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Renault Bièvres Automobiles mise sur les autoentrepreneurs

Publié le 12 juin 2024
Par Nicolas Girault
4 min de lecture
Face à la pénurie de main-d'œuvre, l'agence Renault de Bièvres (91) a fait appel à Relief Team. Grâce à son partenariat avec cette plateforme d'intermédiation qui met en relation des techniciens qualifiés avec des réparateurs, l'atelier peut accroître efficacement ses effectifs. Une solution temporaire mais satisfaisante.
Christopher Zeller Relief Team
Mécanicien autoentrepreneur, Christopher Zeller accumule les expériences dans les ateliers en recourant à la plateforme en ligne Relief Team. ©J2R/NG

C'est à la suite d'un démarchage téléphonique que le partenariat entre Renault Bièvres Automobiles (91) et Relief Team a démarré. L'appel est alors salutaire pour Julie Noël et Anthony Juignet, dirigeants de l'atelier francilien qui peinaient à répondre aux attentes de leurs clients. "Nous en sommes à 15 jours de délai pour nos clients. Mais nous avons atteint jusqu'à trois semaines d'attente à cause de la pénurie de main-d'œuvre. Nous avons donc été obligés de faire le tri dans nos agréments", explique Anthony Juignet. Raison pour laquelle il a choisi de faire travailler trois autoentrepreneurs – baptisés teamers par Relief Team – pour résoudre la pénurie de techniciens. Un choix que ne regrettent pas les deux gérants, qui ont repris l'entreprise familiale en 2022.

Anthony Juignet en était auparavant le chef d'atelier depuis dix ans. Aujourd'hui, le garage réalise un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros, avec 350 entrées atelier par mois. Leur prise en charge est assurée par une équipe de 13 personnes, dont trois administratifs et un magasinier. L'atelier emploie, quant à lui, quatre carrossiers peintres, trois mécaniciens et deux apprentis – autoentrepreneurs compris.

Des Autoentrepreneurs plus consciencieux que les intérimaires

Si l'agence ne manque pas d'activité, elle peine pourtant à recruter. Les candidatures ne sont pas rares, mais les bons profils le sont davantage. En outre, certains postulants présentent des exigences mirobolantes au regard de leurs compétences réelles : salaires supérieurs à 3 000 euros, véhicule de fonction, semaine de quatre jours… "Je vais en recevoir un tout à l'heure, mais je suis presque certain de ne pas pouvoir l'embaucher. Car à sa sortie de formation, il a accumulé les emplois dans d'autres secteurs pendant quatre ans", raconte l'agent, estimant que ce parcours n'est pas bon signe. "Les bons éléments sont embauchés dans l'atelier où ils ont fait leur apprentissage."

Après une mauvaise expérience avec l'intérim, on abandonne cette option Cédrick Ancelle, fondateur de Relief Team

Pour pallier leurs difficultés de recrutement, les dirigeants de l'entreprise ont expérimenté l'intérim. Cette expérience a même débouché sur une embauche. Mais le compagnon concerné n'est finalement resté que deux ans. Par ailleurs, Julie Noël et Anthony Juignet estiment que les expériences avec les intérimaires sont souvent décevantes en raison d'un manque de motivation... Pour eux, l'intérim pose souvent des problèmes d'engagement. De plus, il n'est pas toujours intéressant économiquement d'employer des intérimaires, qui fournissent une qualité de travail variable. C'est là un point sur lequel se distingue Relief Team.

Julie Noël et Anthony Juignet Renault Bièvres Automobile Relief Team

Julie Noël et Anthony Juignet maintiennent leur volume d'activité grâce au renfort d'autoentrepreneurs. Ils leur demandent notamment d'être aussi productifs et autonomes que leurs autres employés. ©J2R/NG

Selon Cédrick Ancelle, fondateur de la plateforme d'intermédiation, les travailleurs indépendants affichent plus de certitudes sur leurs "capacités à travailler" et leurs "capacités techniques". De plus, étant mieux rémunérés, leur motivation et leur implication sont généralement plus importantes. "Nous ne prenons que 22 % de la rémunération versée par le réparateur. Cela permet de payer correctement les teamers. Et nous permettons au réparateur de réaliser des économies", précise-t-il.

Il assure toutefois que son principal cheval de bataille n'est pas le gain financier, mais la qualité et la productivité du travailleur indépendant. Cédrick Ancelle comprend d'autant mieux les besoins des garagistes qu'il a lui-même été agent de marque, en Gironde. "Après une mauvaise expérience avec l'intérim, on abandonne cette option. Puis on reporte le travail sur le reste de l'équipe. Cette surcharge entraîne de la démotivation et la hausse de l'absentéisme." C'est donc pour remédier à ce type de cercle vicieux qu'il a lancé son entreprise en 2019.

Des travailleurs attachés à leur liberté

Pour l'instant, son offre semble convenir au couple d'agents biévrais. En effet, celui-ci emploie le même teamer en mécanique depuis un an. Les deux gérants ont également fait appel à Relief Team pour occuper deux postes de carrossiers depuis respectivement quatre mois et une semaine. "Nous ne faisons pas de différence entre les teamers et les autres salariés", explique Julie Noël. "Ils se sentent bien ici. Les teamers sont intégrés, ils mettent de l'ambiance et modèrent l'atelier. Par exemple, lorsque certains sont mécontents sur un sujet, ils expliquent comment ça se passe ailleurs", complète Anthony Noël.

Nous ne faisons pas de différence entre les teamers et les autres salariés Julie Noël, codirigeante de Renault Bièvres Automobiles

Dans l'atelier, à son poste de travail, Christopher Zeller vidange un embrayage. Il utilise le contenu de sa propre servante. "Je suis plus à l'aise avec mes outils", précise-t-il. L'autoentrepreneur explique avoir quitté le salariat car il en avait assez d'être "bloqué sur le potentiel qu'on peut faire sur la mécanique"Teamer depuis deux ans, le mécanicien a déjà œuvré pour sept entreprises "avec pas mal de renouvellements". Dans la carrosserie de l'atelier, Christopher Martinez s'affaire sur un véhicule avec un tire-clou. Il est à son compte depuis un an et demi. "Lorsqu'on est salarié, on reste en mode salaire fixe. Alors qu'en tant que teamer, si on n'aime pas une entreprise, on peut en changer. Mais il est souvent facile de s'y insérer. On s'adapte dès la première semaine", affirme-t-il.

Christopher Martinez Relief Team

Christopher Martinez est un autre autoentrepreneur recruté sur Relief Team. Il reste attaché à la liberté offerte par son statut. ©J2R/NG

Le jeune carrossier préfère rester maître de son rythme de travail pour mettre de l'argent de côté, afin d'ouvrir un jour sa propre affaire… À l'image de leurs homologues, les deux autoentrepreneurs sont donc habitués à s'intégrer auprès de leurs collègues "temporaires". Mais ils restent attachés à leur liberté. Raison pour laquelle il est difficile d'embaucher ces spécialistes. En cas de problème avec eux, notamment sur l'organisation du travail, Cédrick Ancelle se pose en médiateur.

"Je préfère arrondir les angles, explique-t-il. Car nous protégeons nos teamers, tout en garantissant les intérêts des clients qui les emploient." Il ajoute que dès la fin de la première journée d'une nouvelle mission, "on appelle pour savoir si ça s'est bien passé. L'expérience montre que, si cela se passe mal dès le premier jour, on s'oriente vers un drame", complète-t-il. Mais dans l'immense majorité des cas, leurs missions se passent très bien.

Les services des teamers satisfont ainsi les dirigeants de Renault Bièves Automobiles, qui préféreraient toutefois opter pour une solution plus pérenne. "Dans l'idéal, il faudrait les remplacer par des salariés. Nous ne pouvons pas prendre des autoentrepreneurs ad vitam aeternam", affirme Anthony Juignet. Mais en attendant ces perles rares, ces collaborations permettent de maintenir le volume d'activité, quitte à rogner sur les bénéfices. À l'exemple de ce garage francilien, les réparateurs vont certainement devoir s'habituer à employer durablement des journaliers dans leurs équipes. Avec la pénurie de main-d'œuvre qui devient structurelle, cet ancien modèle revient en force parmi les nouveaux usages du travail.

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