LED, la technologie phare du marché de l'éclairage
Entre croissance et changement. Le marché après-vente de l'éclairage se porte bien, selon les principaux intéressés que sont les équipementiers. Comme d'autres pièces, il bénéficie des difficultés du véhicule neuf et du vieillissement du parc roulant, mais aussi des évolutions technologiques continues.
"L'éclairage automobile en Europe et en France connaît une croissance constante, portée par l'adoption des technologies LED, adaptatives et avancées comme les phares laser. Ce marché devrait continuer à croître, notamment avec l'essor des véhicules électriques", prévoit Lionel Saillard, directeur commercial automotive France d'Osram, qui revendique près de 25 % de part de marché mondial sur l'éclairage automobile.
Depuis maintenant plusieurs années, un grand bouleversement s'opère. "Historiquement, le marché était globalement mené par l'halogène. Mais les phares LED sont en forte progression d'année en année, car les constructeurs les utilisent de plus en plus, et les réglementations poussent à s'y orienter", résume Latifa Boussif, responsable marketing France chez Magneti Marelli Parts & Services.
La LED gagne du terrain sur l'halogène
À l'heure actuelle, l'halogène représente encore quelque 40 % du marché. "Il reste très utilisé dans les véhicules anciens et d'entrée de gamme, constate Adrien Mallinjoud, chef de produit éclairage chez Hella. Si sa part de marché diminue au profit de la LED, les volumes ne baissent pas pour l'instant." Simple à remplacer, une ampoule traditionnelle est par ailleurs bien moins coûteuse que ses homologues xénon et LED. Son prix peut être divisé par 20 par rapport à une ampoule LED, et par 10 vis-à-vis d'une ampoule xénon.
"L'ampoule halogène est peu coûteuse à l'achat, entre 5 et 20 euros (contre 100 à 400 euros pour la LED), mais elle nécessite un remplacement fréquent, augmentant les coûts à long terme, précise Lionel Saillard. Sa durée de vie est courte, entre 500 et 1 000 heures, quand la LED est plus fiable et robuste, avec une durée de vie de 25 000 à 50 000 heures. L'halogène est un choix intéressant pour les véhicules à bas prix ou pour des applications où la rentabilité immédiate est primordiale."
Pour les équipementiers, l'halogène n'est pas la technologie la plus profitable vu son faible coût. "C'est tout de même une source de revenu stable compte tenu des volumes élevés", selon Latifa Boussif. Le garagiste compense le faible coût par un temps de main-d'œuvre très réduit et des remplacements plus fréquents.
Mais la tendance de fond voit bel et bien les optiques LED progresser, avec une part du marché de l'éclairage se rapprochant toujours plus de l'halogène. La LED dépasse déjà allègrement les 30 % du marché, et même les 40 % pour certains équipementiers. "C'est ce qu'on vend le plus désormais chez Hella, rapporte Adrien Mallinjoud. La demande est de plus en plus forte, compte tenu de son efficacité énergétique, de sa longue durée de vie et de sa nécessité pour les véhicules équipés de systèmes Adas."
Les phares LED assurent en effet une meilleure visibilité la nuit, qui contribue au bon fonctionnement des aides à la conduite, notamment la caméra avant. Et cette connexion entre les systèmes d'éclairage automobile et les Adas change les habitudes.
"Cela limite la capacité de l'automobiliste à effectuer des changements seul sur le véhicule. Il faut en effet faire attention à ne pas toucher à d'autres éléments. Si on intervient sur le système d'éclairage, il y a souvent la nécessité ensuite de faire des recalibrations des systèmes électroniques pour que tout fonctionne correctement. Et pour cela, il faut des outils de diagnostic avancés", souligne Latifa Boussif.
Ajoutez à cela la nécessité de réaliser des mises à jour logicielles pour la bonne marche du système d'éclairage en lien avec le système Adas, et l'impossibilité d'effectuer soi-même les changements et réparations.
Car s'il devait rester une opération que les automobilistes effectuent souvent par eux-mêmes, ce serait bien le changement d'ampoules halogène. Avec le développement des LED, c'est donc chose moins aisée.
"Les technologies avancées comme les phares adaptatifs, LED et laser, nécessitent des compétences techniques spécifiques pour leur installation et leur réparation, rendant indispensables les interventions en atelier, abonde Lionel Saillard. Les réparations impliquent non seulement le remplacement d'ampoules, mais aussi des ajustements électroniques et des recalibrages. En raison de l'augmentation de cette complexité, les automobilistes se tourneront de plus en plus vers des professionnels en atelier pour les réparations et le remplacement des systèmes d'éclairage. Les services spécialisés deviennent donc essentiels pour diagnostiquer et réparer les systèmes interconnectés et intelligents."
Si actuellement, les équipementiers usent de différents canaux de distribution (B2B, B2C, réseaux spécialisés…), la grande distribution devrait, à terme, ne plus faire partie de la liste à cause de ces différentes raisons.
Le garagiste de plus en plus sollicité
D'abord développée sur les véhicules haut de gamme, la technologie LED s'est démocratisée sur les modèles d'entrée de gamme. Plus coûteuse à produire, elle est plus onéreuse, ce qui profite au tiroir-caisse des fabricants et des garagistes. Pour l'automobiliste, elle a l'avantage de la durabilité et de la rentabilité à long terme, car son ratio durée de vie/prix est nettement supérieur.
Les économies à long terme sont garanties, même si, en cas de défaillance, "le remplacement est plus complexe, ce qui a un impact sur le coût de la maintenance", rappelle Latifa Boussif. Si l'halogène est rentable en raison de la simplicité d'installation et du faible coût de remplacement, la LED l'est encore plus sur le long terme, car elle offre aux garagistes des opportunités de maintenance plus complexes et potentiellement plus rémunératrices.
Pour les années à venir, sans surprise, la tendance va se poursuivre : la demande en LED continuera de s'accentuer, lui permettant de dépasser les 50 % du marché d'ici deux à trois ans. L'intérêt porté à la consommation d'énergie et aux émissions de CO2 joue en faveur de cette technologie.
"On va toujours vers des produits moins énergivores et plus durables, confirme Latifa Boussif. Il y a aussi l'aspect sécuritaire, avec un besoin constant d'améliorer au maximum la visibilité. Par ailleurs, il faut répondre aux préférences des consommateurs en matière de design. Au-delà de la technologie, l'aspect esthétique du phare compte. Le consommateur d'aujourd'hui y accorde beaucoup d'importance."
L'impact du parc a également son rôle. D'abord, les véhicules électriques et hybrides sont friands de LED, car elle pioche moins que l'halogène sur l'autonomie des batteries. Et comme le coût des LED tend à diminuer, cela les rend plus accessibles. Ensuite, sans surprise, les évolutions technologiques ne vont cesser de se poursuivre. Les systèmes d'éclairage adaptatifs vont certainement devenir la norme, avec des bénéfices en termes de sécurité.
"Les constructeurs tendent vers des phares matriciels et des MicroLED pour que les véhicules aient plus de fonctionnalités. L'avenir de l'éclairage se concentre sur les LED intelligentes et connectées, qui permettent d'adapter la lumière en position de conduite et d'avoir des synergies avec les systèmes Adas", détaille Adrien Mallinjoud.
Lionel Saillard ajoute que "les OLED et les phares laser pourraient se développer dans les segments premium et autonomes, offrant des éclairages personnalisables et performants". À l'atelier, ces évolutions technologiques ne seront pas sans conséquences et impliqueront des formations spécifiques pour mettre à jour les compétences des techniciens.
"Ils devront s'adapter à des systèmes d'éclairage plus complexes et intelligents, avec des composants électroniques avancés. Le remplacement des LED sera moins fréquent, mais plus coûteux", prévient le directeur commercial d'Osram.
Un rétrofit bien encadré
En attendant le renversement complet des véhicules équipés de phares halogènes en phares LED, et la prise de pouvoir définitive de cette dernière technologie dans les ateliers de réparation, une alternative existe : les feux hybrides. On trouve en effet sur certaines voitures des feux de position en LED et des feux de croisement en halogène. "Cela devient fréquent, notamment sur les véhicules d'entrée de gamme, afin de maîtriser un peu les coûts pour le constructeur. Et avoir un peu de LED permet d'obtenir un véhicule avec un peu de style", explicite Adrien Mallinjoud.
Une autre tendance s'observe depuis plusieurs années : le rétrofit, de l'halogène vers la LED, plus esthétique et plus économe en énergie. "C'est une pratique de plus en plus répandue, confirme Latifa Boussif. Elle est surtout pratiquée sur des véhicules anciens, pour lesquels il faut améliorer la visibilité. Mais le rétrofit est une pratique qui ne peut pas se faire sur tous les véhicules, et qui reste moins répandue en France qu'à l'étranger."
Ainsi, Hella propose des ampoules dédiées au rétrofit dans certains pays, mais pas encore dans l'Hexagone. "Nous le faisons notamment en Chine, car la réglementation sur le sujet y est assez floue. En Europe, elle est plus contraignante", explique Adrien Mallinjoud. La directive 2007/46/CE oblige en effet tout kit de rétrofit de phares à disposer d'un marquage CE pour attester de sa conformité aux normes de sécurité et d'éblouissement.
"Les phares LED ont des caractéristiques de lumière différentes des halogènes, ce qui peut causer des problèmes de faisceau lumineux – éblouissement ou mauvaise direction – si l'installation n'est pas correcte", insiste Lionel Saillard chez Osram, qui propose des kits homologués. Vers lesquels tous les consommateurs ne se tournent pas…
"Beaucoup d'automobilistes achètent sur Internet des ampoules LED qui ne sont pas homologuées pour le marché européen, pointe Adrien Mallinjoud. Ils se retrouvent alors avec des feux trop puissants ou mal réglés, ce qui peut engendrer des accidents." Mais aussi des amendes et un échec lors du contrôle technique.
Entre la difficulté du remplacement et l'homologation, le consommateur doit là encore se rendre en atelier pour effectuer cette opération, afin de n'avoir aucun problème tant sur le plan de la sécurité que de la légalité. Pour Hella, qui n'a pas encore franchi le pas du rétrofit en France, cela "est dans les tuyaux", assure le chef produit. De quoi accélérer encore plus rapidement la prise de pouvoir de la LED.
Le xénon, voué à disparaître
Entre l'halogène et la LED, le xénon augmente légèrement en valeur mais ses volumes restent stables, à un niveau assez bas. "Il est encore présent, mais uniquement sur la pièce de rechange. Il n'existe plus sur les véhicules neufs", indique Adrien Mallinjoud pour Hella. Sur ses quelque 2 800 références, l'équipementier compte seulement une cinquantaine de phares xénon. "Le xénon est toujours rentable pour l'équipementier. Il reste meilleur que l'halogène en termes de durée de vie et de consommation d'énergie. Mais la technologie tend à être remplacée par les LED", confirme Latifa Boussif chez Magneti Marelli.
La LED le surpasse en effet en termes de performances, pour une plus grande simplicité technologique et donc un coût inférieur. Chez Osram, Lionel Saillard estime que le xénon représente tout de même encore 15 à 20 % du marché, malgré sa baisse inéluctable : "Les phares xénon ont une bonne efficacité et une longue portée. Ils sont rentables pour l'équipementier dans les segments premium, et pour le garagiste grâce à la complexité de l'installation. Le xénon génère encore de bonnes marges, mais son utilisation diminue." Un crépuscule inéluctable.