L'érosion du Diesel se poursuit
(AFP)
Il s'est encore vendu davantage de voitures Diesel qu'à essence en France en 2016, mais la fin de l'"âge d'or" du gazole se profile, vu la disparition programmée d'avantages fiscaux dont il bénéficiait jusqu'ici. Selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), 52,1% des acheteurs de voitures particulières neuves ont choisi un modèle fonctionnant au gazole l'année dernière, une baisse de 5,1 points par rapport à 2015.
L'érosion de la part du Diesel est continue depuis 2012, année où elle avait atteint 73%. Elle s'effectue sur fond d'études quant à la nocivité des émissions, de scandale aux moteurs truqués chez Volkswagen et de resserrement des normes et des taxes, rendant ce carburant moins séduisant pour les petits rouleurs. "On perd à peu près cinq points par an régulièrement, mais la tendance baissière va se confirmer, peut-être même s'accélérer en 2017", déclare à l'AFP Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.
Le gazole a vu son prix croître d'environ 4 centimes à la pompe au 1er janvier, sous l'effet d'une hausse de la taxe sur les carburants (TICPE) et de la contribution climat-énergie, sans oublier la TVA. L'essence a moins augmenté car la TICPE a baissé sur ce carburant.
En outre, les entreprises pourront à terme déduire 80% de la TVA appliquée sur l'essence, comme c'est le cas actuellement pour le gazole, une mesure qui se fera de façon progressive : en cinq ans pour les véhicules particuliers et en six ans pour les utilitaires légers, comme adopté dans le budget 2017. "Ce qui permettait encore au Diesel d'être légèrement majoritaire, ce sont les ventes aux sociétés", remarque Flavien Neuvy, en soulignant que les particuliers ne sont plus que 38% à acheter des voitures au gazole. "Le passage à l'essence se fait sur tous les segments", confirme Philippe Buros, directeur commercial pour la France de Renault, en évoquant 40% d'acheteurs Diesel chez les particuliers et 80% pour les sociétés.
Fin décembre, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal s'était dite favorable à une interdiction complète à terme des voitures Diesel en France, à l'image de ce que la maire de Paris Anne Hidalgo veut appliquer dans la capitale à partir de 2025. "On arrive petit à petit à l'objectif d'harmoniser les prix de l'essence et du gazole, et du coup ce sera très compliqué d'amortir le surcoût à l'achat d'un véhicule Diesel", prévoit Flavien Neuvy, qui estime que "l'âge d'or du Diesel est terminé".
En 2016, le marché français a dépassé le seuil symbolique des deux millions de voitures, une première depuis 2011. Les immatriculations ont crû de 5,1%, à 2,015 millions d'unités. Logiquement, les voitures essence ont conquis de nouveaux acheteurs, s'arrogeant 43,8% du marché (+5,3 points). Les hybrides (carburant-électricité) ont quant à elles marqué le pas, passant à 2,9% de part de ventes contre 3,2% en 2015, victimes d'une fiscalité moins avantageuse.
Très favorisées en revanche par l'Etat, les voitures électriques ont poursuivi leur montée en puissance, dépassant pour la première fois en année pleine le seuil de 1% des immatriculations, 1,08% exactement contre 0,9% en 2015. "Si le marché n'a pas explosé (en 2016), on en est un peu responsables", a plaisanté Philippe Buros. La nouvelle Zoé, à l'autonomie quasi doublée, a été présentée début octobre au Mondial de Paris et ne sera livrée que ce mois-ci, provoquant l'attentisme des clients. Or, cette voiture détient plus de la moitié du marché de l'électrique français.
Le groupe au losange (Renault et Dacia) a tiré son épingle du jeu en 2016 avec des immatriculations en hausse de 8%, lui permettant d'atteindre 25,7% de part de marché. "On arrive avec une gamme entièrement renouvelée, cohérente, au moment où le marché est à la hausse", s'est félicité le directeur commercial. PSA (Peugeot, Citroën et DS), en plein renouvellement de modèles à fort potentiel commercial, a en revanche fait du surplace en volume et est descendu à 27,7% du marché. Premier importateur, le groupe VW a vu ses volumes croître de 2,8%, sa marque Volkswagen baissant en revanche de 0,7%.