Prefikar lance La Garagerie 91, sa carrosserie succursale

C’est au sein de vastes locaux situés à Villebon-sur-Yvette (91), que La Garagerie 91 a ouvert ses portes en avril dernier. Le petit monde de la carrosserie n’a pas mis longtemps à apprendre que cette entreprise est présidée par Thomas Kretzchmar, président de Prefikar, et gérée par Frédéric Ambigaipalan, dirigeant du groupe Ouest Parisien. Ce dernier détient notamment l’impressionnante carrosserie GOP Services Centre Technique à Gonesse (95), agréé par Direct Assurance.

Investissements hors normes

Les installations de La Garagerie 91 sont plutôt hors normes : vastes zones de prise en charge et d’expertise des véhicules, grands ateliers lumineux, aires de préparation et cabines de peinture Weinmann, multiples tables élévatrices, outil DMS de pointe… Sans oublier une flotte de plus d’une cinquantaine de véhicules de prêt. "C’est une carrosserie d’assureur, comme un carrossier n’en fait pas. Car l’investissement nécessaire est trop difficile à amortir", affirme un témoin.

Mais, "la principale problématique, c’est que Prefikar installe une carrosserie au milieu d’autres qu’il a agréés", précise un second observateur. De fait les réparateurs agréés de Morangis et Fontenay-lès -Briis (91), ainsi que de Fresne (94) peuvent logiquement se sentir menacés. Certains d’entre eux pourraient même subir des engagements de volumes revus à la baisse par Prefikar… Alors même qu’ils ont lourdement investi ces dernières années pour absorber les importants flux envoyés par Axa et Direct Assurance.

Répondre à une insuffisance

Détail intéressant : l’emploi de la peinture Sikkens à La Garagerie 91 confirme la nouvelle stratégie d’ouverture de son propriétaire. Alors que Nobilas a longtemps imposé la marque PPG à ses agréés, la plateforme renoue aujourd’hui avec son ancienne maison mère, AkzoNobel, qui l’avait revendue à Innovation Group en 2007.
Depuis son changement de nom, la centrale de gestion de sinistres semble donc s’ouvrir à de nouvelles marques de peinture, à la fois pour rompre sa dépendance à un seul fabricant et pour faciliter le recrutement de nouveaux carrossiers dans son réseau.

"L’autre point important, c’est qu’Avenssur [maison mère de Direct Assurance et filiale d’Axa, ndlr], principal pourvoyeur de Prefikar dans la région, n’a jamais eu suffisamment de garages agréés en Ile-de-France pour répondre à tous ses besoins. Les grosses structures existantes restent insuffisantes", affirme un connaisseur du dossier. Il précise que la plateforme de gestion de sinistres aurait ainsi autrefois été victime de réparateurs défaillants (notamment dans le 93 et le 95), qui l’auraient ponctuellement laissé avec de nombreux chantiers sur les bras. "Elle a donc besoin de sécuriser ses flux et La Garagerie répond probablement aussi à ce problème".

Un laboratoire pour tester de nouvelles approches

Pour l’instant, Prefikar ne souhaite pas communiquer sur cette installation. "A ce stade nous en sommes encore à la mise en place et il est trop tôt pour en tirer des leçons", y affirme-t-on. Néanmoins, le gestionnaire de sinistres dément certaines rumeurs, en particulie celle annonçant la future création d’un réseau La Garagerie sur le territoire national. Un projet qui ne semble pas faire partie des desseins de la plateforme.

Pour la filiale d’Axa, La Garagerie 91 est d’abord un laboratoire. Ce site est dirigé de manière indépendante et doit permettre de "tester des approches différentes et de nouvelles méthodes, tout en restant strictement conforme aux conditions et mécanismes contractuels pratiqués partout ailleurs". Avec La Garagerie 91, Prefikar peut ainsi se rapprocher de la réalité du terrain pour observer tout ce qu’il est possible de fluidifier dans le parcours client lié à la réparation collision, comme la place de l’expertise par exemple.

Pour autant, certains observateurs restent circonspects quant à cette initiative, estimant que l’assureur pourrait y laisser quelques plumes. Un acteur avisé du secteur, souhaitant aussi garder l’anonymat, confie ainsi que "Prefikar veut probablement démontrer que son modèle fonctionne" en essayant de "réinventer la poudre, sans tenir compte des leçons du passé". Il cite l’expérience de l’assureur GMF, qui avait dû revendre ses dernières carrosseries Carex (réseau Étoile) en 2003. Malgré d’importants investissements, le groupe n’avait pu rentabiliser ses ateliers…