Plateformes : l’union sacrée
La logistique des pièces auto serait-elle devenue l’apanage exclusif des géants ? Si les plateformes ont depuis déjà de nombreuses années représenté un enjeu majeur dans le business de l’après-vente, ces dernières ne cessent de croître d’année en année. Preuve en est, elles prennent désormais la forme d’un théâtre dans lequel tous les mastodontes du secteur se livrent à une lutte acharnée. De celle-ci découle une tendance de fond inéluctable dans laquelle les grands réseaux ne cessent d’investir, de s’organiser, et donc, in fine, de grandir, condamnant les derniers rares indépendants à se rallier à leur cause à défaut de pouvoir encore rivaliser. Dirigeant de la plateforme STEA de Toulouse, Pierre Corbon n’en fait pas mystère : “En termes de marges, de taux de rotation ou de stock, il nous est désormais très difficile de rivaliser. Nous sommes à un tournant et, d’ici un an, il nous faudra faire des choix.” A l’été 2016, notre prochaine étude annuelle pourrait donc dénombrer un “indépendant” de moins, voire même deux puisque, du côté de chez Automax (Marseille), Jean-Pierre Petrone confie être à la recherche du bon partenaire pour se développer. Celui-ci prendra peut-être le nom d’Autodistribution ou d’Alliance, les deux leaders du genre. Après avoir absorbé ACR Group et ses neuf sites logistiques l’an dernier, l’Autodistribution renforce dorénavant sa présence en Ile-de-France avec une nouvelle plateforme de 32 000 m2. Située à Réau (Seine-et-Marne), cette dernière devait être opérationnelle à compter de 2016 et permettra de doubler la capacité d’accueil des deux entrepôts actuels de Moissy-Cramayel (55 000 références), dont la superficie (20 000 m2) ne correspond plus à ses besoins.
Le tour de France d’Alliance
Autre bonne nouvelle avec le développement de la plateforme Cora, qui se dote d’un second entrepôt. Opérationnel depuis la mi-juin, ce dernier se trouve à quelques encablures du site historique de Chaponnay et va permettre à Auguste Amieux de compter à terme 90 000 références dans son stock. Nous en parlions plus haut, l’intégration d’ACR au sein du giron Autodistribution se poursuit. Si Patrice Artor, son directeur général, confie que ce rapprochement a détourné certains partenaires de sa société, celui-ci souhaite désormais se développer sur tous les canaux, principalement sur le Web et l’OES. De son côté, Alliance n’est pas resté inactif, bien au contraire, avec deux nouvelles affaires au compteur. Absente de l’agglomération nantaise (contrairement à l’Autodistribution via un site ACR), la société de Jean-Jacques Lafont compte depuis peu une nouvelle plateforme régionale avec l’ouverture de Préférence Grand Ouest. Confiée à Frédéric Leonardi (bien connu de la profession, pour avoir oeuvré à Toulouse), cette dernière disposera à terme d’un stock de 45 000 références d’une valeur de 2 millions d’euros. S’il n’a pas souhaité commenter l’information, le réseau a également fait l’acquisition du groupe Théret, permettant à Alliance de disposer à présent d’une plateforme dans le Berry avec Mecastock. Relativement discrets en matière de nouveaux adhérents depuis deux ans, Jean-Claude Bauduin et S’Energie ont convaincu Michel Béziat, dirigeant de la société du même nom implantée à Bègles, de les rejoindre cette année. Une arrivée qui compense ainsi dans le quart Sud-Ouest la perte d’Autoreserve Toulouse, consécutive aux déboires de Franck Pelletier, son patron, qui a vu trois de ses quatre affaires (avec les sites de Gennevilliers et Marseille) mettre la clé sous la clé porte alors que la quatrième a repris son indépendance sous l’impulsion d’un nouveau repreneur.
Sirius veut “monter à Paris”
Réseau atypique dans la mesure où ses membres conservent leur indépendance nonobstant un panneau commun, Sirius n’a pas fait de vague depuis notre dernière enquête, mais a accueilli avec satisfaction l’année positive enregistrée par toutes ses plateformes. Présent aux quatre coins de la France, ce dernier ambitionne désormais de partir à la conquête de l’Ile-de-France, une région majeure qui concentre un grand nombre de clients nationaux et où il ne bénéficie pourtant d’aucune structure.
Après avoir perdu Car Distribution, Apprau s’est remis au travail et a ouvert son actionnariat à tous ses adhérents, ce qui lui garantit une certaine stabilité pour les prochaines années. En marge de la riche actualité de PAP, une grande nouvelle est provenue de Chaussende et fils. L’affaire, qui compte deux plateformes, a ainsi perdu l’un de ses deux dirigeants puisque Pascal Chaussende a laissé les rênes de la société à son frère Olivier pour mener à bien un projet personnel mettant un terme à une collaboration débutée voilà vingt-cinq ans. Un temps courtisé par Jean-Jacques Lafont dans son objectif de s’implanter à Nantes, Laurent Ferré, le patron d’Adipa, a préféré ne pas donner suite à cet appel du pied et a accueilli un nouvel actionnaire dit “dormant” dans son tour de table avec LAD. Une ouverture de capital qui permettra à la société de se consolider sans que cela ait la moindre influence sur son organisation alors que, parallèlement, Adipa change de stratégie et se tourne à présent vers les centres-autos. Une manière également de compenser les éventuels départs de partenaires, chagrinés par le rapprochement avorté avec Alliance.
6 nouvelles PFR pour Flauraud
Chez ID Rechange, après avoir récemment découvert l’Est (Nancy), le Nord (Ronchin) et le Sud-Ouest (Toulouse), on se limite pour le moment à une consolidation des sites actuels. A cet effet, Jean-Louis Bégard, son président, annonce avoir enregistré l’arrivée d’une vingtaine de nouveaux distributeurs depuis le 1er janvier, de sorte à densifier l’activité. Débarqué en France en 2008, Van Heck Interpièces poursuit son bonhomme de chemin. Se considérant dorénavant à juste titre comme un acteur à part entière du secteur, Peter Vanosmael estime que sa société doit continuer de s’appuyer sur ses trois piliers que sont ses dépôts, sa logistique et ses services, et souhaite avant toute chose se renforcer via ses trois plateformes. Même logique du côté de Patrick Jouannin et d’Orion, dont les cinq affaires grandissent correctement à défaut de faire parler d’elles. 34 collaborateurs ont été recrutés depuis l’an dernier. La discrétion est aussi l’un des maîtres mots de Flauraud. Cela n’entrave en rien le bon développement du distributeur clermontois qui a frappé fort cette année en revoyant son organisation avec la mise en place de six nouvelles plateformes régionales en marge de sa plateforme nationale. Une manière pour Flauraud de renforcer la disponibilité de ses pièces et d’optimiser leurs délais de livraison. Au rayon des monosites, l’Agra a réalisé un exercice 2014 plein. Son directeur marketing, Yohann Allaman, fait ainsi état d’une croissance de 30 % sur un an grâce à “une approche équilibrée entre commerce et gestion”. Située à Meyzieu, cette plateforme bénéficie en plus depuis cette année d’une mezzanine de 1 200 m2 permettant à l’Agra d’accueillir de nouveaux fournisseurs et d’étendre ses gammes actuelles. Déjà actés ou en cours de réflexion, les projets ne manquent pas pour des plateformes qui se portent globalement bien. Gageons que cela se poursuivra d’ici notre prochaine enquête.
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