Autodistribution Thomé joue la carte de la diversification
Didier Hubert est un patron exigeant. Malgré une croissance de son chiffre d'affaires de 10,1 % en 2022 (81,5 millions d'euros), le président du groupe Thomé estime avoir sous-performé lors du dernier exercice. Le bilan est pourtant loin d'être déshonorant…
"Nous avons été pénalisés par notre activité de fourniture industrielle, qui pèse environ 20 millions d'euros. Mais nos activités véhicule industriel et automobile ont connu de belles croissances. Dans le domaine du VL, notre chiffre d'affaires a progressé de 13 % et nos volumes de 4 à 5 %."
Notre activité recyclage se porte très bienDidier Hubert, président du groupe Thomé
Outre ces résultats plutôt encourageants, Autodistribution Thomé s'est illustré l'an dernier en diversifiant ses activités. Le distributeur a repris deux centres de traitement de VHU (véhicules hors d'usage) en Moselle et dans les Vosges : Accueil Auto Pièces (AAP) 57 et AAP 88. Ces sites ont séduit l'adhérent Autodistribution notamment grâce à leur nouvelle chaîne de déconstruction, mise en place début 2022 pour améliorer la qualité de leurs pièces de réemploi.
"On parle beaucoup de recyclage et, au bout de notre première année de gestion, cette activité se porte très bien", affirme le dirigeant. Reste néanmoins à optimiser sa logistique et ses outils digitaux. "J'attends de voir ce que ma centrale va proposer dans ce domaine", précise-t-il. Au-delà de ces sujets, Didier Hubert estime aussi qu'il faut réfléchir au positionnement de la PRE dans l'offre d'un distributeur.
"À côté de nos pièces premium, nous bénéficions aussi de notre MDD Isotech. Il faut se demander si la pièce d'occasion est toujours pertinente face aux marques de rang 2, 3 ou 4." Didier Hubert souligne l'importance de prendre en compte l'état variable d'une aile ou d'un démarreur recyclé par rapport à une référence neuve.
Une dizaine d'ateliers gérés en propre
Une autre activité du groupe rencontre un certain succès : celle de sa filiale luxembourgeoise. En effet, fin 2021, le groupe a acquis le distributeur Auto Mécanique à Differdange (Luxembourg). Il a ainsi attaqué un marché très bataillé – aux mains d'acteurs locaux, belges et allemands – reposant sur un parc haut de gamme récent. Un contexte qui incite les ateliers locaux à s'équiper avec du matériel premium.
De quoi offrir des perspectives de croissance prometteuses pour le distributeur lorrain, qui ne chôme pas non plus avec ses clients réparateurs de l'Hexagone. Le grossiste approvisionne 20 carrosseries AD, 21 garages AD Expert, 20 Bosch Car Service et 22 ateliers Autoprimo.
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Parallèlement, Autodistribution Thomé gère une dizaine d'ateliers détenus en propre (dont quatre avec le panneau Point S). "Dans les garages, le temps d'attente avant une prise en charge est de 2 à 3 semaines. Tandis que dans les carrosseries, les carnets de commandes s'étirent jusqu'à six semaines", observe Didier Hubert.
Ces délais rallongés sont en partie dus à la pénurie de main-d'œuvre, à laquelle le groupe Thomé n'échappe pas. Car s'il emploie 346 salariés, il lui en manque dix à quinze pour quelques métiers différents : mécaniciens VI et VL, technicien après-vente, peintre et technicien pour l'industrie. "C'est d'autant plus problématique que la pénurie de productifs se répercute directement sur le nombre d'heures vendues."
Dans ce contexte, Didier Hubert veut se montrer prudent. Derrière les très bons résultats actuels, il entrevoit d'ailleurs un possible ralentissement. "La baisse de l'inflation n'entraînera pas nécessairement une hausse de l'activité, alors que les frais risquent de rester élevés", alerte-t-il.
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