Le garage digital
À l’instar d’un bien de consommation courante, on consomme aujourd’hui l’automobile sur Internet avec un peu moins de réticence. En témoignent les initiatives prises depuis quelques mois par des constructeurs ou des vendeurs de VO qui n’hésitent plus à vendre directement leurs modèles sur la Toile. Plutôt osé quand on sait que l’auto reste encore l’un des derniers bastions de la vente physique.
Côté réparations, le garage, lui aussi, aurait tendance à bien plus se digitaliser. Et pour cause. Selon une étude réalisée en 2021 par Vroomly et Poll & Roll, plus de 56 % des Français, dont une très large majorité pour les 18-34 ans, utilisent Internet pour se renseigner sur l’entretien de leur véhicule. 59 % d’entre eux pour y chercher le prix de la prestation dont ils ont besoin, 41 % pour s’informer sur un problème technique ou une panne, 29 % pour trouver un garage et 27 % pour chercher des renseignements sur les achats de pièces détachées.
Des garagistes pas encore prêts à l’e-commerce et pourtant…
Bref, impossible aujourd’hui pour les garages de se passer des outils digitaux pour créer du trafic dans leur atelier. De là à imaginer qu’ils feront demain du commerce en ligne, il n’y a qu’un pas… ou pas ! Pour Fabien d’Aumale, fondateur et CEO de Spid Tech : « Au début, cette digitalisation a consisté en la création de pages Internet pour présenter son activité et ses prestations. Puis, sont arrivés progressivement les rendez-vous en ligne et les garagistes sont de plus en plus souvent sur des plateformes permettant de générer du lead de rendez-vous afin de ramener du trafic dans leur atelier. Mais à aucun moment, il n’y a ici d’e-commerce pur. Et les quelques tentatives dans ce domaine n’ont pas été probantes car il n’y avait pas d’incentive à payer en ligne tant que la révision n’avait pas été faite et il faut de toute façon se déplacer pour aller au garage et on n’est pas à l’abri d’avoir une mauvaise surprise au moment des réparations… Il n’y a donc pas vraiment eu de développement là-dessus. »
Le pneu : porte-drapeau de l’e-commerce dans les ateliers
En réalité, en après-vente, seules les prestations pneumatiques font aujourd’hui l’objet de ventes en ligne dans les garages. En témoignent de grandes enseignes spécialisées telles que Speedy ou Euromaster qui pratiquent l’e-commerce sur les pneumatiques et les prestations de montage qui vont avec. Selon Fabien d’Aumale, d’ailleurs : « Aujourd’hui, lorsque ces enseignes font une opération promotionnelle mensuelle, elles savent qu’elles vont réaliser jusqu’à 40 % de leurs ventes en ligne. » De fait, la présence au salon Équip Auto de ce spécialiste des solutions e-commerce pour les magasins et ateliers automobiles sera l’occasion de montrer aux professionnels de la réparation, qui ne seraient pas encore totalement convaincus, que la digitalisation est essentielle au développement de leur activité. Mieux : que la vente en ligne est possible facilement par le biais de prestations pneumatiques qui, bientôt, prendront l’ascendant sur les révisions dans les garages. « Pour moi, explique Fabien d’Aumale, développer ce type de leviers de business digital est bien sûr possible dans les garages, mais pour que tout le monde adhère, il faut que l’expérience soit la plus fluide possible entre leur site Web et les ateliers physiques. Il faut que ce soit logique et que les systèmes soient beaucoup plus intégrés… et en l’occurrence, il y a encore du travail. »
Le digital comme facilitateur de recrutement
Autre exemple des possibilités offertes par une digitalisation plus accrue des ateliers : le recrutement. À l’heure où carrossiers et mécaniciens manquent cruellement de main-d’œuvre, l’instantanéité des outils digitaux peut parfois sauver des garages en tension. C’est le constat fait par la plateforme monspecialisteauto.com (MSA) qui présente MSA Staff à l’occasion d’Équip Auto. L’idée : « Mettre en relation des indépendants mécaniciens et carrossiers et des ateliers qui ont un besoin ponctuel. Aujourd’hui, 41 % des demandes d’emploi sur ces profils-là n’ont aucune candidature. C’est un chiffre énorme que nous permettons de réduire en proposant un format complémentaire aux CDI, CDD ou à l’intérim grâce aux indépendants professionnels », explique Sacha Sardo, président et cofondateur de la plateforme. Or, sans la réactivité du digital, cette mission serait impossible puisqu’il est ici une variable d’ajustement nécessaire aux garages pour le recrutement et la gestion de leur personnel. D’ailleurs, plus largement, Sacha Sardo estime que : « S’il y a encore un peu de travail à faire sur la digitalisation des ateliers, on sent bien que cela se développe. Et puis, c’est une notion qui est également très générationnelle, même si avec un minimum d’accompagnement, ceux qui ne sont pas nés avec des outils digitaux en main s’y font parfaitement. »