Freinage, (presque) rien de neuf sous le soleil
L’anglicisme sort directement de la bouche des groupements : le marché est flat. Serge Boillot, directeur des réseaux VL Groupauto, et Julien Merlaud, chef de groupe achats Précisium, l’ont tous les deux constaté. “Le freinage est une famille de produits où nous avons maintenu nos parts de marché sur l’ensemble du réseau, nous sommes restés dans la tendance générale”, explique Serge Boillot. “Nous remarquons en janvier une très légère progression. C’est en effet une famille où il n’y a pas beaucoup de transferts”, poursuit-il. Dans le détail, le groupement est en hausse sur les plaquettes, tandis que les disques et les kits subissent une sensible baisse. Du côté de Précisium, Julien Merlaud estime qu’il est encore un peu tôt pour exploiter toutes les données concernant 2011, mais confirme une prise de parts de marché. Pour expliquer en partie cela, il évoque qu’“en 2011, on constate une forte croissance sur le disque de frein avec roulements. Mais il y a eu un problème d’approvisionnement, suite à un souci de qualité chez un équipementier, entraînant pénurie et rupture de stock. Malgré cela, c’est bien la famille qui croît le plus, avec la plus forte demande”.
Premium vs. MDD
“Le freinage étant une des familles majeures de l’entretien courant, les principaux équipementiers ont une présence particulière auprès des distributeurs”, selon Serge Boillot. Et ce, bien qu’il n’y ait pas d’évolution phénoménale de la technologie. “Aujourd’hui, il y a des prestations difficiles, mais le freinage reste accessible à tous”, continue-t-il. Julien Merlaud confirme “qu’il n’y a pas de nouveauté en termes de formation non plus. Il y a eu cependant une forte communication, les équipementiers ont toujours promu les plaquettes et autres pièces avec des - 10 % ou - 20 %. En revanche, chacun s’est battu pour dire qu’il avait des références de disques”. Quant au groupement lui-même, il a mené des opérations traditionnelles. “En 2011, de manière classique, il y a eu deux périodes où nous avons communiqué directement auprès des automobilistes.”
En termes de stockage, le chef de groupe achats se contente de remarquer que les distributeurs stockent de moins en moins. Il déclare que le groupement travaille sur des marques Premium, “qui sont notre cœur de métier. Avec une MDD positionnée à - 20 % pour répondre aux besoins d’un parc vieillissant et à un pouvoir d’achat qui diminue. Mais il n’y a pas de cannibalisation, la MDD restant entre 10 et 20 %, et répondant à un réel besoin des distributeurs.” Dans le même temps, Serge Boillot confie que Groupauto a décidé “d’arrêter la MDD freinage, elle se termine en ce moment. Lorsqu’on l’a lancée, on était sur des volumes confidentiels. Aujourd’hui, ce choix est politique. On s’aperçoit que les produits techniques doivent être de réassurance. D’ailleurs, on ne voit plus de plaquettes dans les rayons, le frein c’est la sécurité !”
Du monde sur les rangs
Et sur le front de la concurrence ? Le directeur des réseaux VL Groupauto “constate l’arrivée sur le marché de marques exotiques ou secondes, nous ressentons donc une forme d’agressivité. D’autant plus que le phénomène Internet positionne un niveau de remises qui perturbe tout le monde. Ajoutez à cela la présence de plus en plus d’acteurs touchant au freinage, qui est devenu un vrai produit de consommation”. Serge Boillot cible ici les pneumaticiens qui, somme toute, “respectent une certaine logique après être intervenus sur le pneumatique, et accèdent aux pièces de friction”. Quelles réponses apporter ? Julien Merlaud invoque la relation avec des fournisseurs dits Premium “qui collent aux normes européennes et qui travaillent avec les constructeurs”. Et, de concert, nos deux interlocuteurs citent le service, avec un réel positionnement tarifaire. “On doit endiguer cela avec la puissance de nos garages. Nous avons la proximité, le maillage. A nous de redynamiser, de faire en sorte d’être compétitifs, de conserver nos clients, et de garder un œil sur les constructeurs qui ont renforcé leur présence en marketing et communication dans ce domaine”, conclut Serge Boillot.