Patricia Condamine : nouveau départ
C'est une page qui est tournée et que Patricia Condamine ne veut plus revivre. La vie d'entrepreneur n'est jamais un long fleuve tranquille. Cette vérité, la patronne de la carrosserie Condamine l'a récemment vécue mais dans le fond, elle la connaît depuis toujours. En août 1980, alors qu'elle est âgée de 2 ans, ses parents René et Michelle reprennent cette entreprise en faillite à Aurillac (15).
Fille unique, elle les voit, durant son enfance et son adolescence, s'investir corps et âme pour cette affaire. "Je les ai tellement vu galérer… se souvient-elle. Cette entreprise passait avant tout. C'était toute notre vie. Quand tout va bien, ce n'est pas un problème mais quand ça va mal, alors tout tourne autour de ça."
Si elle se promet en grandissant de ne pas vivre ce sacerdoce, à l'heure de choisir sa voie, elle opte en 1999 pour un BTS et intègre la carrosserie familiale. Dans les années 2000, elle découvre toutes les facettes de cet univers, se forge une place tout autant que des idées, et se forme aussi à la gestion d'entreprise. En 2011, elle prend la relève de ses parents. Un passage de témoin sans accroc car bien préparé.
Mon père m'a toujours inculqué ça : il ne faut jamais dépendre de personne, et toujours tout anticiper. En 2011, on était tous à notre place, et ce changement n'a eu aucune conséquence pour l'entreprise.
Avec le soutien d'Axial sur son cœur de métier, mais aussi de Rent A Car pour la location, de Point S pour l'entretien auto et d'A+Glass pour le vitrage, les affaires de Patricia Condamine se portent bien. Ce qui incite la dirigeante à se développer ailleurs. Un deuxième atelier voit le jour en 2011 à Saint-Flour, puis un troisième en 2018 à Murat. C'est là que l'histoire bégaye.
Crise sur crise
En mars 2020, le Covid-19 touche de plein fouet l'activité carrosserie. La dirigeante s'implique 7 jours sur 7 pendant des semaines pour maintenir son entreprise à flot. Elle y laisse son énergie et son moral. Touché par la crise sanitaire et nécessitant des investissements de modernisation, le site de Saint-Flour ferme ses portes. Impacté aussi par la situation et peinant à décoller depuis son ouverture, celui de Murat fait de même. De quoi atteindre la patronne en plein cœur.
"J'ai hyper mal vécu cette situation. Ces fermetures ont engendré cinq licenciements économiques… Je ne veux plus jamais vivre ça." Comme un problème n'arrive jamais seul, des soucis personnels vont venir chambouler encore un peu plus Patricia Condamine. Divorcée de son mari, qui était chef d'atelier, elle doit regagner la confiance de ses fournisseurs.
J'avais tout anticipé, sauf ça. Je pensais que ce genre de problématique était derrière nous, mais pas totalement. Dans le fond, ça ne change rien, d'autant que c'est moi qui avais formé mon ex-mari sur ce poste, mais c'était tout de même pénible à vivre.
Le temps de la résilience
Aujourd'hui, paradoxalement, on sent chez elle une forme de sérénité retrouvée. Passionnée par son métier, elle a pu, par la force des choses, se recentrer sur cette belle affaire d'Aurillac où les 14 salariés traitent 1250 voitures par an (pour un CA de 1,8 million d'euros). Depuis l'an passé, elle est aussi secondée par sa fille, qui emprunte le même chemin qu'elle. À 44 ans, Patricia Condamine n'envisage pas encore la transmission. Elle préfère accompagner (plus qu'encourager) sa fille dans sa construction.
Pour le reste, la dirigeante a beaucoup investi en matériels et en formation, de sorte à ne pas être décrochée vis-à-vis des évolutions technologiques. "L'avenir sera difficile pour les carrossiers, donc il est important de ne pas prendre le train en retard", conclut-elle.