Scania adapte ses ateliers aux contraintes environnementales
Depuis fin janvier 2022, le réseau Scania encadre désormais entièrement Paris . Le constructeur a investi 4,5 millions d’euros pour compléter son maillage en ouvrant sa succursale francilienne aux Essarts-le-Roi (78), conforme à ses dernière normes techniques. Elle complète ses sites de Fleury-Mérogis (91), Saint-Ouen-l’Aumône (95) et Mitry-Mory (77). "Ce quatrième point de services en Île-de-France nous permet d’améliorer considérablement le service de nos clients de l’Ouest parisien et ceux en transit", explique Dirk Stüben, directeur des ventes du constructeur en Île-de-France.
Empreinte environnementale réduite
Le site respecte les dernières prescriptions de l’industriel visant à réduire son empreinte CO2. Ainsi, il est à la fois conçu pour réparer les véhicules à énergies alternatives, mais aussi pour réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre aux impératifs fixés par l’Union européenne, Scania entend en effet réduire de 50 % ses émissions de CO2 en 2025 (par rapport à celles émises en 2015) dans ses activités de production. Tandis que dans l’utilisation de ses produits, son objectif est de les réduire de 20 %. Maintenances et réparations de VI sont prises en compte dans ces projections.
"Nous avons mis du temps à trouver ce site, notamment parce que nous ne voulions pas nous installer sur des terres agricoles. Nous nous sommes donc installés sur une friche industrielle qu’il a fallu désamianter et entièrement réaménager", indique Yves Thépault, directeur réseau et stratégie du constructeur.
Ce site comprend un bâtiment de 1 400 m2 (dont 1 200 m2 d’atelier) installé sur une surface de 10 000 m2. Des bornes de recharges sont en cours d’installation sur les parkings poids lourds et véhicules légers. "Nos clients et nos salariés pourront ainsi venir avec leurs véhicules électriques et hybrides et les charger. Et nous pourront recharger nos véhicules d’occasion ou de location", précise Dirk Stüben. Tandis que dans les locaux, le traditionnel chauffage au gaz a été remplacé par une pompe à chaleur. L’éclairage est fourni par des LED et par la lumière naturelle – via les vastes baies de l’atelier. "C’est un bâtiment qui n’émet aucune émission ou gaz fossile. Tout y est électrique, ce qui est une première pour Scania", annonce Yves Thépault.
S’adapter aux motorisations alternatives
L’atelier compte cinq travées de 30 m de profondeur, dépourvues de fosses. A leur place, un double pont élévateur permet de lever un bus, un porteur, un tracteur seul ou avec sa semi. Il est ainsi possible d’intervenir sur toutes les configurations possibles. "C’est le troisième atelier que nous équipons ainsi en France, après la Corse et Lyon", précise Dirk Stüben. Cela coûte le même prix qu’une fosse, mais cela permet au technicien de travailler toujours à la bonne hauteur, contrairement à la fosse où il peut être trop petit ou trop grand". D’après lui, les ateliers VI se dispenseront peu à peu des fosses, remplacées par des colonnes de levage. Car, l’électrification du parc implique beaucoup moins de changements d’huile.
Scania s’adapte donc à cette évolution et tire des leçons de ses expérimentations. "A chaque fois que nous remplaçons des fosses par des colonnes de levage sur des projets, au départ les retours son négatifs. Puis six mois après, les techniciens nous disent que c’est mieux", observe Yves Thépault.
Au centre de l’atelier, une station d’approvisionnement de tous les types d’huiles. Le remplissage des différents circuits concernés sur les véhicules thermiques est ainsi simplifié, facilité et optimisé. Pour réparer les VI au GNC et GNL, l’atelier est doté d’un système de sécurité spécifique au gaz. En cas de fuite, des dômes s’ouvrent sur le toit et un système coupe le courant dans l’atelier.
Côté logistique, le magasin du site est seulement doté de l’assortiment obligatoire de la marque – environ 1 200 pièces pour une valeur de 120 000 euros. Celui-ci sera peu à peu ajusté aux spécificités du parc local, par le DMS. Celui-ci vérifie les consommations de l’atelier et fait des propositions de commande. Par exemple, une pièce vendue trois fois par an peut-être automatiquement commandée à partir de sa troisième vente. A contrario, des références rarement commandées disparaissent.
Montée en puissance attendue
Le stock est approvisionné sous trois jours à partir de la plateforme européenne de Bergen (Belgique). En cas d’urgence, les pièces peuvent être livrées le lendemain, avant midi. "L’ensemble du réseau mondial de Scania est connecté au même outil de gestion. On peut donc voir le stock physique réel d’un autre atelier. En cas de rupture de pièce dans le magasin central, on peut donc contacter un autre atelier pour obtenir la pièce", précise Carl Pattyn, président de la filiale française du constructeur. Par ailleurs, le magasin du site peut aussi être ajusté selon les variations saisonnières – comme par exemple, prévoir davantage de batteries pour l’hiver.
Mais avec seulement six interventions par jour et deux véhicules-relais, cette succursale ne tourne pas encore à plein régime. Ainsi, l’atelier est conçu pour employer dix techniciens, avec deux postes de travail par travée. Le constructeur compte atteindre son activité maximum d’ici à quatre ans. Mais pour l’instant, ce site est exploité par sept salariés. Il est piloté par un responsable des services. Son atelier est animé par quatre mécaniciens et un apprenti. Tandis que son réceptionnaire cumule aussi la fonction de magasinier. Enfin, un vendeur VN est également basé dans cette succursale.
La succursale est donc installée à un emplacement stratégique pour répondre aux besoins des clients du constructeurs basés (ou circulant) dans le Sud-ouest francilien. Les 321 VI de plus de dix ans de la zone (contre 1 100 à 1 700 dans celle des autres succursales franciliennes) sont en grande partie exploités dans le domaine des travaux publics. "Nous nous adaptons toujours au contexte local. Par exemple, à Bordeaux, nous avons beaucoup de clients longue distance qui roulent de nuit pour aller à Paris. Cela nous impose de travailler avec trois équipes. Mais ici, cela ne s’impose pas", explique Yves Thépault. Cependant, ce site devrait développer les activités location (avec des véhicules pouvant circuler en zone Crit’Air) et VO, parallèlement au dépannage.
Mais surtout, cette succursale reste polyvalente. Conformément à la stratégie de Scania – décidé à s’appuyer sur toutes les motorisations de son catalogue (du diesel à l’électrique, en passant par le gaz et les hybrides) pour réduire les émissions de CO2 – l’atelier s’adapte logiquement à toutes ces technologies. Reste maintenant à l'ensemble du réseau (38 succursales et 69 points de services privés, dont 5 outre-mer) à s'adapter à cette ligne de conduite.