Internet, un marché essentiel pour l'après-vente
Internet constitue désormais un canal de vente qui fait référence pour tous les consommateurs. La vente de pièces et de services automobiles commence à y trouver sa place. Mais tous les acteurs en place n'ont pas les mêmes attentes.
La réparation traditionnelle face à Internet, une possibilité exceptionnelle de confronter les opinions.
Réunis lors d'une table ronde organisée par l'AJTE (Association des Journalistes Techniques Européens), Plusieurs acteurs de l'après-vente automobile ont pu s'exprimer sur la montée en puissance d'Internet, les travers du système et les orientations à prendre. Pour alimenter le débat, Odette Dantas, directrice du GIPA France, Yann Gyssels, fondateur et président de Yakarouler.com, Thierry Leblanc, Directeur aftermarket France de Bosch, Philippe Peigney, Directeur après-vente de Renault et Thierry Talbot, distributeur AD à Poitiers (86).
La puissance d'Internet comme canal d'informations est rapidement établie par Odette Dantas, qui révèle que "la moitié des conducteurs sont aujourd'hui présents sur des réseaux sociaux", et sont donc prêts à échanger sur leur expérience et leurs solutions dans la sphère auto. Thierry Leblanc note pour sa part que c'est une particularité française, dans le sens où les produits d'entretien courant automobile sont en vente dans de nombreux canaux, de la grande surface aux enseignes spécialisées, et qu'Internet ne constitue qu'un canal supplémentaire.
La complexité croissante des véhicules restreindrait néanmoins la croissance des sites, Thierry Talbot rappelant que des équipements sophistiqués deviennent nécessaires, même pour travailler sur des équipements courants comme les freins, ou encore les pneumatiques avec les systèmes de contrôle de pression. Les acteurs traditionnels s'accordent à reconnaître que la vente de pièces sur Internet est préjudiciable à l'activité de toute la branche, quelques sites de vente en ligne appliquant des tarifs totalement dépositionnés face au marché.
"Il ne faut pas oublier que les professionnels traditionnels de la pièce ont des coûts d'équipement et de gestion de l'environnement, que les sites de vente en ligne. Ces contraintes ne peuvent pas favoriser l'alignement des tarifs", stigmatise Philippe Peigney.
Pour se battre, Thierry Leblanc (Bosch) avance ainsi la possibilité, pour les équipementiers, de "mettre en place des outils qui établissent des remises aux clients en fonction de leur activité. Tout en évoquant une autre solution celle du "Web to Store" pour répondre aux clients adeptes du Do It Yourself. L'internaute utilise le site pour faire son choix, et se rend toutefois chez son distributeur pour obtenir la pièce, un modèle commercial qui respecte la distribution traditionnelle. Absent d'Internet pour promouvoir la réparation, Renault préfère "respecter les contrats avec son réseau, et proposer une offre globale, pièces et montage", selon Philippe Peigney.
Face au modèle économique traditionnel, qui dégage déjà de faibles marges, quel est l'équilibre du système de vente sur Internet à prix cassés ?
"C'est une question de référencement chez les équipementiers, où nous apparaissons comme des plate-formes" indique Yann Gyssels. Il s'avère néanmoins qu'aujourd'hui, les acteurs sur Internet reconnaissent ne pas avoir atteint le seuil de rentabilité de leur activité, malgré une croissance revendiquée de 35 à 40%. Selon Yann Gyssels, l'évolution du commerce Internet vient de la fonction majeure de l'automobile dans la société actuelle, qui fait de son entretien un coût "contraint" que le consommateur cherche à réduire au maximum.
Internet est-il donc un vrai concurrent pour les réparateurs ? Yann Gyssels répond "Nous ne livrons pas en 3 fois par jour, au mieux en 24 ou plutôt 48 heures, nos clients n'ont pas des attentes de professionnels et nous ne cherchons pas à concurrencer les distributeurs traditionnels."
Néanmoins, ce phénomène, avec l'évolution des modes de consommation, fait évoluer la réparation automobile :"Le parc vieillit, il est plus fiable, remarque Philippe Peigney. Nous ressortons les Renault Minute Mobile".
"Sans oublier que 10 à 15% des achats sur le Net rencontrent des soucis au montage, retournent chez les professionnels, font tourner les ateliers et valorisent leur professionalisme", note Yann Gyssels.
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