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Equipements

Fog Automotive dans l'expectative

Publié le 7 février 2013
Par Frédéric Richard
3 min de lecture
Les actionnaires majoritaires de Fog Automotive, Jacob Abbou et Autovision, représenté par le président d'Autovision, Bernard Bourrier, viennent d'annoncer que la société, trois ans après sa reprise, ne peut plus garantir son activité en l'état. En cause, de multiples paramètres que nous détaillons.
Les actionnaires majoritaires de Fog Automotive, Jacob Abbou et Autovision, représenté par le président d'Autovision, Bernard Bourrier, viennent d'annoncer que la société, trois ans après sa reprise, ne peut plus garantir son activité en l'état. En cause, de multiples paramètres que nous détaillons.

Fog Automotive, fondée en 1929, est aujourd'hui une nouvelle fois dans la tourmente. Alors que l'on croyait le fleuron français de l'équipement de garage sorti d'affaire, ses deux actionnaires majoritaires nous annoncent leur volonté de se placer sous l'égide d'un mandataire ad hoc, donc d'un tribunal, afin qu'il se prononce sur les suites à donner à l'activité et éventuellement décider d'un "plan de sauvegarde", comme l'espère Jacob Abbou, actuel président de l'entreprise.

Mais comment en est-on arrivé là, alors que la société, reprise en 2009 avec 98 salariés, avait recommencé à embaucher (140 personnes à l'heure actuelle) et se gargarisait d'un carnet de commandes des plus remplis ? Sans compter les accords de distribution passés avec Sicam (filiale italienne de Bosch, fabriquant des équilibreuses et des démonte-pneus) et des contrats de SAV pour le parc de machines Bosch installées dans les garages de l'Hexagone ?

En cause, plusieurs phénomènes. Le premier, Jacob Abbou le confesse, il a pêché par excès de confiance. Dès le début des négociations pour la reprise, l'homme d'affaires se rapproche de l'équipementier Bosch. Il est alors prévu que, une fois Fog Automotive redressé, l'Allemand reprenne la marque et le fameux site de Briare (45), une cathédrale ultramoderne voulue par l'ancien dirigeant, Patrice Muller, d'une capacité de plus de 20000 ponts élévateurs par an, là où Fog en écoulait 4000. Autovision et Jacob Abbou décident donc de maintenir tel quel cet outil surdimensionné, afin de pouvoir surseoir à la hausse de la demande, au moment de l'arrivée de Bosch dans l'affaire.

Mais, à l'époque, Bosch ne prévoit pas encore le rachat de SPX Services Solutions, qui va traîner en longueur et freiner tous les autres investissements du groupe allemand en période de crise économique. Si la filiale France de Bosch reste intéressée par Fog, la direction outre-Rhin met le projet en sommeil.

Crise. Le mot est évidemment lancé. Car en dehors des conséquences sur ce potentiel apport de business en fabrication, le contexte économique a pesé lourd, beaucoup plus directement, sur l'activité du fabricant français. C'est ainsi que, depuis 2009, les délais de paiement se sont très largement allongés, grevant durablement la trésorerie de l'entreprise. "Nous avons presque 4 millions dehors" regrette Jonathan Habersztrau, directeur général de Fog Automotive. Economiquement, pour une société en cours de relance, cela constitue une véritable catastrophe. En effet, dans cette situation, la trésorerie est nécessaire, puisque les fournisseurs, en manque de confiance (surtout ceux venus de loin), demandent des paiements au comptant…

Quelle est la situation actuelle ?

Aujourd'hui, 120000 machines Fog sont exploitées dans le monde, avec près de 11000 contrats de services. Ce qui génère un énorme besoin de service après-vente, qu'il ne faut pas laisser disparaître. D'autre part, Fog Automotive réalise un CA stable d'une année sur l'autre, à environ 25 millions d'euros. Néanmoins, les marges s'amenuisent avec la concurrence de plus en plus exacerbée, dans et hors de la zone euro. Avec des besoins en trésorerie évalués à près de 3 millions d'euros pour seulement poursuivre l'activité sans la faire évoluer, Jacob Abbou et Bernard Bourrier ont choisi de s'adresser au tribunal. Ils ont commencé à travailler avec un mandataire et imaginent deux scénarios de poursuite de l'activité, si un plan de sauvegarde était bien décidé in fine par le tribunal.

La première option consiste à pratiquer une restructuration conservant un maximum de personnel sur place, ce qui, selon le contexte, risque de ressembler à un pansement sur une jambe de bois… La seconde possibilité consisterait à prendre en considération l'avenir incertain, afin de pérenniser la marque Fog Automotive. Bien sûr, cela inclurait un plan de licenciements lourd. "Je vais tout faire pour conserver une partie de la production en France, et je veux surtout garder la marque vivante", affirme toutefois Jacob Abbou.

Quant à la distribution, les repreneurs de Fog ont tenu à rectifier le tir quant à la prétendue bienveillance de certains groupements à leur endroit. Et d'affirmer : "Ils nous ont soutenus, certes, mais dans des conditions devenues trop difficiles pour continuer", selon Jacob Abbou.

Au pied du mur pour avoir trop cru en Bosch et fermé la porte à d'autres partenaires potentiels, les repreneurs assument leurs erreurs, mais les pondèrent par une conjoncture exceptionnelle, dont l'ampleur était insoupçonnable à l'époque de la reprise. A la question de savoir si Fog pourrait devenir une marque commerciale de distribution de matériel de garage, Bernard Bourrier confesse : "C'est effectivement possible, mais nous tenterons de l'éviter, car la fabrication en propre est aujourd'hui l'un de nos facteurs de différenciation."

Si l'on en croit les annonces faites ce jour, les employés de Fog Automotive prennent ces décisions avec philosophie, et accordent leur confiance aux actionnaires majoritaires, qui demanderont bientôt au tribunal de commerce de Paris de nommer un mandataire, en espérant qu'il soit favorable aux hypothèses évoquées par les actuels actionnaires. Mais rien ne peut, à ce jour, le laisser supposer.

Il fallait donc avant tout rassurer aujourd'hui avec cette annonce, qui, si elle présage un plan de restructuration, reste une initiative potentiellement salvatrice pour l'entreprise.

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