Hella lance son réseau de fast-fitters
Hella exposait pour la deuxième fois sur le salon AMR, mettant en avant son offre d’équipement de garage, commercialisée depuis un an par une équipe dédiée à cette activité. L’offre, positionnée sur le haut de gamme, se compose des produits Hella avec les testeurs de batterie ou les réglo-phares, de la marque Hella Gutmann pour les outils de diagnostic, et d’équilibreuses et démonte-pneus Nussbaum. En effet, l’équipementier a conclu un accord avec le fabricant pour la Chine, “afin d’attaquer le marché avec une offre globale, commente Lionel Vautrin, directeur général d’Hella Chine. Par ailleurs, les réseaux de réparation rapide se trouvent en pleine croissance, et se concentrent majoritairement sur les opérations liées aux pneumatiques. Il était donc impératif de proposer des produits, comme ceux de Nussbaum, qui répondent à leur besoin. Concernant Hella Gutmann, nous disposons désormais d’une offre adéquate, puisque nous avons adapté les bases de données au parc chinois. Toutefois, le marché indépendant se montre peu formé à utiliser ce type de produits, davantage présents chez les constructeurs ou chez les gros garagistes spécialisés”.
Question distribution, Hella approvisionne uniquement le créneau des indépendants, à savoir les distributeurs spécialisés, et vend également directement aux garages quand ces derniers se trouvent sous une enseigne avec laquelle Hella a conclu des accords. Les réseaux de pneumaticiens dominent la réparation rapide, Michelin en tête, suivi de Bridgestone, Goodyear et, depuis peu, Continental qui démarre. L’ensemble des clients est livré depuis l’entrepôt central de Shanghai.
Toutefois, pour Lionel Vautrin, le nombre d’enseignes ne permet pas un bon maillage et, surtout, la rechange indépendante peine à se structurer… L’équipementier a donc décidé de lancer son propre réseau ! Le premier magasin a été ouvert en mai 2012. Le temps de trouver des prospects et d’éprouver le concept, les nouvelles ouvertures se feront d’ici mai 2013, pour atteindre cinq centres. L’objectif étant d’en ouvrir trente en propre d’ici deux ans. “Nous suivons la tendance du marché, explique le directeur général. Le parc se révèle jeune, avec un âge moyen autour de 4 ans, demandant des opérations de maintenance simples, comme le freinage ou le changement de pneumatiques. Nous nous préparons également à ouvrir ce concept à la franchise, mais nous devons d’abord ouvrir un minimum de centres pour remplir les conditions légales afin de devenir franchiseur.”
Des indépendants qui peinent à se structurer
Le marché de la rechange indépendante se trouve à l’heure actuelle très atomisé, avec plus de 300 000 garages, souvent spécialisés dans une marque. Il s’agit bien souvent de petites structures, qui s’équipent un peu, mais ne disposent pas de tous les outils nécessaires, faute de financement. Et de formation. Un système de prêt s’opère entre les différents acteurs, via un accord non formel. Au final, 65 à 70 % des interventions sont réalisées au sein des réseaux constructeurs. Il est vrai que le maintien de la garantie du véhicule reste encore conditionné à l’entretien exclusif chez le concessionnaire. Pour Lionel Vautrin, “la part des indépendants montera progressivement, mais il reste encore beaucoup à faire pour structurer la distribution et la réparation. Et sur ce point, les équipementiers ont un rôle important à jouer. Ainsi, TecDoc commence à monter en puissance, et la base de données se trouve plus complète avec davantage de données d’équipementiers”.
Par ailleurs, les équipementiers, notamment européens et américains, cherchent d’ores et déjà à faire entendre la voix des indépendants, et militent avec la CAF, l’équivalent du Clepa en Europe, pour défendre leur cause. Parmi les dossiers abordés, la bataille commence déjà pour l’accès aux informations techniques, ainsi que pour le maintien de la garantie en cas d’entretien hors des réseaux constructeurs, ou encore le respect des brevets.
La dernière étude publiée par la CAF, qui dresse une feuille de route parmi les sujets à aborder, classe dans son Top 3 des priorités l’absence de réseau structuré pour contrer l’OES, la formation, et la concurrence commerciale locale. En effet, la demande du marché est telle, que les fabricants chinois vendent désormais davantage en local, diminuant l’export et dopant le jeu de la concurrence. Quant à la formation, elle représente également un énorme chantier chez les indépendants, qui ne disposent pas de filière adaptée. Les constructeurs possèdent leur propre école et les équipementiers, à l’instar d’Hella, offrent leur propre formation. En effet, les universités délivrent quelques diplômes, mais les jeunes ne disposent pas pour autant d’une bonne connaissance de la structure du marché. Et le mot “aftermarket” reste une pure inconnue… “Les choses évoluent doucement, précise Lionel Vautrin, et cela demande un fort lobbying auprès des différents organismes et associations.”