Jan Löning (Oscaro) : "L'heure de se serrer les coudes"
La crise sanitaire du coronavirus est un casse-tête à plus d'un titre pour tous les dirigeants. Bien sûr, il y a l'urgence du moment, un confinement à gérer, une logistique à adapter, une activité à maintenir et donc un équilibre économique à sauvegarder. De façon moins visible mais tout aussi importante, il y a aussi des équipes à gérer. Le Covid-19 est dans la tête de tout à chacun. Entre doutes et inquiétudes, la prise de recul s'avère parfois difficile et certains cèdent logiquement à la psychose. Une situation à laquelle a été confrontée la direction d'Oscaro la semaine dernière.
Suite à un premier cas avéré sur la plateforme logistique d'Argenteuil (Val d'Oise), une partie des salariés a pris peur. Estimant que le site n'avait pas été suffisamment désinfecté et que tout n'était pas mis en œuvre pour leur sécurité, ces derniers ont choisi de débrayer pendant quelques heures. Les mesures prises par la société il y a déjà plusieurs semaines (espacement des postes de travail, gants, gel hydroalcoolique, communication sur les gestes barrières…) n'ont pas suffi à rassurer les équipes. Cette situation a évidemment posé quelques difficultés de gestion RH en interne.
Création d'un comité sanitaire
Avec une activité ayant fortement chuté pendant la première semaine de confinement avant de se stabiliser, le numéro un de la pièce détachée en ligne a été obligé de revoir son fonctionnement. Une partie des collaborateurs a été placée en chômage partiel, une autre (siège, fonctions support, relation client) est en télétravail alors que les équipes logistiques continuent quant à elles de travailler sur site avec un accompagnement renforcé. Mais en pareil cas "on n'en fait jamais assez", juge le directeur général, Jan Löning.
La semaine dernière "nos salariés ont sans doute pensé que nous mettions du temps à réagir mais cette situation est inédite pour nous aussi. Chaque jour, nous apprenons et nous nous adaptons". Un épisode en forme de "leçon d'humilité", comme le résume Jan Löning, qui a débouché sur des mesures très concrètes. Alors qu'une désinfection complète du site d'Argenteuil et de celui de Cergy a été réalisée dès le week-end dernier, un comité sanitaire a vu le jour dans chaque plateforme. Il se compose du DRH du site, du responsable prévention des risques, d'un superviseur, d'un magasinier et de deux responsables du personnel.
Le dialogue à la base de tout
Ces derniers se réuniront une fois par jour pour faire le point sur ce qui est en place et les éventuelles actions correctives à apporter. Une façon de se montrer réactif face à certaines problématiques et à l'écoute des salariés. "Depuis le début de cette crise, le dialogue est la base de notre fonctionnement. Par exemple, nous n'avons plus de masques car nous avons choisi d'offrir notre stock au personnel de l'hôpital d'Argenteuil qui est en première ligne. Nous en avons discuté avec les équipes et ils l'ont bien compris. Cela prouve à quel point ce dialogue est primordial."
Le dirigeant n'entend pas changer de stratégie dans le gestion de cette crise sanitaire. "Il n'y a pas de gagnants et de perdants entre les salariés en chômage partiel, ceux en télétravail et ceux évoluant dans nos plateformes. Cette situation est un problème pour tout le monde", estime-t-il. Pour lui, "il est plus que jamais l'heure de se serrer les coudes". "La santé de nos salariés et celle d'Oscaro sont mes deux priorités", conclut Jan Löning.