Attentisme et inquiétude autour de l’entretien clim
Du marché morose, qui cherche un second souffle
Le marché de la station de climatisation s’est effondré ces dernières années en France. En cause, plusieurs phénomènes, directs ou indirects. Tout d’abord, les professionnels, qui se sont équipés avant la maturité du marché, disposent encore de matériels convenables. Certes, le renouvellement, dû à la récente réglementation sur l’utilisation des fluides frigorigènes, obligeant à plus de traçabilité dans la gestion du gaz, a bien été constaté, mais à petite échelle, et il est désormais opéré et achevé.
Par ailleurs, on constate, surtout en France, que les réparateurs peinent à prendre une décision d’achat impliquante, car ils n’ont pas de visibilité sur l’avenir du gaz choisi pour remplacer le R134a. On parle avec insistance du HFO-1234yf, certains constructeurs l’utilisent même déjà pour leurs nouvelles homologations de véhicules, mais le poids des marques allemandes fait planer le doute. En effet, Mercedes et VW, impliqués dans la technologie de clim automobile fonctionnant au CO2, trouvent tous les défauts du monde au 1234yf, tantôt explosif, tantôt nocif.
Pourquoi donc investir aujourd’hui dans un matériel dont on ne sait pas s’il sera utilisable à moyen terme ? L’attentisme règne donc en France, alors qu’un léger rebond se constate au plan européen, justement sur les machines permettant l’entretien des boucles fonctionnant au 1234yf. Les réparateurs hors de nos frontières prendraient-ils plus de risques ?
Il subsiste ainsi aujourd’hui un véritable marché pour la station au R134 de moyenne gamme, qui servira à faire la transition, que l’on espère rapide, avec le 1234yf. Chez Ecotechnics comme chez Texa, on a également choisi de proposer une machine bi-gaz pour tenter de satisfaire de suite les réparateurs tout en les préparant à une transition qui se révèle déjà périlleuse. Cette machine permettant de travailler sur les deux technologies, c’est finalement l’assurance de volumes à court et moyen terme. Aux directions marketing de trouver comment vendre de tels équipements, forcément plus onéreux dans un premier temps, et qui ne fonctionneront d’abord que sur leur usage R134a…
Du nouveau gaz, qui va bouleverser la donne dans les ateliers
Ce nouveau gaz, outre l’attentisme qu’il suscite auprès des réseaux de réparation quant à l’équipement nécessaire à l’entretien des boucles, génère aussi des débats concernant la prestation elle-même. Jadis opérée au forfait, sa commercialisation était simple et lisible pour le consommateur. Mais le 1234yf apporte une contrainte supplémentaire, celle du prix. En effet, ce fluide de nouvelle génération se négocie aujourd’hui aux alentours de 250 euros le kilo. Une somme considérable, qui va justifier une utilisation plus rationnelle et rentable dudit fluide. Outre l’immobilisation de 3 000 euros (prix approximatif d’une bouteille de 12 kg), il faut imaginer que les petits compléments de circuit, à titre “commercial” et gracieux, vont s’amenuiser…
Avec l’augmentation de la part du fluide dans le prix de la prestation, les forfaits clim vont, pour leur part, soit s’envoler, soit prendre une autre forme. Selon nos interlocuteurs, on se dirige tout droit vers une prestation forfaitaire, à laquelle on ajoutera le tarif du fluide, selon la quantité exacte injectée dans le circuit. Difficile, en effet, d’imaginer facturer un forfait à 80 euros à un client qui entrerait à l’atelier avec une boucle vide suite à une fuite, dans laquelle il faudrait ajouter 500 grammes, soit pas moins de 100 euros de HFO-1234yf ! Enfin, compte tenu de la valeur du produit, il va devenir quasiment obligatoire de surveiller beaucoup plus souvent l’étanchéité de tout le système !