De livreur à dirigeant : le parcours inspirant de Jeremy Sellin (Auto Pièces Industries)

"Une suite logique à ce que l'on essaie de mettre en place." À bientôt 39 ans, Jeremy Sellin savoure son plaisir d'être nommé Jeune Manager de l'année. Mais le dirigeant d'Auto Pièces Industries, à Quimperlé (29), privilégie toujours le "on" au "je", n'oubliant pas de remercier ses équipes. "Nous sommes une structure indépendante, avec des gens d'expérience et de qualité."

Depuis qu'il a racheté la société avec deux associés en 2017, Jeremy Sellin et ses salariés ont fait progresser son chiffre d'affaires de près de 75 %, de 2,5 à 4 millions d'euros attendus en 2023. "Notre progression résulte d'un choix cohérent et réfléchi des partenaires avec lesquels nous travaillons", analyse le dirigeant. Son point de vente collabore en effet avec Partners, filiale d'Alliance Automotive, et LKQ-Van Heck Interpièces. Une association complémentaire et pensée dès l'origine. "Mon ancien patron avait déjà tissé des liens avec Van Heck, et me disait qu'il fallait idéalement avoir deux fournisseurs", confie Jeremy Sellin.

L'opportunité du rachat

Il a su écouter son mentor, qui l'a accompagné pendant de longues années. Au sortir de son bac commerce, en 2003, Jeremy Sellin compte enchaîner avec un BTS en alternance. Mais la rentrée approche, et les opportunités de dernière minute lui passent sous le nez. Le jeune homme appelle alors son ancien patron, avec lequel il a effectué des stages par le passé, et qui a monté API, en 2001. "Je voulais un travail de juin à septembre, mais il n'était pas intéressé par du court terme, se souvient notre Jeune Manager de l'année. Il m'a proposé un poste de livreur, puis de me former pour devenir magasinier confirmé. J'ai réfléchi deux semaines. C'était un risque, car je faisais une croix sur un niveau scolaire plus élevé. Mais j'ai dit oui, et je ne suis jamais reparti."

Livreur, magasinier, magasinier confirmé… puis commercial spécialisé peinture en 2011. Une évidence car, adolescent, Jeremy Sellin voulait travailler dans le commerce. "J'aimais bien les belles voitures, mais j'ai surtout fait mes études pour devenir commercial. Cela aurait pu être dans les robinets", plaisante ce fils d'agent de production et de clerc de notaire. En 2014, son portefeuille s'étoffe avec la carrosserie et la mécanique.

L'année suivante, son dirigeant indique à l'ensemble des salariés sa volonté de revendre la société, et qu'il espère que l'acheteur serait parmi eux. "Je n'ai pas réfléchi longtemps, l'idée a vite mûri", confie l'actuel dirigeant. Lui commercial, il s'associe avec Alan Favennec, alors en magasin, et Jean-Michel Jannez, plus expérimenté dans ce type d'opération. Ce trio complémentaire se penche sur le dossier en novembre 2016, et l'acquisition ne tarde pas : elle est effective en juillet 2017.

70 heures par semaine

Un premier aboutissement pour celui qui "veut toujours voir la prochaine étape". "Ce qui nous arrive ne nous a pas été donné. Je travaille 60 à 70 heures par semaine, mais j'aime ce que je fais. […] Nous ne sommes pas les meilleurs du monde, mais nous n'avons rien à envier aux grosses structures. Nous sommes capables de fournir un garage de A à Z : pièce d'origine, mécanique, carrosserie, réemploi, peinture, gros matériel, pont élévateur, etc."

Et la suite ? Malgré une forte concurrence en Bretagne, il ne s'interdit pas, à terme, une croissance externe si le marché se débloque dans son secteur. Mais pour le moment, la priorité est autre. "Aller sur le numérique, annonce Jeremy Sellin. Nous allons mettre les moyens pour disposer d'un bon site marchand, au moins sur la partie carrosserie." Y a plus qu'à !

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