Comment Neoriv veut conquérir le marché de la clé automobile

L'enseigne Norauto, le groupement ID Rechange et maintenant le réseau AD, Hassan Bahsoun est le passe-partout des ateliers de réparation. Le fondateur de Neoriv a percé un marché jusque-là réservé aux cordonniers multiservices, celui de la reprogrammation de clés automobiles. En fournissant les outils, mais aussi les connaissances via son entité Incarline, il a popularisé au sein des enseignes de réparation cette activité en plein essor.

Depuis l'arrière-pays montpelliérain, les deux sociétés de Hassan Bahsoun investissent et forment les réparateurs à ces diverses prestations. Partenaire des enseignes, Neoriv intervient comme une solution externe, approuvée par la centrale, à laquelle les garages affiliés peuvent recourir. Le spécialiste de la clé s'adresse également aux MRA qui souhaitent diversifier leur activité. Ce large panel de clients a permis à Neoriv de dégager près un chiffre d'affaires de 1,3 million d'euros en 2023, au terme de douze années d'activité.

Populariser le métier

"Lorsque j'ai lancé Neoriv, la clé automobile n'était alors qu'une niche", commence Hassan Bahsoun. "Nous avons donc débuté par le plus simple, fournir des coques de clés génériques aux professionnels. Il arrive souvent qu'elles soient défectueuses alors que le circuit intégré est fonctionnel. Pour le client, la facture est alors bien moins lourde que dans une concession. Il y avait un vrai marché et j'ai eu la chance d'avoir rapidement la centrale Norauto comme client."  

Fort de cet engouement et de ces nouveaux clients, le dirigeant de la société montpellieraine décide de creuser le sujet. "Notre activité était boostée et il devenait évident que nous devions aller plus loin. Neoriv devait se développer en intégrant plus de technicité." Pour ce faire, Neoriv se spécialise sur la partie électronique des clés automobiles. L'entreprise cherche alors à proposer des transpondeurs et des circuits intégrés complets, avant de comprendre que l'enjeu réel est de faire évoluer ce nouveau métier au sein des ateliers.

"Les cordonniers multiservices possèdent la technique pour tailler les lames ainsi que pour le simple clonage des transpondeurs de clés afin d'en faire des doubles, mais ils sont bloqués lorsque la technique demande une intervention concomitante sur le véhicule, notamment avec le diagnostic, en branchant la valise sur le véhicule. D'autre part, les réparateurs automobiles maîtrisent la prise OBD et la valise, mais l'ébauche des clés et la nomenclature des lames est un facteur bloquant."

Une solution : la formation

Pour répondre à cette dernière problématique, Hassan Bahsoun fonde Incarline en 2020. Certifiée Qualiopi, cette entité, dérivée de Neoriv, se destine pleinement à la formation des techniciens dans les centres autos. Durant deux jours, les formateurs mettent alors la théorie en pratique au moyen d'outils reproduisant les différents cas de figure auxquels peuvent être confrontés les six techniciens de la session.

"On passe en revue chaque situation qui pourrait se produire selon le modèle de voiture. Le technicien apprend alors à reconnaître le type de lame, de transpondeur, si la clé du véhicule est clonable ou reprogrammable, si l'on peut lire le code et s'il est nécessaire d'utiliser une valise", ajoute le chef d'entreprise.

Une base de données qu'il juge "indispensable" se greffe à la formation et est disponible sur abonnement par la suite. Les 800 fiches sont enrichies en permanence et accessible sur le site Basecle.com. Celui-ci recense un maximum de véhicules. En quelques clics, le technicien peut y trouver la fiche de son modèle, contenant des informations techniques, le type de boîtier à utiliser, la technique et le temps nécessaire ou encore le code du programme.

Surtout, un tutoriel vidéo de quelques minutes, spécifique au modèle recherché, permet au technicien de se rafraîchir la mémoire. Enfin, Incarline possède également un service de support technique par téléphone ou visioconférence.

Le matériel approprié

Au-delà du service de formation que propose la seconde société de Hassan Bahsoun, un pack de matériels et d'outils est proposé par Neoriv. Chaque atelier devant être équipé pour effectuer les opérations et les techniques acquises. "Ne serait-ce que pour la simple reproduction de clés, il est nécessaire d'installer une suite de matériels", précise le fondateur.

Ainsi, deux machines portatives servent à la taille des lames fraisées et crantées. Une machine multifonction suit pour la partie électronique. Elle permet de générer des télécommandes universelles par la lecture du transpondeur et son clonage, elle sert par ailleurs de fréquencemètre. Enfin, par le biais d'un partenariat avec Autech (distributeur en France des produits Autel), Neoriv fournit deux valises de programmation de clés par OBD et par DUMP.

Pour débuter une activité de reproduction de clés, un atelier devra débourser 5 000 euros HT pour l'ensemble équipement, formation et support technique pour un temps donné. Il est aussi possible de procéder au leasing de ces machines pour environ 130 euros par mois pendant trois ans, en plus de la formation, facturée 1 500 euros.

Mais cette somme est vite rentabilisée, selon Hassan Bahsoun : "Il est facile de convaincre que cette activité est rentable au regard de l'investissement de base. La marge dégagée pour la reproduction d'une clef et le temps nécessaire démontrent qu'il en suffirait presque d'une seule par mois pour rembourser le leasing".

Il faudrait en moyenne 10 à 30 minutes selon la voiture pour programmer une clé, tandis que le coût de revient varie de 5 à 25 euros selon la technologie. L'intervention peut ensuite être facilement facturée dix fois ce prix tout en restant plus avantageuse qu'en concession pour le client.