Kennol, 30 ans de fluides très RSE
C’est au début des années 80, à Cholet (49), que Gérard Morihain se lance, avec Accor Lubrifiants, dans l’industrie des huiles et des fluides. Trente ans plus tard, la société familiale peut se targuer d’une renommée internationale. Avec sa marque, Kennol, le fabricant s’est taillé sa place dans le marché VP, VI, motos, engins agricoles et TP. "Notre première gamme comportait six huiles moteur, et permettait de couvrir tous les besoins sur le parc VL français, se souvient Olivier Morihain, PDG de Kennol. Aujourd’hui, nous avons plus de 30 huiles moteur au catalogue, pour le même taux de couverture !"
La marque est désormais installée à côtés des pétroliers "qui donnent le tempo du marché" et autres acteurs plus modestes. Cependant, "nous restons atypiques, dans la mesure où nous ne vendons ni en grande distribution, ni directement aux garagistes. Nous préservons ainsi la marge de nos distributeurs", explique Léa Morihain, directrice commerciale et export. Cette dernière précise, que la société ne vend que ce qu’elle fabrique "réellement, en restant souple et flexible".
Industrie de pointe pour produits écoresponsables
Autre point important pour Kennol : l’engagement écologique. Son usine est ainsi certifiée ISO 14001 (management environnemental) depuis 2015. Car, "depuis dix ans, nous réfléchissons aux solutions pour réduire notre impact environnemental, tant en production que sur nos produits", souligne Léa Morihain. Cet effort pousse l’entreprise à les distribuer dans des bidons en plastique recyclé .
Elle propose également des fluides conditionnés dans des "ecobox" de 5 et 20 litres en carton, qui réduisent encore l’emploi de plastiques. Enfin, la majorité de ses fournisseurs sont installés dans les régions alentours de Cholet pour réduire l’empreinte carbone de l’outil de production.
Léa Morihain est fière d’annoncer aussi que Kennol a été la première à vendre un lave-glace bio, alors même que "le marché n’était pas encore prêt". "Nous avons remplacé le méthanol cancérigène – dangereux pour le consommateur, mais aussi pour les garagistes – par de l’éthanol". Autre produit innovant écoresponsable : le lave-glace soluble, économisant le transport d’eau et valorisant les marchandises expédiées sur les routes.
Enfin, en interne l’entreprise affirme cultiver l’esprit RSE depuis ses origines. Elle implique ses employés dans son activité, en les encourageant à se former et à évoluer en son sein. Le fabricant de lubrifiants met notamment l’accent sur la parité homme-femme.
Des technologies qui évoluent rapidement
Cette double stratégie commerciale et RSE repose sur une machine de production industrielle ultra-moderne. Au centre de l’usine trône un mélangeur en ligne conférant des avantages non-négligeables à l’industriel. Sept pompes à débit variable approvisionnent le système avec les différents composants (synthétiques ou minéraux) du produit à fabriquer. Les doses extrêmement précises sont commandées numériquement. Elles permettent au mélangeur de fabriquer en moyenne 20 m3 de fluide par heure.
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Au total, l’usine produit 60 000 tonnes de fluides par an, avec une capacité maximum s’étendant jusqu’à 130 000 tonnes. Huiles, liquides de refroidissement, lave-glace et divers additifs sont ainsi conçus à coûts réduits. Entre deux productions différentes, peu de temps est nécessaire. Après la phase de lavage de la machine, celle de test (incluant la validation de la fabrication) ne prend qu’un quart d’heure. "Cet outil nous donne une grande souplesse, en fabriquant de 2 000 à 50 000 litres de produit en une seule fois", annonce Philippe Vanbesien, directeur de l’usine. "Nous pouvons ainsi fabriquer de nouvelles références de produits dès le lancement de nouveaux véhicules sur le marché, sans attendre que les volumes soient suffisamment intéressants au bout d’un an."
Ceux-ci sont d’abord des lubrifiants – technologies connaissant de évolutions rapides et importantes – ainsi que divers liquides aqueux. "Les lubrifiants évoluent très vite, avec la tendance au downsizing des moteurs, les références se multiplient, constate Vincent Montel, directeur marketing et communication de Kennol. Les huiles sont de plus en plus fluides, pour lubrifier des moteurs qui chauffent davantage. Et, on ne leur demande plus seulement d’éviter la casse du moteur, mais de réduire sa consommation de carburant". Les constructeurs homologuent désormais les lubrifiants pour fiabiliser les propriétés de leurs véhicules. "Une erreur du garagiste en matière de lubrifiant peut entraîner la casse du turbo ou du FAP au bout de six mois", prévient Vincent Montel.
Accompagner les vendeurs de ses produits
Pour surmonter ces défis, Accor Lubrifiants mène ses propres recherches et développements. Son laboratoire de contrôle qualité lui sert aussi à faire évoluer et tester ses formulations. Ses techniciens observent, par exemple, l’évolution de la viscosité des prototypes de lubrifiants à haute température, ou la résistance du liquide de refroidissement aux froids les plus importants. L’implication de la marque en compétition – Kennol fournit plusieurs écuries sportives – les pousse notamment à créer des huiles haute performance.
L’autre point fort du fabricant est d’avoir conservé l’internalisation du conditionnement et de l’étiquetage de ses produits. "C’est un véritable avantage en ce moment. Nous ne dépendons pas d’un prestataire extérieur, qui voit ses délais se rallonger de trois à quatre semaines, à cause de la pénurie de composants", affirme Vincent Montel. Au bout de la chaîne de production automatisée, les fluides peuvent être conditionnés indifféremment dans des contenants d’un à cinq litres, avant d’être palettisés. Sa conception et son organisation autorise le "picking", pour optimiser la livraison de certains clients. Bidons, "bag-in-box" et fûts de 210 litres peuvent ainsi partager la même palette personnalisée.
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Car pour accompagner ses clients, Kennol cherche à se distinguer via un marketing innovant. "Nous développons des outils d’aides à la vente, pour accompagner les vendeurs de nos produits", explique Vincent Montel. Ainsi, à partir d’un compte professionnel sur le site du fabricant, le réparateur peut identifier un véhicule grâce à sa plaque ou son numéro VIN, pour identifier le type d’huile et ses intervalles de vidange préconisés. Autre cheval de bataille : le lancement du concept de bar à huiles, en versions vrac (destiné au consommateur final) et professionnel (pour les ateliers), avec bidons réutilisables. Dans l’esprit de la Convention citoyenne sur le climat 2020, l’automobiliste peut ainsi acheter uniquement la quantité de lubrifiant dont il a besoin.
Des atouts qui séduisent les professionnels, notamment à l’international où Kennol connaît un grand succès grâce à sa réputation premium, tirée de ses activités sportives. La marque exporte la moitié de sa production dans 60 pays notamment, "en Asie où l’on retrouve le même amour pour la voiture, que chez nous il y a 30 ans", indique Léa Morihain. Ce qui n’empêche pas l’industriel de se tourner vers l’avenir, anticipant déjà l’électrification du parc. En 2022, Kennol a en effet mis sur le marché les premiers liquides de refroidissement dédiés aux véhicules électriques et hybrides.