Que cache la hausse de la valeur de remplacement des véhicules ?
C’est du jamais vu de mémoire d’experts. Dans une récente étude, BCA Expertise nous apprend que la valeur de remplacement du véhicule (VRADE), relativement stable depuis des années, a connu une forte augmentation l’an dernier. Mesurée en décembre 2022, l’inflation de cette valeur a triplé en un an avec un bond de 15 % contre environ 5 % les années précédentes.
Plusieurs facteurs conjoncturels peuvent justifier cette progression. Il y a, tout d’abord, la baisse de production des véhicules neufs due à l’épidémie de Covid-19 et la pénurie des semi-conducteurs. Ce phénomène a entraîné une chute des immatriculations VN avec une baisse historique de 25,5 % en 2020, suivie par deux autres années de recul.
Autre fait notable : la diminution des déplacements (- 17 % de circulation en 2020) automobiles, liée aux confinements consécutifs puis au développement du télétravail. Les véhicules sont donc moins kilométrés relativement à leur âge, ce qui engendre l’application de plus-values dans le calcul des valeurs de remplacement. L’impact de ce phénomène est estimé à +3,6 % de plus-value (sur le total des 15 % d’inflation).
Le marché VO, responsable majeur de la hausse des valeurs
Ces deux facteurs ont perturbé les niveaux de l’offre et de la demande, favorisant l’essor du marché de l’occasion. Malgré un repli des ventes de véhicule de seconde main en 2022, le rapport VO / VN reste très largement supérieur à 2019 avec 3,5 VO vendus pour 1 VN. Fait intéressant : les véhicules âgés de plus de 2 ans présentent des niveaux d’inflation entre 15 et 20 %.
"Le marché du véhicule d’occasion s’est déstructuré avec un décalage entre l’offre et la demande de véhicules à la vente. Si la reprise de la production des véhicules neufs semble amorcée, pour autant cela prendra du temps afin d’équilibrer l’offre avec les nouvelles consommations de la mobilité", estime Jean Prévost, directeur général de BCA Expertise.
Des véhicules électrifiés plus onéreux
Pour justifier la hausse des valeurs de remplacement, BCA Expertise met aussi en avant l’augmentation de la des véhicules électriques et hybrides dans le parc. Leur part a triplé depuis 2020. Or ces modèles affichent une valeur de remplacement en moyenne de 15 000 €, ce qui représente un niveau nettement supérieur aux motorisations diesel et essence (entre 4 000 et 5 000 €). Les électrifiés représentent désormais 1,5 % de l’ensemble des pertes totales, précise le cabinet d’experts.
"On voit désormais émerger significativement les motorisations électriques et hybrides dont les valeurs sont plus élevées que les motorisations diesel ou essence. Le déploiement des zones à faibles émissions qui s’accélère en 2023 entrainera un renouvellement du parc dans les localités concernées. L’ensemble de ces éléments conduit à estimer que l’inflation des valeurs de remplacement du véhicule devrait se situer encore à des niveaux élevés sur les mois à venir", observe Benoît Lamarsaude, directeur pilotage & performance de BCA Expertise.
Baisse de la part des VEI
Conséquence directe de la hausse des valeurs de remplacement, le nombre de véhicules économiquement irréparables (VEI) est orienté à la baisse depuis 2020. Pour mémoire, une voiture est considérée comme telle quand le montant des réparations est supérieur à la valeur du véhicule au moment du sinistre. Le taux de VEI a diminué de 0,7 point par rapport à 2021.
Selon BCA Expertise, ce recul est également lié à des alternatives plus économiques en matière de réparation de véhicules, notamment grâce à l’offre de pièces de réemploi qui se développe. Ainsi, le taux moyen annuel de l’utilisation d’une ou plusieurs Piec a augmenté de 10,5 points entre 2019 et 2022, passant de 1,7 % à 12,2 %.