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Bornes de recharge : les ateliers se mettent au courant

Publié le 2 octobre 2024
Par Tristan Baez
4 min de lecture
La transition électrique a fait du chemin dans le secteur automobile, mais la distance à parcourir est encore longue. Le gouvernement français fixe un objectif de 800 000 ventes de véhicules à batterie dès 2027. De quoi inciter les ateliers à sauter le pas pour s'équiper en bornes. Reste à faire son choix…
Pour être considéré comme ouvert au public, le point de recharge doit être accessible à tout utilisateur sans discrimination.
Pour être considéré comme ouvert au public, le point de recharge doit être accessible à tout utilisateur sans discrimination.

L'électrification du parc roulant fait l'objet de nombreux débats dans tous les métiers liés à l'automobile. Mais la vérité des chiffres est là : de plus en plus de véhicules électriques sont vendus chaque année. En Europe, un total de 712 637 nouvelles voitures "zéro émission" a été commercialisé au premier semestre 2024, selon l'ACEA. Et ce, malgré un léger ralentissement du marché dû à l'arrêt de certaines aides à l'achat dans plusieurs pays.

En France, la dynamique est identique puisque le contrat de filière établi en mai dernier par l'industrie automobile avec le gouvernement fixe un objectif de 800 000 ventes de VE dès 2027. Face à cette perspective, il devient indispensable de mailler le territoire de bornes de recharge pour répondre aux besoins de ce nouveau parc roulant.

Au 31 juillet 2024, l'Hexagone comptait 143 678 points d'avitaillement ouverts au public, soit une progression de 37 % en un an, d'après les données de l'Avere-France. Les acteurs de la filière des services à l'automobile participent à ce maillage, notamment les enseignes multimarques de centres autos et de fast-fitters. Ainsi, Norauto a implanté plus d'une centaine de bornes monétisées dans ses succursales, de même que Speedy, qui offre la recharge aux véhicules en maintenance.

Chez les indépendants, en revanche, le sujet reste encore complexe à appréhender. Quelle puissance est nécessaire ? Quid des aménagements ? Comment rentabiliser cet investissement ? Autant d'interrogations auxquelles de nombreux professionnels sont aujourd'hui confrontés.

À chaque borne son utilisation

De nombreux types de bornes de recharge existent, et chacune a un usage bien spécifique. "Nous fabriquons des bornes de recharge AC à courant alternatif et des bornes DC à courant continu. Nous avons donc des bornes de recharge qui vont s'adapter à toutes les typologies de besoins, du résidentiel jusqu'au poids lourd, en passant par le tertiaire, etc", explique Victor Van Lancker, directeur commercial d'Autel Energy, filiale du chinois Autel spécialisée dans les bornes.

Les bornes de 7 kW restent les plus courantes, car elles permettent une recharge lente des véhicules, évitent des surfacturations d'électricité et restent abordables. Monophasées, elles sont souvent utilisées dans le cas d'installations privées.

Pour les bornes de 22 et 50 kW, la demande ne cesse de progresser puisqu'elles offrent une recharge plus rapide. Comptez une à deux heures de recharge pour les bornes 22 kW, et 30 à 60 minutes pour les 50 kW.

Enfin, d'autres infrastructures peuvent fournir une puissance de 150 à 350 kW. Elles sont principalement implantées dans des hubs de superchargeurs, et destinées à des modèles spécifiques et aux poids lourds. Il y a un facteur principal qui diffère entre tous ces types de bornes, en dehors du tarif, c'est la manière dont le courant circule du réseau au véhicule. Comme l'explique Victor Van Lancker, le courant du réseau électrique est alternatif, tandis que celui du véhicule est continu. Pour des bornes de faible puissance, le courant sera distribué à l'automobile en alternatif, et la conversion en continu se fera dans le véhicule, d'où la faible vitesse de charge.

A contrario, les bornes plus puissantes, à partir de 22 kW environ, font la conversion du courant intrinsèquement. Elles sont plus coûteuses, mais apportent donc certains avantages, comme l'explique Lyes Cheurfa, directeur commercial de Waat : "Une borne électrique 22 kW qui comporte plusieurs points de recharge consomme bien plus d'électricité qu'on ne le pense. Dans les garages, les réparateurs ont aussi besoin de beaucoup de puissance électrique pour faire fonctionner certains outils, ou les ponts élévateurs. Ainsi, on installe un système qui permet de réguler l'énergie utilisée pour la borne, priorisant les installations propres à la réparation lorsqu'elles sont mises en service. Ce système intelligent, en adéquation avec l'activité du réparateur, repartit l'énergie nécessaire à la borne à l'instant T."

Des étapes à respecter

Pour connaître les bonnes conditions de mise en place d'une borne, un audit technique doit être réalisé dans un premier temps, par un prestataire qui se déplace sur site. "Il est important de bien choisir l'entreprise. Elle doit être plus que spécialisée : elle doit être qualifiée avec la certification Qualifelec. Cela permet de s'assurer que le prestataire vous permettra de bénéficier des subventions, mais surtout qu'il a la capacité de s'occuper de l'installation, de l'audit technique à l'entretien annuel", souligne Lyes Cheurfa.

Par le biais de cet audit, l'entreprise va tout d'abord contrôler les installations électriques. S'il est nécessaire de mettre en œuvre un chantier, la pose de bornes est bien souvent inopérable en raison du coût des travaux. François Gatineau, président de Mobileese, rappelle les prérequis vérifiés lors de ces audits : "La première des contraintes est liée au bâti. Il est aussi primordial de connaître toutes les problématiques de réglementation qui s'appliquent au parking considéré. Il faut regarder ce qui est disponible en termes de puissance au niveau du point d'alimentation existant. Puis, il faut concevoir à l'avance l'infrastructure de recharge pour qu'elle réponde idéalement aux usages souhaités par l'aménagement."

Enfin, après ces différentes études, Matthieu Renaudin, directeur communication et affaires publiques d'Izivia, estime qu'il faut compter quatre à six mois pour une borne AC de 7 à 22 kW, avec les différents travaux. "Et il faut compter plutôt neuf mois pour une borne rapide ou ultrarapide. Ce délai supplémentaire est souvent dû à la nécessité de créer un point de livraison dédié pour adapter la puissance du site à la borne."

Coûts et subventions

Le coût d'une borne de recharge, en dehors même de son installation, est particulièrement variable. Selon Victor Van Lancker, "une borne résidentielle de 7 kW ne dépasse pas les 1 000 euros, tandis qu'une de 50 kW chiffre à 15 000 euros en prix public."

Lyes Cheurfa, qui perçoit des difficultés et réticences budgétaires chez les indépendants qui voudraient se lancer dans l'installation d'une borne, précise : "Avec la pose, une borne de recharge de 7 kW coûtera 2 500 euros. Pour une borne rapide de 50 kW, il faut plutôt compter entre 25 000 et 30 000 euros, mais le retour sur investissement est bien plus intéressant."

Pour encourager ces investissements, plusieurs aides sont proposées. Ainsi, le programme Advenir a été mis en place essentiellement pour les professionnels des services de l'automobile. En lien avec le ministère de la Transition écologique, il propose des subventions pour la pose de bornes de recharge. L'aide atteint un maximum de 50 % du prix de l'installation et est comprise entre 1 700 et 7 500 euros.

D'autres solutions existent pour la pose de prises électriques automobiles. Izivia, filiale du groupe EDF, étudie et finance même l'installation de points de recharge. Matthieu Renaudin explique : "Nous sommes sur un modèle investisseur. Avec des partenaires financiers, nous investissons dans l'installation de bornes dans des réseaux. Ensuite, nous les exploitons sur une durée de quinze à vingt ans et nous nous rémunérons sur les recharges." De quoi permettre à chaque atelier de trouver chaussure à son pied.

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