Leocare attaque à son tour la "mafia du pare-brise"

Pour Leocare, le constat est sans appel : l’application de la loi Hamon sur le libre choix des assurés entraîne des dérives. Le courtier en ligne – notamment partenaire d'Allianz, Axa, Europ Assistance et Generali – a publié un communiqué dans lequel il attire l'attention des particuliers et professionnels sur les pratiques "abusives" de certains spécialistes du bris de glace.
"En tant que néo-assurance, nous avons le devoir de tirer la sonnette d’alarme. Ces fraudes font exploser les coûts pour tous les protagonistes et nuisent à la relation de confiance entre les assurés, les réparateurs et les assurances", affirme Christophe Dandois. Le cofondateur du courtier en ligne relance ainsi la polémique initiée par les assurances en novembre 2024.
"À la limite du blanchiment d'argent"
Selon Leocare, la loi offre "une opportunité à des professionnels désireux d’attirer des clients", mais certains exploiteraient cette liberté en proposant des cadeaux à chaque remplacement de pare-brise – un argument commercial en apparence imbattable. "En réalité, ces gratifications ne sont jamais gratuites. Leur coût est répercuté sur la facture, via des hausses sur les pièces, la main-d’œuvre ou des prestations inutiles", souligne l’assureur.
Il pointe du doigt le mécanisme de la cession de créance utilisé de façon abusive. En avançant les frais au client, certains réparateurs adresseraient ensuite à l’assurance des factures artificiellement gonflées, bénéficiant automatiquement du remboursement permis par la loi.
Leocare reprend à son compte la formule de "mafia des pare-brise". Il répète que son impact "est tel, que l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa) évoque des pratiques potentiellement frauduleuses, à la limite du blanchiment d’argent".
Les surcoûts engendrés s'élèveraient en moyenne à 40 %. Ainsi, un remplacement de pare-brise serait facturé 1 000 euros auprès d’un professionnel indépendant, contre 700 euros avec un agréé. Il en conclut que la surfacturation moyenne serait de plus de 300 euros.
Retour sur l'encadrement légal des cadeaux commerciaux
L'assureur affirme ensuite que ces dérives impactent tous les assurés. En effet, les surcoûts supportés par les assurances sont répercutés sur l'ensemble des contrats. Ces hausses de cotisation des assurés s'élèveraient globalement entre 6 % et 10 %. Tandis que sur le plan individuel, les expertises effectuées par les assureurs dans les cas de suspicion de fraude entraînent des retards.
Leocare rappelle alors qu'en cas de surfacturation estimé par les assurances, la différence de remboursement peut être laissée à l'assuré… Voire annulée si la réparation est antérieure à la déclaration de sinistre. Enfin, la signature d'une fausse déclaration peut entraîner jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende.
Pour lutter contre ces abus, l'assureur prône donc un encadrement de la pratique des cadeaux commerciaux. Il rappelle qu'une proposition de loi avait été déposée en septembre 2023 avant que l'Assemblée nationale ne soit dissoute. Celle-ci visait à encadrer les cadeaux, en les limitant à 5 % du montant de la prestation.
Les assureurs réclamaient aussi que toute gratification offerte figure clairement sur les devis et les factures. Objectif de ces informations : apporter davantage de transparence sur les pratiques et tarifications autour des réparations, ainsi que faire prendre conscience du problème aux assurés. "Offrir un cadeau de plusieurs centaines d’euros pour attirer un assuré n’est pas une stratégie commerciale, c’est une dérive qui met en péril le modèle assurantiel solidaire français", martèle Christophe Dandois.
Réaction prévue des réparateurs indépendants
Nul doute que cette prise de position du courtier en ligne entraînera de nouvelles réactions des réparateurs non agréés et de leurs fédérations. Beaucoup d'entre eux ont déjà répondu à des propos semblables. La FFC avait ainsi démenti le fait que "les non-agréés soient des mafieux". Tandis que de son côté, la FNA avait rétorqué : "Les assureurs ne sont pas des policiers".
Tous défendent la loi Hamon et le mécanisme de la cession de créance, mis en place contre les abus des assureurs. En effet, certains d'entre eux seraient tentés de prendre le contrôle de toute la chaîne de valeur de la réparation, via le système de l'agrément. Cela, en assimilant tous les réparateurs indépendants à des escrocs – car ne travaillant pas aux tarifs négociés avec les apporteurs d'affaires. Parallèlement, l'Alfa s'est révélé jusqu'à maintenant incapable de donner au Journal de la Rechange et de la Réparation des chiffres précis sur l'ampleur des réparations de vitrage abusives ou frauduleuses.
Les non-agréés dénoncent des attaques généralisées contre une minorité d’abuseurs, au détriment de l’ensemble de la profession. À leurs yeux, ces discours nuisent à la défense des assurés et menacent la liberté des prix garantie par le droit commercial. Plusieurs d’entre eux rappellent que la pratique des cadeaux commerciaux a d’abord été initiée… par des réseaux agréés eux-mêmes. C’était dans un contexte de concurrence exacerbée, encouragée selon eux par les assureurs.