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Le gouvernement veut relancer l’apprentissage

Publié le 19 septembre 2014
Par Romain Baly
3 min de lecture
Pour tenter d’enrayer la chute de l’apprentissage dans l’Hexagone, Manuel Valls a annoncé le déblocage de 200 millions d’euros pour financer une aide destinée aux entreprises embauchant un premier apprenti.
Pour tenter d’enrayer la chute de l’apprentissage dans l’Hexagone, Manuel Valls a annoncé le déblocage de 200 millions d’euros pour financer une aide destinée aux entreprises embauchant un premier apprenti.

Il est devenu urgent d’agir. Après avoir diminué de 8 % l’an dernier, le nombre d’apprentis en France a encore reculé de 14 % au premier semestre. Une situation qui soulève de nombreuses questions et qui pousse aujourd’hui le gouvernement à agir pour tenter de limiter un tant soit peu cette érosion. La troisième Grande conférence sociale pour l’emploi qui s’est tenue au Palais d’Iéna (Paris) début juillet visait notamment à apporter des réponses à cette problématique. Face aux différents acteurs de la filière, Manuel Valls a rappelé dans son discours de clôture que cet événement constituait pour lui “un accélérateur du dialogue social” en étant utile “aux Français, aux salariés, aux entreprises”. Le Premier ministre a aussi estimé qu’un “refus prolongé du dialogue serait une posture incompréhensible. La situation de notre pays exige de tous un sens élevé des responsabilités”. Sans attendre la réunion devant avoir lieu ce mois-ci et qui réunira représentants du patronat, organisations syndicales, régions et membres du gouvernement, Manuel Valls a annoncé des mesures concrètes. Conscient que “l’évolution récente (de l’apprentissage) est préoccupante”, ce dernier a ainsi expliqué qu’une enveloppe de 200 millions d’euros allait être débloquée durant l’été.

6 % d’alternants dans le Monde de l’automobile

Celle-ci permettra d’augmenter l’attractivité des apprentis en finançant une aide de 1 000 euros versée aux entreprises qui auront recours pour la première fois à ce type d’embauche. Provenant probablement d’un redéploiement des fonds issus de la taxe d’apprentissage, cette aide est toutefois conditionnée à la signature d’un accord de branche dans chaque secteur professionnel.

Particulièrement engagé dans l’apprentissage avec 6 % d’alternants contre 2,8 % au niveau national, le monde de l’automobile a réagi à cette annonce par la voie du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA). Si ce dernier se félicite de l’initiative, il estime que celle-ci a été prise dans l’urgence face à une situation plus que préoccupante. Surtout, le CNPA souligne que cette fameuse aide offerte aux chefs d’entreprise n’a rien d’innovante, “le gouvernement l’ayant supprimée l’été dernier malgré (nos) mises en garde”, comme indiqué dans un communiqué. Sans vouloir alimenter la polémique, le président du Medef, Pierre Gataz, a souligné que cette décision “faisait partie de nos priorités. Elle va permettre de remettre une partie de la somme qui nous avait été enlevée en début d’année”. Dans le même temps, le Premier ministre entend aussi s’appuyer sur cette enveloppe pour améliorer le développement quantitatif et qualitatif de l’apprentissage. Une idée soutenue par tous. “Il faut que le système de l’apprentissage en général soit remis à plat”, explique-t-on du côté du CNPA. Présidente de la commission Education, formation et insertion du Medef, Florence Poivey estime, quant à elle, qu’il est “urgent de décloisonner le monde de la formation et de l’entreprise pour que se rencontrent les besoins en compétences des entreprises et les besoins des jeunes”.

Les entreprises devront s’engager davantage

“L’accompagnement des jeunes, une meilleure formation des maîtres d’apprentissage et l’aide à la mobilité doivent être mis en place en priorité”, souligne Véronique Descacq, secrétaire générale adjointe de la CFDT. Pour s’assurer d’un retour concret de leur part, l’Etat souhaite ainsi que les entreprises s’engagent sur des contrats de progrès. Augmentation du nombre d’apprentis, mais aussi valorisation et formation des maîtres d’apprentissage, accompagnement des CFA pour trouver des employeurs, prévention des ruptures, mixité des recrutements ou encore embauches de jeunes issus des zones urbaines sensibles feront désormais partie intégrante de leur engagement. Concernant l’insertion sociale, une aide supplémentaire de 100 millions d’euros issus de fonds européens sera libérée et financera l’insertion professionnelle des jeunes dans seize régions françaises où le chômage dépasse les 25 %. Une troisième enveloppe de 80 millions permettra enfin de créer de nouvelles formations et d’augmenter les capacités d’hébergement dans le cadre du programme d’investissement d’avenir. Derrière ces mesures, Manuel Valls entend atteindre son objectif de 500 000 apprentis d’ici 2017 contre un peu plus de 400 000 aujourd’hui et, comme pour donner l’exemple, le Premier ministre s’est engagé à ce que 10 000 d’entre eux soient recrutés dans la fonction publique d’ici 2016, contre 700 actuellement. Un projet qualifié “d’extrêmement ambitieux”.
 

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