Accor Lubrifiants : une formule bien dosée
“Nous sommes devenus rares dans le métier à avoir conservé notre indépendance, et cela fait partie de nos gènes, de notre tradition familiale”, commence Olivier Morihain, devant sa fille, Léa, venue le rejoindre. Ici, pas d’a priori, ni de privilège, il suffit de bien travailler, plutôt beaucoup d’avoir envie d’aller plus loin, sans exagération. Si l’expression “mon père, ce héros”, n’est pas de mise, le respect de l’un par rapport au fondateur, Gérard Morihain, et de l’autre, à l’égard du “Président” actuel (private joke, Olivier a horreur qu’on lui accole ce préfixe), ce respect se ressent plutôt qu’il ne se montre. Parce que l’entreprise de lubrifiants n’est pas née, ex nihilo, du cerveau du fondateur, il convient, donc, en quelques mots de revenir sur l’origine du groupe. Spécialiste de l’informatique, Gérard Morihain arpente les entreprises françaises pour installer les programmes qui vont bien, et c’est en établissant celui des Etablissements Benjamin Chiron que le destin commence à jouer. En effet, soucieux d’assurer à sa maison dédiée aux fournitures industrielles et surtout à une innovation remarquable, la gouttière en plastique, Benjamin Chiron propose à Gérard Morihain de s’associer à lui. Dans la “boutique”, cohabite une autre spécialité, le lubrifiant ! Une activité qui méritait une industrialisation, à laquelle il s’attelle, entre autres projets. L’entité Accor Lubrifiants naîtra quelque temps après.
Le distributeur au centre !
Dans les différents bâtiments d’ACCOR, la bonne humeur règne, de même que le sens de la responsabilité. Le groupe familial réalise un CA de 50 millions d’euros avec un effectif de 85 personnes, notamment au travers des trois activités, le lubrifiant, le liquide de refroidissement, et le lave-glace. Chaque ligne de produits bénéficie de process très automatisés de fabrication, de façon à être compétitifs sur un marché très concurrencé et a de la ressource, l’entreprise ne produisant qu’à 30 % de ses capacités. C’est grâce à cela que la politique commerciale peut se démarquer de concurrents qui préfèrent “travailler le MRA” en faisant une offre d’entrée très attractive mais obligeant celui-ci à s’engager sur plusieurs années. La démarche d’ACCOR s’avère tout autre, ciblant les distributeurs à l’aide d’un package complet (les trois types de produits, dont l’effet volume lui est profitable) soutenu par une pléiade de services, et en aidant le grossiste à faire passer le MRA vers des produits plus techniques et donc à plus forte valeur ajoutée. Longtemps, en effet, on pouvait se contenter de 10W40 ou 15W40 et les réparateurs ne s’en sont pas privés. Aujourd’hui, avec une huile non adaptée, un FAP a de grands risques d’être endommagé. Cela a conduit nombre de MRA à se mettre en difficulté, faute d’informations, ou persuadés que le marketing, une fois de plus, justifiait honteusement, une augmentation des prix. C’est pourquoi, Accor Lubrifiants, comme certains de ses confrères, fait campagne pour que les réseaux indépendants ne soient plus les vilains petits canards mais s’inscrivent naturellement dans le cahier des charges de la garantie constructeurs et puissent, sans remords, prescrire la bonne huile pour le bon véhicule. Et accroître, de surcroît, leurs marges ! Pour faciliter ce “transfert”, ACCOR a même mis au point une application pour téléphones intelligents de manière à ce que le professionnel affiche l’huile exacte recommandée pour le véhicule de l’automobiliste, en face de lui…
De la productivité en toutes choses
Sur 10 000 m2 couverts et deux étages (7 000 pour la production et 3 000 pour le stockage), le site principal a affecté à chaque activité une place bien précise. A l’étage, sont concentrées toutes les matières premières dont essentiellement les emballages de toutes dimensions servant au conditionnement des neuf lignes du rez-de-chaussée, sept dédiées aux petits contenants, dont trois aux produits aqueux et quatre aux lubrifiants, et deux aux grands conditionnements. Question rythme, la manœuvre assure puisque ce sont 1 500 bidons et 200 fûts qui sont produits par heure et par machine. Même si la cadence s’avère plutôt importante, c’est plutôt l’amont qui est bluffant. Pour les lubrifiants, ACCOR dispose d’un mélangeur continu piloté par automate, soit sans manipulations autres que les contrôles permanents. Ce sont sept pompes, les unes à côté des autres, qui viennent chercher les produits, en même temps. En fonction du produit fini, les corps de pompes vont changer pour que les débits soient différents et les bons dosages obtenus. Dans une formulation, cohabitent environ 4 à 5 composants, il y a donc de la marge ! Le carrousel permet la redistribution des produits vers les cuves de produits finis. Aux lignes d’assemblage d’intervenir alors. Entre temps, les contrôles qualité ont été effectués au laboratoire de R&D, équipé des machines tests défiant toute concurrence, situé à quelques mètres. De l’aveu même de l’équipe, ce labo est plus conçu pour les contrôles que pour la recherche qui est effectuée par les quatre additiveurs majeurs du secteur avec lesquels ils travaillent. Cela permet d’investir, d’ailleurs, dans des appareils de contrôle plus sophistiqués (contrôle des matières premières en amont, du vrac, des produits finis, simulateurs de démarrage à froid, contrôles de viscosité et de grades, etc.) qui entrent dans la sacro-sainte garantie constructeurs ! Du côté du liquide de refroidissement ou du lave-glace, le système est différent mais présente les mêmes contrôles qualité.
Des voitures de course dans les stocks…
S’il est un reproche qu’on ne pourra pas faire à Olivier Morihain, c’est bien sa capacité d’adaptation aux demandes des clients et aux exigences du marché comme celle de saisir la bonne opportunité. Face à la recrudescence des produits demandés, 5 huiles différentes pour les FAP, les spécifiques et les traditionnelles, il fallait du stock et de la place : un bâtiment de 4 000 m2 adjacent se libérait, il entre désormais dans le schéma logistique d’ACCOR, qui compte déjà 3 000 palettes organisées dans un stockage dynamique. Des commandes spécifiques doivent être préparées ? Les machines d’une usine de Kodak sont rachetées, remodelées par une équipe de 5 techniciens et affectées aux différents convoyeurs, etc. Deux hectares ont également été rachetés pour que les camions n’aient qu’un sens de circulation… Et pour que les messages passent bien, KENNOL, la marque phare d’Accor Lubrifiants, a aussi son écurie de course qu’elle met au service d’amateurs éclairés, et aussi de la communication produits et des préconisations. Le cheval de bataille de la maison ACCOR (aujourd’hui filiale du groupe Armoni, propriété de la famille qui rassemble l’usine ACCOR, l’entrepôt parisien PPO, l’agence Absys communication et bien sûr Benjamin Chiron) consiste donc vraiment à soutenir la rechange indépendante en fournissant tous les outils dont elle a besoin, outils d’aide à la décision, à la connaissance des produits, au stockage, aux MDD si besoin, de manière à ce qu’elle puisse servir quel que soit l’âge du véhicule et dans le cadre de la garantie constructeurs. Et pour l’y aider, la famille Morihain s’est entourée des services d’un ambassadeur de renom auprès de la distribution indépendante, en la personne de Robert Perrin Objois, du groupe Mosuco.