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Equip’ Auto Algeria, passeport pour le Maghreb

Publié le 25 mai 2012
Par Hervé Daigueperce
4 min de lecture
Plus qu’une sixième édition réussie, Equip’ Auto Algeria a posé les premières pierres de ce qui pourrait bien être le salon international du Maghreb.
Plus qu’une sixième édition réussie, Equip’ Auto Algeria a posé les premières pierres de ce qui pourrait bien être le salon international du Maghreb.

Il pense retenir le pavillon central du parc des expositions (immense) de la Safex pour l’édition 2013 et élargir les espaces extérieurs. Il, c’est Nabil Bey-Boumezrag, directeur de Promosalons Algérie et d’Equip’ Auto Algeria. Cela, après les quatre jours intensifs de salon, et les demandes de renouvellement déjà engrangées, non seulement de la part des plus grands importateurs algériens (presque tous présents), mais aussi des équipementiers internationaux, qui, face à la croissance exponentielle des besoins d’un pays – pétrolier –, se disent que leur présence est devenue nécessaire. Et puis, les pavillons étrangers en veulent plus également : la Tunisie, très présente pour promouvoir ses industriels, le Maroc, précédé par son atout majeur, le site de production Renault Dacia, qui pousse les équipementiers locaux à éclore et à se professionnaliser, ou encore la Turquie, un redoutable concurrent. Sans compter la France, attendue et encore choyée, jusqu’à quand (?) tant les demandes sont pressantes et les Français ralentis ou frileux. Nabil Bey-Boumezrag avait réservé les 4 000 m2 du bâtiment “U-N” et il lui a fallu mettre des exposants à l’extérieur. Ce qui a permis aux Etablissements Siad (l’un des plus gros distributeurs d’Algérie) de présenter ses aménagements de véhicules pour tous les types d’atelier, ou encore à Tenneco d’exhiber son camion espace d’exposition, vitrine de ses savoir-faire, un petit bijou de technologie à la gloire non seulement de ses marques Walker ou Monroe, mais aussi de ses pièces et équipements, de ses aides à la formation et à l’information (voir reportage sur ce “Tenneco on Tour” en actualités).

Un salon d’avenir

Plus professionnel – pas de grande différence avec un salon européen –, plus large (avec 200 exposants cette année) et plus fédérateur, Equip’ Auto Algeria jouit également de composantes essentielles à tout salon. Il s’inscrit, ainsi, dans un marché en forte croissance dont l’automobile est loin d’être le maillon faible. Sur le seul premier trimestre 2012, les importations de véhicules sont montées à 87 000 unités, soit environ 17 % de mieux qu’au premier trimestre 2011. Et en valeur, elles ont dépassé les 973 millions d’euros (804 1T 2011), ce qui révèle aussi la qualité du marché. A l’année, ce sont près de 400 000 immatriculations prévues avec lesquelles il faudra compter, sans oublier la réparation et la maintenance d’un parc roulant qui est estimé entre 5,5 et 6 millions de véhicules, dont près de 60 % ont plus de 20 ans, donc porteur pour l’après-vente indépendant. Même si ce parc a tendance à accueillir des modèles très récents, et donc entrant dans la période de garantie des constructeurs. Une période déjà attaquée par les distributeurs indépendants, comme l’assure Tayeb Siad, codirigeant des Etablissements Siad : “Comme le marché des VN croît en qualité, le constructeur assure que l’on ne trouvera cette qualité que chez lui, qualité qu’il prétend instaurer en label. Mais elle se trouve aussi chez nous. En Algérie, il n’y a pas d’interventions ailleurs que chez le constructeur pendant la période de garantie, alors que nous avons le même produit chez nous, et c’est donc le consommateur qui paie le prix fort. C’est anormal, sans parler des extensions de garantie !” Cependant, les importateurs de véhicules ont, jusqu’à présent, été peu dynamiques sur l’après-vente, à tel point qu’ils commencent à s’installer sur Equip’ Auto Algeria (Citroën, par exemple, ou Renault Trucks, pour le PL) et à annoncer leur venue pour l’an prochain. En 2011, ce sont 300 000 véhicules qui ont été importés, tandis que le marché de la rechange a été estimé à 380 millions d’euros… De quoi réfléchir. On sent d’ailleurs qu’au niveau des 40 concessionnaires présents en Algérie, les investisseurs deviennent de plus en plus internationaux et désireux de ne manquer aucun des marchés. Ainsi, Citroën, depuis 2008 filiale du groupe Hayot (qui a aussi Mahindra depuis 2007 et Scania depuis 2010) bien connu en France pour son implantation importante dans les DOM-TOM, développe à outrance son après-vente, fort de l’expérience du groupe en la matière. En témoignent ces propos de Salim Ramdani, le directeur Pièces et Services de Citroën : “Nous bénéficions d’une nouvelle identité, de nouvelles gammes (C, DS…) qui nous permettent d’aller chercher des volumes (9 000 VN prévus pour 2012, plus de 10 000 en 2013). Ce qui explique un fort investissement en après-vente (y compris en atelier), que révèlent la création d’un entrepôt de 4 000 m2 et 14 000 références de pièces en stock pour une valeur de 4 millions d’euros. Grâce à cela et à notre centre de formation intégré, nous pouvons approvisionner nos 5 filiales et nos 18 agents agréés à travers le pays.” Une concurrence qui n’inquiète pas – encore – les indépendants outre mesure, puisque la réputation des réseaux constructeurs demeure toujours fondée sur un prix de pièces élevé et l’absence – souvent – d’ateliers. Comme le souligne Riadh Bareche, directeur général de SFB (Sarl Frères Bareche, CA automobile de 42 millions d’euros, groupe de 140 millions) : “Nos concurrents sont avant tout les autres importateurs, il n’y aura jamais d’exclusivité totale dans un pays aussi grand. Quant aux constructeurs, nous vendons la même chose qu’eux, ils ont plus de frais que nous pour être aux couleurs et aux standards des marques, et ils sont moins expérimentés que nous. Nous existons depuis le monopole d’Etat, nous avons vécu ce malheureux moment, nous avons su nous développer nous-mêmes avec le temps. Et nous sommes fidèles à la pièce d’origine.” Il faut savoir que 90 % des pièces sont importées, ce qui laisse entrevoir une palette de prix très diversifiée qu’un salon comme Equip’ Auto Algeria tend à réguler.

Recul de la contrefaçon

Si tous reconnaissent qu’il y a encore du travail dans le domaine, tous se félicitent également des avancées du gouvernement dans la traque contre la contrefaçon. “Les lettres de crédit et les contrôles des fraudes mis en place par le gouvernement font beaucoup de bien contre la contrefaçon, précise Salim Ramdani, mais ajoutent de la lourdeur administrative qui pénalise ceux qui font correctement leur travail.” Cependant, le travail finit par payer : “En Algérie, affirme Christophe Cloquet, directeur du marketing Europe de Bendix Jurid (Honeywell), sur notre produit phare, le liquide de frein, nous n’avons plus de contrefaçon, on voit directement les effets des actions du gouvernement. La lettre de crédit a assaini les choses. Je dois dire que, globalement, vu de France, on a une image de l’Algérie très négative, et il faudrait que les acteurs de l’auto français viennent ici pour voir le professionnalisme de nos clients importateurs. Ils peuvent aller sur Equip’ Auto Algeria en toute tranquillité afin de découvrir que des grands distributeurs sont passés au SAP (Bareche et Siad, notamment, N.D.L.R.), ont des milliers de jeux de plaquettes de frein en stock, informatisés avec 5 ou 6 marques référencées… Arrêtons les images toutes faites et périmées.”

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