Damien de Potter, Tjekvik France : faire entrer l’après-vente dans l’ère du self-service

Avant de piloter la stratégie francophone de Tjekvik, Damien de Potter a travaillé sur le terrain. D’abord mécanicien avec un CAP en poche, il a ensuite évolué dans le secteur premium (Lamborghini, Bentley, Ferrari) puis dans le retail auto. "J’ai vu le quotidien de l’après-vente. Je sais à quoi ressemblent les contraintes sur le terrain." Un point qu’il met aujourd’hui à profit dans son rôle de directeur général des marchés francophones.
Tjekvik, créée en 2015 au Danemark, propose des solutions de digitalisation du parcours client en après-vente. L'entreprise s'est d’abord fait connaître par ses bornes de dépôt et de retrait de clés, mais propose aujourd’hui une gamme plus large d’outils de relation client. Son offre s’articule notamment autour du "home-checkin" – une phase de pré-accueil numérique qui permet au client, depuis chez lui, de préparer son rendez-vous, de mettre à jour ses informations et d’accéder à un catalogue de services ou d’accessoires proposés selon la marque, le modèle ou la motorisation du véhicule.
"Le home-checkin est souvent plus rentable que la borne elle-même. C’est là que se fait une grande partie de la vente additionnelle, en amont de la visite."
Une stratégie progressive d’implantation
Présente dans 34 pays et 2 000 concessions dans le monde, Tjekvik s’est lancée en France seulement récemment. "On a attendu que le marché francophone soit prêt. Il y a eu une vraie prudence stratégique." Une prudence qui s’explique, selon Damien de Potter, par les spécificités culturelles du marché français : réticence au changement, crainte de déshumaniser l’accueil et complexité des organisations internes.
C’est par la Belgique et le Luxembourg, plus réceptifs et souvent liés à des groupes français, que la société a entamé sa percée. "Ce sont souvent des groupes français qui ont testé nos solutions sur leur réseau belge avant d’envisager un déploiement dans l'Hexagone", explique-t-il.
Depuis, le rythme s’accélère. En 2024, l'entreprise danoise a signé des contrats de déploiement dans plusieurs dizaines de concessions françaises, dont certaines avec des constructeurs directement. Des centres Porsche commencent également à s’équiper, y compris en bornes 24/7 blindées, certifiées norme EN 1143.
Une promesse de service plus fluide
Pour Damien de Potter, ces outils ne sont pas là pour remplacer l’humain, mais pour compléter les dispositifs existants : "Ce qu’on propose, ce n’est pas de supprimer l’accueil, mais d’ajouter de la flexibilité." Il cite des cas de figure concrets : arrivée en dehors des horaires d’ouverture, files d’attente longues, absences de personnel. "Dans ces situations, la borne ou le home-checkin permettent de maintenir une continuité de service."
En interne, les retours des groupes clients soulignent aussi un impact sur les ventes : l’automatisation du parcours, combinée à une offre contextualisée, permet d’optimiser la vente additionnelle sans mobiliser de personnel. "Un groupe a écoulé un stock dormant d’accessoires en deux semaines, simplement en les intégrant au parcours client digital."
En un an, Tjekvik est passé d’un nom inconnu à un acteur reconnu dans le paysage de l’après-vente digitalisée. Le directeur France préfère toutefois rester mesuré : "On a validé la première phase, celle de la notoriété. Maintenant, on passe à celle de l’industrialisation." Et d’ajouter, plus pragmatique : "On a les outils, reste à les adapter au bon rythme, marché par marché."