Dans l'automobile, les faillites d'entreprises repartent à la hausse
En 2023, la faible croissance en France, évaluée à 0,8 % selon la Banque de France, a clairement entravé le développement des entreprises. Dans ce contexte difficile, le secteur automobile a été durement touché par une augmentation significative des défaillances d'entreprises.
Selon une étude du groupe Altares, expert en données d'entreprises, ces procédures ont enregistré une hausse de 26,1 %, passant de 1 871 dossiers en 2022 à 2 353 en 2023.
Selon Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne), "cela est dû à un effet de normalisation, post-Covid. La fin du quoiqu'il en coûte fait mal aux entreprises, surtout aux petites structures et très peu de secteurs sont épargnés".
Le remboursement de la dette Covid met donc à mal les entreprises du secteur qui repassent au dessus du niveau de défaillances atteint en 2019 (2 077). Un niveau qui avait énormément ralenti en 2020 et 2021 et qui était passé sous les 1 350 défaillances et remonte progressivement depuis.
L'inflation n'est pas innocente, jouant un double rôle à la fois sur les marges et sur le portefeuille des ménages, moins enclins à acheter des véhicules et à les faire réparer.
A lire aussi : L'entretien du parc automobile français pénalisé par l'inflation
Pour Julien Laugier, économiste au sein du groupe BPCE, "les entreprises ont ainsi plus de difficultés à financer leur trésorerie et les dépenses des ménages ont plié face à l’inflation, ce qui a pesé sur leurs achats de véhicules". Le pouvoir d'achat des Français a fortement diminué en 2023, ce qui a pesé sur la composition de leur panier de consommation. Le budget alloué à l'achat et à l'entretien de véhicules a reculé de 7,2 % sur le troisième trimestre 2023, en comparaison à 2019, selon les chiffres de l'Insee.
Les régions les plus touchées par les défaillances
Parmi les régions les plus touchées par les redressements et les liquidations judiciaires directes, Altares recense sur le podium l'Île-de-France (446 procédures), l'Auvergne-Rhône-Alpes (279) et la région Occitanie (249). La crise y est la plus prononcée avec une progression de 45,6 % des défaillances par rapport à 2022. Ces régions sont par ailleurs celles qui concentrent le plus d'entreprises du secteur du commerce et de la réparation de véhicules.
Une accélération de la consommation des ménages étant prévue pour l'année 2024, il y a fort à parier que les défaillances dans le secteur du commerce vont ralentir.
Un nombre d'emplois qui baisse peu
Si le bilan d'Altares peut sembler inquiétant, Jocelyn Gombault, responsable de projet à l'observatoire de branche des services de l'automobile, nuance toutefois ces chiffres puisque les faillites ont principalement touché les petites structures. "Les défaillances concernent en grande majorité les entreprises zéro employé ou les micro-entreprises. Cela ne concerne donc pas énormément d'emplois."
Il ajoute également que la branche entretien et réparation du secteur ne subit pas la majorité des défaillances et que celles-ci sont majoritairement imputables au commerce.
"Le parc roulant est vieillissant. La branche entretien et réparation est donc logiquement en croissance. Elle a gagné 3 000 emplois en 2023. Les entreprises du commerce de véhicules ont connu une légère diminution des emplois en début d'année par rapport à 2022, mais la fin d'année a été plutôt stable en termes d'emplois. Nous ne sommes pas comme dans les années 2012-2013 qui étaient très compliquées à ce niveau-là."