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Les composants moteurs tiennent leur place

Publié le 19 février 2015
Par Frédéric Richard
3 min de lecture
Si la pièce moteur dite traditionnelle reste porteuse et stable auprès des reconstructeurs, les vannes EGR et autres turbos attisent les convoitises de nombreux acteurs, face aux demandes qui émanent des réparateurs.
Régis Serrano, directeur général de MS Motorservice France.

Lorsque l’on s’intéresse au marché de la pièce détachée moteur, il convient de distinguer deux sous marchés distincts. L’un touche à la pièce traditionnelle technique pure, incluant pistons, bielles, soupapes et autres organes internes du bloc. D’un autre côté, les acteurs de ce secteur travaillent sur des composants différents, plus périphériques, rentrant dans le “management moteur”, comme on les nomme chez MS Motorservice France (vannes EGR, débitmètres…). Il est intéressant de voir que ces deux marchés, évoluant pourtant en parallèle dans le domaine de la reconstruction ou plus largement de la réparation, rencontrent des fortunes diverses.

La pièce mécanique traditionnelle se distribue quasiment exclusivement chez les rectifieurs ou les reconstructeurs de moteurs, et son marché affiche une stabilité rassurante. Peu d’acteurs se disputent le gâteau et stockent à ce jour ce type de composants au plan global : Mahle en tout premier lieu, mais également Federal-Mogul Motorparts et MS Motorservice France, filiale d’un autre géant, KSPG AG (anciennement Kolbenschmidt Pierburg). Viennent ensuite d’autres structures très connues et particulièrement compétitives, comme ElringKlinger ou Corteco, mais qui interviennent seulement sur quelques pans de l’activité.

Marché stable

La stabilité dans ce domaine satisfait Régis Serrano, directeur général de MS Motorservice France, puisque, “souvent, sur un moteur VP classique, la valeur unitaire ne justifie pas que l’on y effectue des opérations de reconstruction. Il vaut mieux aller en acquérir un complet en centre VHU ou directement chez le constructeur”. Bref, l’activité n’est tirée que par les moteurs VP qui présentent un intérêt pour les rectifieurs ou les reconstructeurs, à savoir les grosses cylindrées, plus rares. Mais le gros du marché se situe plutôt sur l’industrie, l’agricole, le PL ou le TP, comprenez des motorisations qui présentent une valeur ajoutée de reconstruction, notamment pour réduire les temps d’immobilisation.

Certains industriels venus de loin tentent de pénétrer le marché français. La Turquie, l’Inde ou la Chine, par exemple, se révèlent de sérieux concurrents en pièces moteur. Ils peinent pourtant à prendre de l’ampleur, sur un marché où la disponibilité reste un facteur clé. Les pièces moteur traditionnelles représentent 40 000 références. Il faut donc disposer de stocks conséquents et se montrer réactifs pour le client rectifieur ou reconstructeur. Sinon, le professionnel se tourne en général vers la solution du constructeur, ce qui constitue un échec, pour Régis Serrano. “Bien que nous disposions d’un important stock en Allemagne, ce n’est pas suffisant, il faut nous montrer plus proches de nos clients, ce que nous faisons avec un stock en France, capable de livrer des pochettes ou autres produits à l’unité, et souvent à de multiples petites entreprises, éparpillées sur le territoire”, confie-t-il. Bref, une organisation quasi industrielle de 5 000 m2, basée à Lyon, pour une distribution proche de celle des produits pharmaceutiques ! La distribution des produits MS Motorservice France se fait donc en direct, les grossistes classiques ne stockant que rarement des pièces à si faibles rotations. Leur référencement se limite en général à quelques soupapes et des joints.

Le management moteur, source de profitabilité

Sur le second secteur d’activité du marché, incluant vanne EGR, débitmètre, circuit d’alimentation en carburant, pompe à vide, turbo…, la distribution se veut plus traditionnelle, via les grossistes. Ce marché affiche un dynamisme évident, certains composants étant même presque passés dans la catégorie des consommables, la vanne EGR par exemple. Chez MS Motorservice France, ce secteur représente aujourd’hui les trois quarts du chiffre d’affaires de la société. Pour donner une indication de la croissance, “nous réalisons actuellement sur ces seuls composants l’équivalent du CA total qu’enregistrait la société en 2007”, se félicite Régis Serrano.

“Nous avons également racheté la société Intec, spécialisée dans la rénovation de turbocompresseurs, et qui nous a permis de lancer une offre en Reman, que nous avons nommée Turbo by Intec. Cette gamme comprend, dans des boîtes à nos couleurs, des turbos rénovés issus de deux provenances. Celle du fabricant d’une part, puisque Honeywell, par exemple, dispose d’un programme de rénovation. Mais on peut également trouver des produits rénovés en interne chez Intec, selon les spécifications du fabricant, en complément de gamme. Ainsi, notre force est de disposer d’une gamme beaucoup plus large, en utilisant Turbo by Intec.” Cela permet aujourd’hui à MS Motorservice France de vendre environ 20 000 turbos sur le marché français, pour un CA annuel de 3 millions d’euros ! Mais, là encore, les acteurs qui performent sont ceux qui ont la capacité logistique et financière de stocker les multiples références.

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