Carole Palfray, BASF : la chimie sans chichi

Une trajectoire linéaire pour une personnalité déterminée. Voilà comment pourrait se résumer, jusqu’ici, le chemin professionnel de Carole Palfray. Posée et terre-à -terre, la jeune femme égrène les étapes de son parcours sans forfanterie, alors qu’elle a déjà relevé bien des défis. À commencer par celui qui l’animait plus jeune, elle qui ambitionnait de voir son travail tous les jours dans la rue…
Diplômée de l’école de chimie de Compiègne (60), l’Escom, Carole Palfray s’est prise au jeu de cet univers si technique, et intègre alors l’université de technologie de Compiègne, où elle décroche un master en génie des produits. L’UTC va lui donner beaucoup plus qu’un diplôme.
Férue de voyages, elle part à cette époque pendant un an aux États-Unis, à Washington, nourrissant son envie de découvrir le monde. La fin de son cursus lui permet surtout de faire ses premiers pas professionnels. En 2016, un stage la conduit chez Colas. Un véritable tremplin puisqu’elle sera embauchée dans la foulée par Aximum, filiale du groupe de travaux publics, au département produits de marquage.
"Cette expérience m’a beaucoup apporté en termes de développement produits, retrace-t-elle. Et aussi sur le plan humain puisque je travaillais avec une équipe très expérimentée, j’allais aussi sur les chantiers…"
Jamais confrontée à la misogynie de ses collègues – "même si j’ai bien conscience que ça existe", précise-t-elle – Carole Palfray doit malgré tout faire sa place dans un univers très masculin. La nécessité de s’affirmer va ainsi de pair avec ce besoin de grandir et de maîtriser son sujet. Ce qu’elle trouve chez Colas puis chez BASF, groupe qu’elle intègre en 2018.
Une vision à 360°
Rejoindre le chimiste constitue une réelle opportunité. Déjà parce qu’il lui ouvre de nouvelles perspectives, mais aussi parce qu’il lui propose un cadre sur mesure pour découvrir son environnement. "En entrant chez BASF, j’ai intégré le programme Pépinière, destiné à des salariés ayant moins de cinq ans d’expérience et qui permettait de travailler sur des projets spécifiques et transverses. C’était vraiment très enrichissant."
Cette ouverture d’esprit sera d’ailleurs le véritable fil conducteur de sa carrière chez BASF. En 2020, elle rejoint l’équipe excellence opérationnelle et complète son champ technique avec des notions de budget, de gestion de projets, de lead management, etc. Deux ans plus tard, nouveau défi.
En prenant la tête des vernis automobiles pour la première monte et les équipementiers, elle se confronte à des géants du secteur (Renault, Stellantis…). "C’était très challengeant. Ces groupes ne sont pas forcément évidents, mais on travaille en équipe, avec un objectif toujours orienté vers les besoins clients."
Il faut croire que ce pari a été largement relevé. Assez en tout cas pour permettre à Carole Palfray d’être promue au poste de responsable technique pour l’Europe de l’Ouest, en 2024, après le départ à la retraite de Thierry Leclerc. Ce personnage charismatique était une encyclopédie vivante de la peinture automobile.
Lui succéder n’en était que plus difficile. "Bien sûr que cela n’avait rien d’évident, mais c’est le genre d’opportunité qui ne se refuse pas, affirme-t-elle. Ça m’a sortie de ma zone de confort. Et puis, Thierry m’a accompagnée pendant trois mois pour bien appréhender tous les dossiers."
Elle sait qu’aujourd’hui, tout reste encore à construire et n’ambitionne rien d’autre que "de continuer à s’éclater". Et de conclure avec humilité : "J’ai encore beaucoup à apprendre avant d’aller plus loin."