Renault : Ixell mise sur la robotique pour soulager les carrossiers
Pour ses carrosseries, Renault est prêt à passer la main à la machine pour les opérations les plus pénibles. Dans son Technocentre, le constructeur affine en effet, avec sa marque de peinture Ixell, le développement d’un robot de pulvérisation baptisé Robot Ixell Paint Assistant. Encore en phase d’expérimentation, ce bras articulé intelligent répond à un objectif clair : assister le peintre, non le remplacer.
Pour concevoir cet automate, Renault s’est associé à un fabricant dont la notoriété ne cesse de grimper sur le marché de la réparation-collision : Onew. L’entreprise chinoise est à l’origine du robot PaintGo, dévoilé au salon Automechanika de Francfort en septembre 2024, qui a été déployé dans plusieurs carrosseries françaises depuis.
Des tâches ciblées et automatisées
Le constructeur a toutefois établi un cahier des charges précis pour garantir une compatibilité parfaite avec les produits Ixell, et répondre aux besoins de ses ateliers. Ainsi, son robot a été configuré pour intervenir sur des tâches bien identifiées, à faible valeur ajoutée ou pénibles physiquement, comme la mise en peinture de capots, de pavillons ou de flancs latéraux.
Il démarre par un scan 3D de la pièce à traiter afin d’en définir les contours, puis calcule automatiquement ses trajectoires de pulvérisation. L’automate est capable d’effectuer toutes les étapes : application de l’apprêt, des bases et du vernis. Et ses bénéfices sont loin d’être négligeables : jusqu’à 80 % de temps gagné sur chaque opération.
En outre, l’outil a été conçu pour être facilement intégré dans une cabine standard : son encombrement est inférieur à un mètre carré, et son interface est pensée pour un usage simple et reproductible. "Ce robot doit permettre au peintre de se concentrer sur les interventions qui demandent de la finesse, de l’expérience ou une lecture subtile de la matière", explique Christopher Le Coq, manager partenariats stratégique & business développement, en charge notamment de la marque Ixell. Si le robot peut peindre un capot sans difficulté, il ne remplace pas l’expertise requise pour réaliser des raccords complexes ou des effets spéciaux.
Une machine de dosage déjà en service
En parallèle, Ixell a déjà introduit dans son réseau une autre innovation technologique : la machine de dosage automatique Daisywheel. Déjà installée dans plusieurs ateliers, elle permet de stocker jusqu’à 96 teintes et de les doser avec une précision de 0,05 gramme. En remplaçant le montage manuel d’une teinte – tâche fastidieuse, chronophage et sujette à erreurs – la machine libère du temps pour le peintre, tout en limitant les déchets et les risques de troubles musculosquelettiques.
"Avec cet outil, nous sommes capables de produire de très petites quantités de peinture avec la même précision colorimétrique, ce qui évite de préparer plus que nécessaire", souligne Xavier Pecqueur, chef de produit Ixell. Couplée à des outils connectés qui évaluent la surface à couvrir, la machine peut ajuster la quantité de peinture à appliquer sur une aile ou un pare-chocs, évitant ainsi le surdosage et les pertes.
Des innovations présentées à Equip Auto
Pour le groupe au losange, le Robot Ixell Paint Assistant et la Daisywheel Ixell ont été pensés comme complémentaires. Ensemble, les deux équipements forment un écosystème capable de soulager les opérateurs tout en augmentant la régularité et la productivité des ateliers.
Selon les premières estimations partagées par le constructeur, l’amortissement du robot pourrait être réalisé en moins d’un an, notamment grâce à la réduction des erreurs d’application et au travail en parallèle permis par son autonomie. "Plusieurs facteurs entrent en compte : travail en parallèle ou en temps masqué (pause déjeuner, nuit…), réduction des quantités de peinture utilisées, baisse du taux de retouches, amélioration de la régularité des résultats", précise Christopher Le Coq.
De plus, ces automates répondent à une autre problématique structurelle pour les carrosseries : la pénurie de main-d’œuvre. Ils permettent de libérer du temps pour des opérations plus complexes, aidant ainsi les ateliers à optimiser leur productivité. "Nous restons dans une logique d’assistance, pas de substitution", conclut Xavier Pecqueur.
Une chose est sûre : ces innovations, encore en phase d’expérimentation pour le robot de pulvérisation, devraient franchir une nouvelle étape à l’automne. Renault et Ixell prévoient en effet de les présenter sur leur stand lors du prochain salon Equip Auto. L’événement pourrait aussi être l’occasion d’annoncer les premières modalités de déploiement du robot dans le réseau après-vente du constructeur.