pas que bouger, elles sont en train de s’étirer jusqu’aux frontières les plus éloignées. Les partis traditionnels, là aussi, comme ailleurs, auraient-ils créé des béances pour d’autres acteurs ? Toujours est-il que la distribution indépendante, en France tout au moins, n’aura pas le même visage à la fin de l’année. Et pour revenir sur Nexus, dont le paysage, en France, devrait également surprendre prochainement, ses acteurs, peu connus, rappellent les débuts d’Autodistribution ou de Groupauto, mais envisagés dans un prisme marqué par l’internationalisation et l’électronique. Nous avons rencontré sur Autotechnica, à Bruxelles, Bart Van Gael, l’administrateur de Henrard et président de BCC (Benelux Carparts Corporation), soit Nexus Belgique, et à Istanbul Selami Tülümen, le président de Dynamik Otomotive, soit Nexus Turquie. Dans notre prochain numéro, nous vous présenterons Nexus Jordanie, le porteur des clés du Moyen-Orient…

BCC plus fort que Doyen ou Van Heck

Reconnaissons-le, ce titre se veut volontiers provocateur, mais la réalité n’en est pas loin puisque, sur la Belgique, le chiffre d’affaires des six entreprises constituant le groupement BCC s’avère plus important (plus de 85 millions d’euros avec 360 personnes) que celui réalisé par les deux grands noms de la distribution de ce côté des Ardennes. Cependant, l’ambition de Nexus Belgique n’a rien à voir avec ses concurrents, elle se veut circonstanciée et nationale. Fondé il y a sept ans, BCC a d’abord rassemblé trois belles entreprises de distribution belges, Prosec, Druant et De Jonghe Autoparts, puis en a accueilli trois autres, Henrard Roxauto Ottorem, Sergoyne Car-Parts et Autoenderdelen Theuwissen, complétant ainsi un maillage national complet (à 95 %). Celles-ci, commente Bart Van Gael, “sont indépendantes, très actives, et ne voulaient pas devenir adhérentes de Van Heck ou de Doyen. Mais rester indépendant suppose d’avoir plus de poids au niveau des volumes d’achats. D’où notre choix de créer un groupement, qui respecte les identités de chacun”. BCC leur sert, en effet, pour acheter en gros, mais sans qu’il soit question de dépôts communs. Chacun se dépanne auprès de l’autre en cas de besoin, mais l’un peut être plus fort sur une famille de produits, et aura donc un stock plus important. Cependant, si les achats sont communs, les livraisons se font dans chacune des entreprises en direct des fournisseurs : “Nous ne voulons pas faire de magasin central qui mange de la marge”, poursuit Bart Van Gael, avant d’apporter des précisions sur les débuts du groupement : “Au début, nous ne pesions pas lourd et il était difficile d’exister auprès des fournisseurs. Nous cherchions les équipementiers de marques d’origine pas ou peu présents en Belgique et nous avons obtenu des accords exclusifs, comme avec Dayco. Aujourd’hui, les grands producteurs ne peuvent plus nous ignorer, d’autant que, dans un marché en récession, nous réalisons tous entre 10 et 15 % de progression par an, en restant chacun dans sa région et en adoptant les points forts des uns et des autres sans vouloir nous concurrencer.”

La voie Nexus de BCC

Sur Autotechnica, BCC affichait 500 m2, une première sur un salon qui était jusqu’alors marqué par la prééminence de Doyen (qui occupait presque un hall encore cette année) et Van Heck Interpieces, qui a préféré, pour cette édition, se dissocier en recevant ses clients directement sur sa plate-forme nationale de Bruxelles. Et 500 m2, dans le hall principal, c’est un message fort envoyé aux professionnels de Belgique, et de Belgique seulement : “Nous n’avons pas vocation à franchir les frontières, mais rien n’exclut que nous travaillions avec des partenaires hollandais, via Nexus”, signale Bart Van Gael, livrant au détour d’une phrase l’une des raisons pour lesquelles BCC a choisi de rejoindre ce nouveau groupement. “Dans les autres groupements internationaux, nous trouvions qu’il y avait trop de gens et que nous n’arriverions pas à gérer notre propre marché. Nous voulions une certaine exclusivité que nous ne pouvions pas obtenir chez Temot International ou ATR, par exemple.” Par ailleurs, BCC a été séduit par un service achat commun tourné vers l’Europe et aussi l’Asie, alors que la mise sous enseigne des garages, par exemple, ne l’intéressait pas : “Les garagistes, chez nous, n’éprouvent pas ce besoin d’appartenir à une enseigne. Ce qui n’empêche pas nos entreprises de signer des accords pour Autocrew, Bosch Car Service, Diagnostic Premium, etc.” Echanger des idées, des services, sans se doter de contraintes trop lourdes, c’est ce que recherche BCC. Et puis, il y a la Jordanie comme membre, un adhérent en forme de promesse…

Dinamik Otomotiv, la dimension turque

Numéro un en Turquie, Dinamik Otomotiv est également un groupe d’origine familiale, comme la plupart de ceux que nous venons d’évoquer, et arbore aussi les couleurs de Nexus International dans sa vocation entrepreneuriale. C’est surtout ce dernier point qui définit l’action de Selami Tülümen, le président-directeur général de Dinamik Otomotiv, une société qu’il créa en 1986, mais qui devint vraiment, au cours des cinq dernières années, le numéro un en aftermarket dans ce pays en pleine ébullition. Comme le reconnaît Gaël Escribe, le fondateur de Nexus International, “Selami Tülümen est un vrai entrepreneur qui a dépensé beaucoup d’énergie pour arriver à ce niveau-là, et qui en déborde encore, car en devenant Nexus Turquie, il a clairement affiché sa vocation régionale et en particulier tournée vers l’Iran. Ce qui se ferait avec un distributeur local”. Dinamik Otomotive affiche déjà un chiffre d’affaires proche de la centaine de millions d’euros et devrait atteindre, selon les prévisions, les 150 millions en 2016. Ce qu’il recherche chez Nexus ? “La valeur ajoutée de Nexus pour Selami Tülümen se situe au niveau des achats, dans lesquels il aura un rôle à jouer au niveau du board, et aussi dans sa dimension internationale vers le Moyen-Orient”, ajoute Gaël Escribe, qui précise que “si Dinamik Otomotiv est numéro un, cela ne l’empêche pas d’éprouver des difficultés à capter l’attention des équipementiers reconnus”. Avec une vingtaine d’entrepôts en propre, Selami Tülümen a pourtant de quoi séduire, sans compter qu’il a déjà ouvert un bureau à Shanghai. Nexus International serait alors un bouquet de solutions pour distributeurs et importateurs épris d’indépendance, et avides de nouveaux terrains de jeux ? Une alternative en tout cas. A suivre.
 

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