Batteries : un cartel sanctionné à hauteur de 72 millions d'euros

L'addition est salée pour les acteurs du secteur. La Commission européenne a infligé le 15 décembre 2025 une amende globale de 72 millions d'euros à trois fabricants de batteries de démarrage – Exide, FET et Rombat – ainsi qu'à l'association Eurobat. Ces entreprises ont participé entre 2005 et 2017 à une entente illégale portant sur la vente de batteries aux constructeurs automobiles dans l'espace économique européen.
Un mécanisme de surcoût coordonné
Le stratagème mis en place par les quatre fabricants impliqués – auxquels s'ajoutait Clarios, qui a échappé à toute sanction – reposait sur une coordination des primes appliquées au plomb, principal composant de ces batteries de démarrage. Avec l'appui d'Eurobat, leur association professionnelle, ils ont convenu de créer des "primes Eurobat" calculées sur la base de leur prix d'achat du plomb, puis de les publier dans le magazine spécialisé Metal Bulletin.
Cette coordination leur permettait d'imposer aux constructeurs automobiles et à leurs réseaux de réparateurs agréés un surcoût maintenu à un niveau supérieur à ce qu'il aurait été dans un contexte concurrentiel normal. Si l'utilisation de surcoûts pour répercuter les variations du prix des matières premières constitue une pratique légitime, la coordination secrète entre concurrents pour fixer ces surcoûts enfreint clairement les règles européennes de concurrence, précise Bruxelles.
L'infraction s'est étendue sur une période de douze ans et demi pour la plupart des participants. Clarios s'en est retiré quelques mois plus tôt, en septembre 2017, au moment même où l'entreprise révélait l'existence de l'entente à la Commission dans le cadre du programme de clémence.
Une lourde sanction pour Exide
La répartition des amendes reflète le degré de coopération de chaque entreprise avec les autorités européennes. Clarios bénéficie d'une immunité totale pour avoir dénoncé le cartel. FET et Rombat, qui ont également collaboré avec Bruxelles, ont vu leurs amendes réduites respectivement de 50 % et 30 %. Exide écope de la sanction la plus lourde avec 30 millions d'euros. L'association Eurobat, sanctionnée pour son rôle de facilitatrice, doit s'acquitter de 125 000 euros.
"Nous pratiquons la tolérance zéro à l'égard de la fixation des prix ou de tout type d'entente", a déclaré Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne. "Par cette décision, nous rappelons également aux associations professionnelles qu'elles ne doivent pas utiliser leur position de représentants de l'industrie pour faciliter la collusion entre leurs membres."
Au-delà des amendes versées au budget européen, les constructeurs automobiles et autres victimes de cette entente peuvent désormais se retourner devant les juridictions nationales pour réclamer des dommages et intérêts. La décision de la Commission constitue une preuve contraignante du caractère illicite des pratiques, facilitant ainsi les recours en réparation.
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