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Pirelli dans la tourmente

Publié le 3 juillet 2013
Par Marc David
3 min de lecture
Quelles qu’en soient les raisons, les éclatements à répétition du GP de Grande-Bretagne auront marqué les esprits, au nom de la sacro-sainte sécurité. Décryptage des tenants et aboutissants…
Quelles qu’en soient les raisons, les éclatements à répétition du GP de Grande-Bretagne auront marqué les esprits, au nom de la sacro-sainte sécurité. Décryptage des tenants et aboutissants…

Normalement, pour tout manufacturier, un engagement assidu dans la discipline reine du sport automobile, soit la Formule 1, doit constituer un vecteur d’image sans équivalent. Celui de la performance et du savoir-faire technologique. Michelin le sait bien, lui qui a vu son image fortement égratignée aux Etats-Unis en 2005, après que le manufacturier eut été contraint de déclarer forfait à Indy en raison d’une perte de pression subite du pneu arrière gauche des monoplaces qu’il équipait (en particulier, Toyota). Pourtant, à l’époque, Pierre Dupasquier, le directeur de la compétition, convenait à l’issue d’un examen approfondi des enveloppes défectueuses que "la construction du pneu ne présentait aucun défaut majeur". En d’autres termes, les problèmes rencontrés par Bibendum étaient liées aux fortes contraintes du célèbre circuit de l’Indiana, et notamment de son fameux "banking" (la partie relevée)…

Huit ans plus tard, l’histoire semble bégayer, avec cette fois Pirelli comme acteur principal. Sur le très exigeant tracé de Silverstone, cinq voitures dont celle du leader Hamilton, ont vu l’un de leurs pneus (en particulier, l’arrière gauche, à nouveau) se désintégrer totalement en course. Une victoire probable envolée pour l’Anglais, mais surtout, une image à nouveau ternie pour le manufacturier milanais, déjà dans la tourmente depuis ce début de saison 2013. En effet, si les éclatements de Silverstone ont trouvé explication officielle via une somme de raisons (inversion du sens de montage des pneus, soit le pneu AR droit monté à la place du gauche et vice-versa ( ! ), pressions trop basses, angles de cambrures extrêmes et vibreurs particulièrement agressifs), ceux-ci viennent s’ajouter au phénomène de "délamination" rencontrés précédemment sur la Mercedes d’Hamilton (encore lui) à Sakhir, tout comme la Force India de Di Resta à Barcelone. Une chaude alerte pour Paul Hembery, le directeur de la compétition de Pirelli, qui avait voulu modifier la construction de ses enveloppes au lendemain du GP d’Espagne. A savoir, délaisser la nouvelle carcasse acier, pour revenir à celle en Kevlar, plus sûre puisque déjà utilisée en 2012.

Une démarche censée favoriser Mercedes et Red Bull, en proie à une forte dégradation de leurs enveloppes sur le début de saison. Aussi, à l’heure où les intérêts personnels priment en F1, trois équipes s’opposèrent à ce retour en arrière : Ferrari, Lotus et Force India. Au micro de Canal +/Formula One, le magazine de la F1, Eric Boullier, directeur de Lotus F1 Team, confirmait. En résumé : "depuis le début de saison, Red Bull demande des changements de construction de pneus, parce que le pneu actuel ne lui convient pas forcément, même si on les a vus gagner quelques Grands Prix. C’est vrai qu’il y a eu une demande après le Canada de changement de construction de pneu, mais cela impliquait de grosses différences en termes de sportivité. Nous faisons partie des 3 équipes qui avons refusé. Maintenant, lorsque l’on parle de sécurité, c’est un autre débat et là on est tous d’accord pour se mettre autour d’une table et faire tout ce que l’on pourra pour aider Pirelli".

Bref, devant le refus des équipes, le manufacturier milanais avait trouvé une autre solution, issue de tests en laboratoire : un procédé d’assemblage différent pour lier la bande de roulement à la carcasse. Une démarche permettant de s’affranchir des problèmes de délamination, selon lui. Arrive Silverstone, et ses spectaculaires éclatements…

De quoi prendre le taureau par les cornes. Bonne nouvelle : à la veille du GP d’Allemagne, et avant même que la FIA ne se penche officiellement sur le sujet (ce jour même), Pirelli a mis tout le monde d’accord en annonçant officiellement le retour de pneus disposant d’une structure en Kevlar à la place de la ceinture en acier actuelle. En outre, une nouvelle gamme de pneus sera introduite à compter du GP de Hongrie, combinant la construction 2012 aux mélanges 2013.

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