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Contrôle technique

Karine Bonnet (Dekra) : "Des mois records grâce à un effet de rattrapage"

Publié le 15 septembre 2020
Par Nabila Albour
4 min de lecture
Présidente du réseau Dekra, Karine Bonnet revient sur la période post-confinement au cours de laquelle ses centres ont enregistré un regain d’activité. Elle présente aussi les enjeux de recrutement de la filière, qui jouit encore d’un déficit d’image.
Karine Bonnet a été nommée directrice générale de Dekra Automotive en janvier dernier.

Comment s’est passée la reprise post-confinement en termes d’activité ?

A partir du moment où les centres ont commencé à rouvrir, à l’issue du confinement, et dès lors que les clients sont revenus, nous avons connu des mois records grâce à un effet de rattrapage. Une tolérance a été accordée jusqu’au 5 octobre 2020 pour ceux qui avaient un contrôle technique à réaliser entre le 11 mars et le 23 juin 2020. Selon la date initiale d’échéance du contrôle dans cette période, les clients ont obtenu jusqu'à 104 jours de délai supplémentaire, ce qui a permis de lisser l’afflux dans les centres. Au mois de mai, nous avons enregistré + 7,15 % par rapport à l’an dernier. Et ce bien que nous soyons toujours en négatif par rapport à 2018 mais c’était une année spécifique avec la directive européenne. Nous avons constaté quotidiennement + 25 % d’activité par rapport au marché habituel. Nous avons terminé avec + 34 % en volume en juin par rapport à l’an dernier, un mois traditionnellement fort, et + 27 % en juillet. Pour le mois d’août, le plus faible de l’année traditionnellement, nous avons réalisé + 24 %.

Les centres de contrôle technique figurent parmi les oubliés du plan de relance. Quelles sont les aides qui pourraient aider la filière selon vous ?

Nous avons plusieurs propositions. Par exemple, à l’instar de ce qui a été mis en place pour le fichier des assurés nous sommes favorables à un fichier du contrôle technique. Désormais, quand vous voulez immatriculer un véhicule ou lors d’une cession, il faut disposer d’une attestation d’assurance. Ce fichier des assurés permet aux forces de l’ordre d’identifier les véhicules qui présentent un défaut d’assurance. Tous les centres de contrôle technique sont interfacés en temps réel avec l’Office technique centrale (OTC). Aussi, les ministères des Transports et de l’Intérieur ont la possibilité d’identifier les véhicules qui ne sont pas à jour du contrôle technique ou qui ne l’ont pas réalisé. L’idée, c’est d’abord de rappeler l’enjeu pour la sécurité routière. Autre mesure possible : retirer la TVA sur les contre-visites ou les frais induits. Ceci inciterait les automobilistes à réaliser leur contrôle technique tout en relançant l’activité. Car même si pour l’instant il y a une forte activité, du fait du rattrapage, nous ne savons pas combien d’entreprises pourraient, à terme, être impactées par la crise.

A cet égard, fin 2019, de nombreux professionnels du contrôle technique s’étaient inquiétés de retards d’automobilistes n’ayant pas passé leur visite périodique. Comment l’expliquez-vous ?

L’an dernier, nous étions en négatif par rapport aux deux années précédentes car il manquait 600 000 véhicules qui ne sont pas venus refaire le contrôle technique réalisé deux ans auparavant. Différentes raisons peuvent l’expliquer. Il y a ceux qui évitent de passer le contrôle technique. Il y a aussi tous les véhicules qui sont vendus ou mis à la casse mais aussi toutes les primes à la conversion qui viennent déstructurer le marché. Ce n’est plus aussi mécanique, nous n’avons pas retrouvé tout le volume d’il y a deux ans.

Dekra a regroupé pendant l’été ses entités en région parisienne (Trappes, Bagneux et le Plessis-Robinson) dans son nouveau siège au Plessis-Robinson dans les Hauts-de-Seine. Le nouveau site dispose d'un espace de travail de 11 866 m2, entièrement rénovés, destiné aux 700 collaborateurs de l'enseigne.

 

En 2018, le contrôle technique figurait parmi les cinq métiers en tension. Où en est la filière aujourd’hui ? 

C’est le principal défi que doit relever la filière. En 2019, selon l’Anfa et Pôle emploi, 700 emplois étaient non pourvus. C’est énorme. D’autant plus durant cette forte période d’activité post-confinement. De plus, le métier du contrôle technique a 30 ans et l’on va arriver à un remplacement de génération dans les années à venir. Le contrôle technique n’est pas très connu ni forcément très attractif au sein de la filière automobile alors que c’est un métier noble, qui est dans le tissu local et non délocalisable. De plus, il participe à la prévention de la sécurité routière et c’est un métier accessible avec de réelles possibilités d’évolution professionnelle. Or, l’élévation des prérequis en 2018 a certes permis de redorer le blason de la profession mais cela a aussi appauvri l’assiette de candidats plausibles. On est passé d’un CAP mécanique ou d’une expérience de 5 ans en formation initiale à l’obtention d’un bac professionnel spécifique. Avec le retour d’expérience de presque deux ans, on se rend compte que cela devient compliquer de recruter dans ces conditions.

Quelles actions mettez-vous en place pour valoriser le métier et favoriser le recrutement ?

Il s’agit d’un travail de réflexion que nous avons initié avec les pouvoirs publics, le CNPA, l’ensemble des réseaux, l’Anfa et Pôle emploi afin de trouver des solutions pour pallier à ce déficit. Il y a effectivement les titres professionnels comme le CQP mais il n’est pas adapté du point de vue de notre outil réglementaire car la partie pratique de la formation initiale est très longue or ce n’est pas possible dans le CQP. Par ailleurs, le réseau a mis en place le Dekra Summer campus depuis deux ans qui permet d’aller directement vers les jeunes qui sont en lycée professionnel pour leur expliquer le métier et leur proposer un véritable engagement. Et s’ils entrent en formation initiale, nous participons notamment à l’obtention de leur permis B.

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